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19 novembre 2024

Moi, Gisèle

Gisèle Halimi petite fille. Gisèle en plein questionnement et en pleine révolte. Frais, fort et vrai ❤️❤️❤️❤️❤️

 

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Cet album BD est une vraie réussite. D’abord vous dire que c’est un splendide hommage à Gisèle Halimi morte à 93 ans à Paris il y a déjà quatre ans. Cette petite Gisèle de couleurs et de papier lui aurait certainement beaucoup plu. Plusieurs chapitres à cette BD endiablée : lorsqu’elle se présente et très vite on comprend que cela ne va pas être facile parce qu’elle résistante face aux injustices et à la bêtise de certaines habitudes et certitudes sociales et à elle, on ne la fait pas ! Non mais ! 

On verra ensuite que pour défendre sa position à la maison, elle est prête à faire la grève ; qu’elle déteste le lait (L’oranger de la cour en a fait les frais) ; que son héroïne est une cheffe berbère, guerrière et indépendante qui sert de modèle et de référence (et ça fait du bien) ; elle va régler son compte au bisous (cette manie de faire de bisous et de laisser les enfants se faire tripoter par tout le monde) et de dieu avant de connaitre l’argent de se révolter face à la question de l’argent (mais pourquoi sa mère doit-elle rendre des comptes à son père pour faire tourner le foyer) et puis pour terminer sa relation au savoir et à la liberté. Elle a très vite compris en effet que pour être libre il fallait maîtriser le savoir et qu’il ne devait pas être réservé aux garçons. A la fin un bel hommage par Annick Cojean et des précisions sur la suite de sa vie. 

Un album pétillant, vivant, la révolte pulse des pages, mais surtout l’intelligence et la logique du propos. La construction de l’album et les illustrations sont aussi pour beaucoup dans le plaisir qu’on rencontre à dévorer cette BD.
Intelligent, vif, brillant : pour faire connaître aux filles mais aussi surtout peut être aux garçons cette petite fille formidable qui deviendra une grande dame du barreau .  On adore 

 

Jean-Luc 

 

 

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Moi, Gisèle  

Sandrine Bonini avec Annick Cojean

Editions Grasset jeunesse, dès 8 ans, 6 novembre 2024, 17,50 €

18 novembre 2024

Etre garçon : la masculinité à contre-courant

Très gros coup de ❤️❤️❤️❤️❤️ pour un documentaire riche, puissant et efficace qui donne enfin la parole aux garçons en dehors des clichés et stéréotype récurrents. Pour grandir en étant heureux et bien dans sa peau. 

 

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Cinq chapitres, cinq personnages pour illustrer le propos. Tous vivent dans un petit coin de province et vont dans un petit collège où tout le monde se connait ou presque depuis la maternelle. Tous ont été bouleversés par le décès du garçon le plus populaire du collège et de la classe : Sébastien. Depuis plus rien ne fonctionne. Absentéisme, baisse des résultats, moral en berne, larmes qui surgissent toujours au pire moment et poids sur le coeur et dans l’esprit impossible à chasser. Alors quand le professeur d’histoire-géographie leur fait rencontrer une psychologue les réactions sont très variées de l’hostilité au soulagement.
C’est Masato qui ouvre le bal et nous fait découvrir le mal qu’il a à exprimer ses sentiments. Un garçon est-ce que ça peut pleurer ? Est-ce que cela correspond aux codes de la masculinité que lui transmet de manière brutale notamment son père ? Youri, lui a perdu son confident, celui qui ne le jugeait pas alors qu’il ne sait plus où il en est et qu’il est terrifié à l’idée de ne plus être un mec, un vrai, alors qu’il est attiré par les garçons. Feti, lui rêve de devenir Mangaka et il n’en peut plus des menaces et des insultes de certains de ses camarades, alors il faut apprendre à résister… 

