07 mai 2012
Robespierre
Je ne dirai jamais assez que la collection « T’étais qui, toi ? » d’Actes Sud Junior à qui l’on doit déjà de très intéressants et divertissants Léonard de Vinci (Olivier Larizza et Nikol), Agrippine la jeune (Audrey Guiller et Pénélope Paicheler) et Jules César (Alain Turgeon et Mathieu Sapin) (plus quelques autres ouvrages que je n’ai pas encore lus) repose une riche idée. Apporter simplement et efficacement la biographie de personnages divers, célèbres aux plus jeunes.
Cette fois, c’est Philippe Lechermeier qui s’y colle.
Son choix : Maximilien Robespierre ! L’Incorruptible !
J’entends les gens sérieux s’interroger : que vient faire cet auteur d’albums de jeunesse dans ce projet ? À quel titre se permet-il de changer de registre ? Réponse : au titre de l’historien qu’il est, simplement !
Du propre aveu de l’auteur, Robespierre est fascinant. Personnage entier, brillant, intransigeant, paradoxal, controversé, admiré, haï, membre du très craint Comité de Salut Public, rendu à tort ou à raison responsable de tous les maux du moment le plus sombre de la Révolution Française : la Terreur.
Comment le fils d’une famille arrageoise de la petite bourgeoisie ayant connu des revers de fortune est-il devenu un des principaux acteurs de la Révolution Française ? Comment la lecture de Rousseau forgea son idéal social et politique ? Comment un élève si brillant qu’il fut accepté au collège Louis Le Grand et devint avocat à vingt trois ans a-t-il pu passer sa vie à multiplier sans cesse le nombre de ses ennemis ? Comment cet acteur majeur de la Révolution a-t-il pu être ainsi presque gommé de la mémoire collective, alors que d’autres - ayant connu le même sort - sont toujours présents et reconnus ? Dans un vocabulaire juste, précis et totalement accessible - par son apparente simplicité - aux plus jeunes, Philippe Lechermeier nous offre une leçon d’histoire, nous fait toucher le mystère d’un homme qui proposa (et vit rejeter) les plus grandes réformes de ces deux derniers siècles : l’abolition de la peine de mort, celle de l’esclavage, le droit de vote pour tous…
Certes, ceci est une histoire vraie, même pour certains détails improbables, pourtant l’humour un brin iconoclaste - non en fait, totalement iconoclaste ! - de Philippe Lechermeier trouve dans le destin de Robespierre le moyen de s’épanouir. La légèreté du ton nous permet de saisir la tragédie de cet homme sans pour autant tomber dans le piège d’une compassion débordante, et de restaurer Robespierre dans l’Histoire de France.
De l’irrésistible et très orchestrée ascension de Maximilien à son déclin, chaque étape racontée nous plonge dans une des pages les plus connues mais aussi les plus fantasmées de l’Histoire de France.
Les illustrations simples (bleu, blanc, noir) et drôles de Guillaume Long ponctuent la biographie et participent à son côté décalé. La tragique couverture qui se décline en deux parties (première et quatrième de couverture) est à l’exemple des illustrations intérieures. Quelques vignettes sont hilarantes et le lecteur averti notera, guilleret, des allusions ou ressemblances avec des faits, des situations ou des personnages ayant existé.
Mathilde Piccoletti
Robespierre
Philippe Lechermeier
Illustrations : Guillaume Long
Editions Actes Sud Junior, collection T’étais qui toi ? , août 2011, 9 €
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