Au fil des pages, on rencontre les personnages, on découvre leurs forces, leurs faiblesses. Chaque histoire est illustrée en BD avec des cases rythmées, puissantes qui nous emporte dans le récit sans coup férir. Suivent des pages documentaires qui évoquent la masculinité sous divers aspects : les sentiments que peut ressentir et exprimer un garçon, la sexualité, la violence physique et verbale, l’adaptation à ce nouveau corps qui change et toutes les questions sur l’égalité homme femme et la place des hommes.
Une BD documentaire ou un documentaire illustré, peu importe en fait. Ce qui compte c’est la pleine réussite de l’ouvrage, son efficacité. Une forme de documentaire efficace, attirant par sa forme et extrêmement complet et riche. A laisser traîner au CDI ou sur la table du salon pour faire passer le message et permettre aux garçons de grandir bien et mieux en étant heureux dans leur peau sans s’imposer tous les aspects toxiques de la masculinité encore trop souvent dominants. Bravo ! 

 

Jean-Luc 

 

 

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 Etre garçon : la masculinité à contre-courant

Karim ouaffi

Illustrations Mikankey

Editions du Ricochet, 27 septembre 2024, 22 €

14 novembre 2024

Petiote fête Noël

Noël est en approche et il faut faire le plein de lectures et de surprises. Une petite sélection à compléter en librairie avec bien d'autres titres. Faites leur plaisir et rêvez

 

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Où l’on retrouve Petiote notre petite héroïne de BD sans paroles préférée. Dès le matin Petiote va se préparer pour Noël, d’abord en s’habillant et hop c’est parti pour une journée de folie avec son petit chien. Le sapin, les boules, et même le temps d’aller faire un bonhomme de neige, un peu de luge et de revenir à la maison pour jouer avec les peluches avant d’aller au lit : tout est prêt.
C’est doux, frais et si merveilleusement léger qu’on tourne les pages sans s’en rendre compte. Merveilleux

 

Jean-Luc 

 

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Petiote fête Noël 

Jane Massey

Editions Nathan jeunesse 3 ans +, 17 octobre 2024, 8,50 €

10 novembre 2024

11 novembre 1918 - 11 novembre 2024 : Lulu et la Grande Guerre

Lulu et la Grande Guerre : Fabian Grégoire : Saint Julien, village français, le 1er août 1914. Comme tous ses habitants, la petite Lucienne prépare la fête du village. Mais voilà tout à coup que l'atmosphère change. Il se passe des choses bizarres. Le curé et le maire traversent la place à grands pas, le visage sombre. Et soudain, le clocher de l'église se met à sonner le tocsin. Les habitants accourent pour lire les grandes affiches que le garde-champêtre est en train de coller sur les murs : Mobilisation générale. Charles, le frère de Lucienne, a vingt-deux ans. Il vient de finir ses trois années de service militaire. "Je vais devoir partir, ma Lulu. Je vais aller me battre contre les Allemands", dit-il à sa sœur. Les journaux prétendent que les Allemands seront rapidement vaincus et que la guerre ne durera pas. Mais les lettres que reçoit Lulu de son grand frère disent le contraire. Et c'est à travers ce qu'il lui écrit du front et à travers l'amour qu'elle lui porte qu'elle aura à affronter, elle aussi, le vrai visage de la guerre. A la fin de ce livre se trouve un dossier sur la Grande Guerre, avec des reproductions de documents d'époque.

 

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30 octobre 2024

Astrid Bromure Tome 2 : Comment atomiser les fantômes

Qui mieux qu'Astrid Bromure pour affronter les fantômes ? D'un clic aventurier 

 

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24 octobre 2024

Maria Montessori : une vie pour la liberté

Une vie exceptionnelle, de lutte pour la liberté, la sienne mais celle aussi des autres et notamment des femmes. Une bande-dessinée de toute beauté et un travail exceptionnel pour une femme qui ne le fut pas moins  : Maria Montessori ❤️❤️❤️❤️❤️

 

 

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Pas si mâle : une version graphique autour du poème Tu seras un homme, mon fils de Rudyard Kipling

Lire ou relire le poème sublime de Kipling et découvrir le travail exceptionnel de Fabien Fernandez et de
Line Hachem ❤️❤️❤️❤️❤️

 

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Dans le secret des dieux : (re) découvrir les mythes grecs à la lumière de la philo

Double plaisir cette semaine : mythologie et philosophie. Une BD ludique, maligne et intelligente pour apprendre, découvrir et faire vibrer ses neurones. ❤️❤️❤️❤️❤️

 

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09 octobre 2024

Journal de 1985

Brillant et magistralement créé et illustré : un indispensable pour se plonger dans un univers justement et librement inspiré de George Orwell. Clic ...  ❤️❤️❤️❤️❤️

 

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02 septembre 2024

Panique aquatique

Un plongeon dans l'océan et pas que. Un univers graphique détonnant. Des animaux et des humains pas comme les autres. Plongez avec bonheur dans Panique aquatique. Bonne rentrée à tous . 

 

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L’aventure commence en pleine mer de Weddell; alors que les éclairs zèbrent le ciel et les eaux sombres d’une lumière blafarde. Un bateau en perdition celui des océanographiques Michel et Paul Revoy est en perdition, une avarie grave le touche et il prend l’eau de toute part. 

Le capitaine préfèrera se sacrifier pour sauver une capsule indiquée Jules et le navire sombre et rencontre quelques chose : mais non… cela doit être l’imagination qui nous joue des tours. 

Cinq ans plus tard, débarque sur une plage un drôle de scaphandre avec des animaux marins aux commandes, détenteurs du journal de bord du bateau et du dernier message de Michel pour son frère Paul. Ils cherchent Aqualand. Leur destin va croiser celui de Sophia orpheline désormais et de son oncle Paul.
A partir de là tout dérape littéralement, au sens humain et cartésien du terme. Les illustrations dynamiques et vivantes nous embarquent dans une drôle d’aventure qui nous parle de souvenirs, d’animaux à protéger notamment de la convoitise des hommes, de transmission aussi et un peu forcément de deuil. 

C’est dynamique, on n’a absolument pas envie de la lâcher une fois qu’on a ouvert les premières pages et on suit avec plaisir jusqu’au bout cette aventure pas comme les autres.  A découvrir et savourer sans modération. 

 

Jean-Luc 

 

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Panique aquatique 

Dan Santat

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) : Marc Lesage 

Editions Rue de Sèvres, 28 août 2024, 16 €

15 juillet 2024

Chats perchés

La lune, les toits la nuit et deux chats qui jouent et qui s'aiment ... Un petit moment de bonheur 

 

 

 

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Bel été avec les Sandales jeunesse 

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24 juin 2024

La cuisine des Ogres : Trois-fois-morte

Fondez pour ce bijou d'histoire et d'illustrations. Une petite merveille avant les vacances
ou pour les vacances. Fabuleux. 

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Un petit groupe d’enfants dont Blanchette dont les cheveux ont blanchi, devenus fantômes en une nuit sont regroupés et désespèrent de la maigre pitance qu’il vont devoir se partager. Alors que Blanchette est partie chercher de l’eau pour cuire la soupe, Grince-Matin attire les autres dans un piège mortel et les voilà enlevés par quelqu’un qui visiblement ne leur veut pas que du bien. Blanchette a tout vu mais trop tard, elle hurle tente de réveiller le voisinage et est rattrapée par le Chevalier de Sainte-Ombre qui fonce sur son fier destrier à la poursuite de la créature maléfique. Pourtant très vite les voici pris au piège aux aussi, ils en ont trop vu et notamment parce qu’en le suivant ils ont pris connaissance d’un des chemins magiques qui mène à la dent de chat.

Lorsqu’ils sortent tous du sac, ils sont arrivés sur le marché aux enfants là où les ogres viennent faire leurs courses. C’est Beauregret qui va emporter les enchères et embarquer dans sa cuisine les malheureux. Le chevalier est jeté direct au court-bouillon et Blanchette, l’un de ses camarades et la petite noble prétentieuse rencontrée dans le sac sont envoyés directs au hachoir dont seule Blanchette ressortira vivante par miracle sauvée par Brèche-Dent. Désormais elle n’aura qu’une obsession sauver les quatre autres des griffes de l’ogre qui les a mis à engraisser dans une cage magique.  

C’est ainsi que l’histoire va s’emballer et que fantômes, créatures extraordinaires, Minotaure vont entrer dans la danse de laquelle, celle qu’on appelle désormais Trois-Fois-Morte va être un l’élément essentiel. Course poursuite, négociations, transactions pour sauver des vies, tout y passe. 

C’est un univers cruel et fascinant que les auteurs nous proposent ici, tant par l’histoire qui emprunte à nos vieux contes et à nos peurs des ogres et des créatures aux doigts crochus et aux dents acérées, des fantômes. Les illustrations comme vous le découvrez dès la couverture sont absolument fantastiques, les créatures semblent plus vraies que nature, le sang coule, les ogres puissants sont parés de costumes de princes et de princesses, et les couleurs sont juste magiques. De page en page elles créent des effets étranges, nous embarquent d’un univers à l’autre, du plus petit au plus grand. Rien n’est anodin dans ce monde cruel et vibrant, tout bouge et se transforme, tout peut être mortel. Une histoire à couper le souffle, impossible à lâcher, une ambiance qui nous sort des sentiers battus font de cet album un petit bijou du genre entre conte classique et cruauté délicieuse. On aimerait tellement qu’il y ait une suite. 

 

Jean-Luc 

 

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La cuisine des Ogres : Trois-fois-morte 

Un conte écrit par Fabien Vehlmann

Mis en scène et dessiné par Jean-Baptiste Andreae

Editions Rue de Sèvres, 13 mars 2024, 20 €

Les enfants de l’arbre : un autre monde

Coup de coeur pour une BD lumineuse et puissante sur des thèmes actuels très bien traités. 

 

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Leila Sauval se souvient, 2058, des zones désertiques et brûlées par le soleil et sa lutte comme sentinelle de la Fédération de l’Arbre.  On la retrouve bien plus tard face à des jeunes et son petit-fils SOL, leur mission semble avoir été accomplie. Ils continuent à étudier la nature et le pouvoir guérisseur des arbres. Sol se sent parfois bien seul et incompris dans cette famille dévouée à sa cause, lui si maladroit. Pourtant ce jour-là suite à la prise de parole par sa grand-mère, il s’appuie sur un arbre ce qui va déclencher une vision. Ce jour là il voit une tempête arriver et voit aussi un avion s’écraser non loin de là. Il part alors à leur secours seul dans la nuit et sous le vent. Les trois rescapés viennent de la Cité, une ville souterraine bâtie dans une ancienne mine où se sont réfugiés des milliers de rescapés de la « Grande Cris ». Les trois enfants ont plus ou moins de mal à s’intégrer sauf le plus jeune sui semble ravi… et pourtant quelque chose se trame.
L’aventure va prendre un tournant plus dramatique et problématique. Reste à savoir qui a trahi et qui va réussir à sauver la forêt. On aime l’histoire qui parle concrètement des difficultés liées à la pollution et au dérèglement climatique ainsi qu’à leurs conséquences. On aime la réflexion politique qu’elle sous-tend avec la peur toujours mauvaise conseillère et des mondes qui s’affrontent. 

On aime les amitiés qui se tissent et les secrets encore bien gardés qui semblent devoir nous tenir en haleine, on l’espère dans les prochains tomes.  

Une histoire top, des illustrations superbes et vivantes avec une utilisation des couleurs éblouissante. A découvrir d’urgence en ce début d’été .

 

Jean-Luc 

 

 

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Les enfants de l’arbre : un autre monde  

Thierry Gaudin

Illustrations : Romain Ronzeau

Editions Nathan, collection bande d’ados, 17 janvier 2024, 13,90 €

La visite au Struthof, camp méconnu

Très gros coup de coeur. « Ceux qui admireront la beauté naturelle de ce sommet ne pourront croire que cette montage est maudite parce qu’elle a abrité l’enfer des hommes libres ».  Léon Boutbien, matricule  4463, résistant-déporté français NN. 

 

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La BD s’ouvre sur l’image d’une petite fille qui se remémore ses souvenir d’il y a longtemps… avant la guerre. Puis on se retrouve dans les rues de Strasbourg avec un groupe de collégiens de troisième et leur professeur qui découvrent la Main Noire une organisation de résistance de jeunes alsaciens. En rentrant Simon, l’un des collégiens appelle sa mamie pour lui demander si elle ne veut pas les accompagner pour visiter le camp du Struthof. Surprise, celle-ci accepte mais avant elle va donner à son petit fils l’occasion de découvrir l’histoire de leur famille avec les cahiers et souvenirs de son arrière-grand-mère Mathilde. 

C’est ainsi que s’enclenche la mémoire. Au fil des pages les tons bleus qui font parler nos contemporains, succèdent aux pages noire et marron qui elles nous transportent dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, et notamment celle de l’Alsace, qui retourne dans le giron allemand après la catastrophe de 1940. C’est là que vont se jouer comme partout ailleurs, des luttes internes terribles et le souffle de la Seconde Guerre mondiale. Ce camps souvent moins connu tant les camps de mise à mort et de concentration de l’est de l’Europe dominent dans la mémoire collective, nous rappelle aujourd’hui par son existence et le Musée, le CERD inauguré en 2005 par Jacques Chirac sur les lieux, que les atrocités de la guerre n’ont pas de localisation toujours obligatoirement précises, qu’elles ont été perpétrées partout et même si près de nous. 

La BD en croisant, la visite, la découverte par la jeune génération des évènements, en leur permettant de s’approprier les noms, les évènements , les personnages qui deviennent à nous nouveau des êtes de chair et de sang, et les évènements, les plongées dans le passé, est à elle seule un formidable témoignage des bouleversements, de l’idéologie nauséabonde et mortifère et des évènements de la Seconde Guerre mondiale. Visite émouvante et difficile pour Simon, ses camarades et sa grand-mère. Impressionnante avec des illustrations qui d’un coup nous propulsent dans la cours des lieux avec les prisonniers au prise du sadisme et de la violence des gardiens et de leurs chiens (superbes illustrations de la page 53).

Cette BD est à la fois un témoignage, un récit historique, un rappel des faits des lieux. Elle est aussi à elle seule le symbole de la mémoire qui se transmet de génération en génération, qui saute parfois une partie des descendants avant de ressurgir plus forte chez les plus jeunes qui par leur intérêt et leurs questions. 

La couverture m’avait surpris et puis j’ai tourné la première page et j’ai été happé par les illustrations, les couleurs, le récit, les allez et retour dans le temps, les témoignages, la montée progressive dans l’horreur et sa description. On ne sort pas indemne de cette lecture et le fait que ce soit des collégiens concernés par leur histoire familiale pour certains, qui partent à la découverte et nous entraînent avec eux, renforce encore ce sentiment de puissance, des faits, des évènements si longtemps après. La fin avec son dossier spécial qui donne définitions et biographies des héros de l’ouvrage est très réussie, elle aussi.Un travail magnifique à offrir, qui doit absolument figurer dans toutes les bibliothèques, médiathèques et CDI des collèges et même des lycées de France. Bravo ! 

 

Jean-Luc 

 

 

 

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La visite au Struthof, camp méconnu 

Yaël Hassan

Illustrations : Marc Lizano

Editions Nathan Bande dessinée, en coéditions avec l’Office National des combattants et des victimes de guerre, 2 mai 2024, dès 8 ans, 15,95 €

L’écuyer & son chevalier, tome 1

Un écuyer et son chevalier qui cheminent à la recherche d'aventures et d'une nouvelle quête ? Rien de plus banal, sauf que dans cette histoire, drôle et surprenante, rien n'est vraiment normal, surtout quand le chevalier se révèle être un pied nickelé de premier ordre... Coup de coeur 

 

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C’est une très bonne surprise que cette bande-dessinée qui nous raconte l’histoire d’un écuyer et de son chevalier Kelton d’Eldergard véritable boulet qui raconte à qui veut l’entendre ses exploits multiples et variés, un tantinet méprisant envers son écuyer féru de lecture et de savoir : « réfléchir c’est une perte de temps ». C’est ainsi qu’ils arrivent à Bridgetown ville aux rues désertes. Les habitants qui sont restés sont terrés dans leurs demeurent de peur de voir surgir un dragon qui terrorise toute la région. Un dragon ? Merveilleux décide alors le chevalier qui enfourche sa monture et part tuer la bête laissant le pauvre écuyer aux mains des habitants désespérés. Dans cette ville où certains habitants ont des oreilles très pointues et d’autres plusieurs yeux et bras comme le responsable des archives (personnage particulièrement réussi) . Notre héros (le vrai, l’écuyer) va alors se mettre en recherche de ce qui s’est vraiment passé : une malédiction ? Oui mais qui l’a lancé ? Une ville qui n’a plus de sorcier pour la protéger depuis que le précédent a disparu, mais où est passé son grimoire ? Serait-il encore dans la tour de l’ancien sorcier dont personne ne sait comment y accéder ? Un seul problème, le dragon y a installé ses pénates. 

C’est quand même étrange cette histoire de malédictions, de dragon, de pont détruit, de récoltes empêchées.
les choses vont se corser quand le chevalier ne donne plus signe de vie, qu’on voit de nouveau le dragon circuler dans les airs au moment pile où un incendie se déclenche dans l’une des maisons de la ville, celle d’une mère et de son fils, provoquant la fureur de cette dernière qui va sortir les habitants de leur torpeur et les lancer à la poursuite du monstre. 

L’écuyer lui abandonné à son triste sort va rencontrer Shadow, un chien, enfin le squelette que ce que fut Shadow et faire une chute malencontreuse dans un puit. Est-il mort puisqu’il peut traverser les murs et s’enfoncer dans le sous-sol ? Le dragon va bien rire en découvrant les secrets du vieux sorcier depuis longtemps disparu et notre écuyer va tenter de négocier et de sauver la peau de son imbécile de chevalier enfermé dans un cage et à deux doigts de se faire bouloter. 

Mais le temps presse, les habitants fous de rage et de désespoir sont en route pour tout détruire…

Cette histoire est géniale, les illustrations totalement réussies, qui créent une ambiance entre chevalerie et magie. Des créatures fantastiques se mêlent au récit et bientôt notre petite écuyer malin, va trouver la solution et l’origine des accidents et des destructions. Arrivera-t-il à convaincre les habitants qu’ils font fausse route et sauver la peau de son maître à deux doigts de finir en rôti ? 

Un premier tome totalement réussi et on espère que bientôt la suite sera publiée parce que cela vaut vraiment le détour. Tout fonctionne, construite dans ses images notamment comme une histoire classique de chevalier et de son écuyer (on pense à  de faux airs de Don Quichotte au départ ) l’histoire s’épaissit et se transforme peu à peu avec l’arrivée de la magie et du fantastique et encore des clins d’oeil sur le genre comme la passion des dragons pour tout ce qui brille et l’or. On aime l’évolution de l’histoire, le rôle central de l’écuyer et de sa réflexion et bien évidemment les multiples détails et précisions apportées par les illustrations qui créent tout un univers attachant et passionnant. A découvrir et suivre donc …

 

Jean-Luc 

 

 

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L’écuyer & son chevalier, tome 1 

Scott Chantler

Traduit de l’anglais (Canada) : Marc Lesage

Editions Rue de Sèvres, 14 février 2024, 16 €

Césure : 5 femmes partager leur désir d’ailleurs

Cinq femmes, cinq choix de vie. Cinq filles fortes, indépendantes qui vivent à cent à l'heure : découvrez les 

 

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Elles sont cinq femmes : Emilie, Laurence, Elena, Maylis, Victoire, cinq vies, cinq destins différents qui nous montrent des racines, des origines, des situations qui mènent toutes vers des envies d’ailleurs, des façon de construire sa vie loin de stéréotypes habituels, loin des compagnons à peine évoqués qui peuvent aussi marquer la vie d’un individu. 

Cinq femmes, des petites filles devenues grandes, qui décident de partir loin, parfois très loin. Certains connaîtront un retour aux sources presque imposé comme Emilie qui ne s’étaient jamais vraiment posé la question de ces origines coréennes, elle l’enfant adoptée. Laurence, elle de confirment en confinement conforte sa position, vivre et travailler autrement, voyager toujours. Elena, elle, va aller au bout de son idée, se ressourcer en Inde , Maylis femmes médecin ailleurs qui cherche toujours à repousser les limites des soins et de l’aide qu’on peut apporter aux autres. Victoire qui elle a besoin de prendre du recul, de se connecter avec son temps tout en choisissant des modes doux de déplacement, de voyage …

Toutes ont gardé à l’image la petite fille qu’elles étaient, sorte de double diablotin qui s’agite, s’énerve commente de page en page, toutes ont le courage d’affronter les stéréotypes, les habitudes, les chemins tout tracés. Toutes nous entraînent au fil des chapitre qui se répètent pour chacun d’elle dans des vies, différentes, dans des moments de recherche, de remise en cause, avec toujours une base solide en arrière plan : une famille, des amis, un travail, qui leur permettent de revenir parfois pour mieux repartir. Ce roman graphique est étonnant, il nous parle de cinq destins de jeunes femmes modernes et dans leur temps, de leur recherche d’elles-même. Le tout est illustré avec force et vitalité, l’utilisation des couleurs est parfait et nous permet de changer d’univers, de chapitre, de personnage de manière très convaincante. L’ensemble nous donne un roman graphique fluide, dans lequel on rentre sur la pointe des pieds et qui nous entraîne au fil des pages avec les cinq héroïnes des histoires. Très réussi. 

 

Jean-Luc 

 

 

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Césure : 5 femmes partager leur désir d’ailleurs  

Laure Garancher

Dessins de Joyce Colson, Limcela, Caroline Péron, Juliette Taka et Lou Zago

Couleurs : Sandra Violeau

Editions Nathan bandes dessinée,  11 janvier 2024, 24 €

 

La piste des larmes

Connaissez vous la piste des larmes  de sinistre mémoire symbole du calvaire des premières nations de l'Amérique du Nord face à la conquête de l'ouest ? 

 

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Diwali et Adsila sont Cherokees, Indiens de l’Amérique du Nord, ils vont subir de plein fouet avec les leurs et les autres tribus l’avancée inexorable des hommes blancs lancés dans la conquête de l’Ouest et dans l’organisation de ce qu’ils considèrent comme étant leur territoire. La conquête de l’Ouest et ses fantasmes occidentaux, souvent très éloignées de la sinistre réalité de ce qu’ont subi les vrais propriétaires des lieux. C’est leur histoire qui vous est en partie contée avec : La piste des larmes. 

L’album commence par un décalage, celui des images, de la violence de la conquête et le texte qui lui nous parle des traditions indiennes et de leur image de la création de la terre et de la vie et se termine trois pages plus loin par cette phrase : « l’homme blanc ne sait pas lire les montagnes. Il ne comprend pas son histoire ».

Commence alors le suivi d’une course poursuite, de tribus déplacées, d’hommes et de femmes malmenées, enfermées dans des camps, emportés loin de leur lieu ancestral de vie. De la violence, de l’acharnement, du désespoir, la maladie qui s’installe dans les camps de détention, les tentatives d’évasion le plus souvent vouées à l’échec. Des hommes et des femmes séparées des leurs, parfois pour toujours et l’arrivée loin de chez eux où tout est à refaire, loin des montagnes des histoires de leur monde, à tel point que comme le dit l’un des protagonistes, on leur a volé leurs terres, leurs vies mais aussi leur histoire, leurs traditions et qu’ils n’auront plus rien à transmettre à leurs descendants : terrible constat. L’influence et l’exploitation de l’homme blanc sur ces hommes et ces femmes c’est aussi le désespoir et l’alcoolisme galopant qui s’empare de nombre d’entre eux. 

Ce magnifique album aux illustrations puissantes d’où les tonalités d’ocre et de jaune ne sont jamais très loin est une pleine réussite. Il nous permet de suivre et de découvrir parfois aussi ce que fut l’une des réalités de la conquête du territoire étatsunien le long de ce qu’on appelle désormais La piste des Larmes  de sinistre mémoire, commencée au milieu du XIXème siècle. Officiellement reconnue par le Congrès américain en 1987 avec la réaction d’un sentier histoire national qui traverse différents sites historiques et musées. En 2009, le Sénat américain présente une résolution où sont formulées des excuses de la nation américaine aux descendants des déportés de 1838. 

On apprécie particulièrement aussi les dernières pages qui reprennent l’ensemble du parcours avec une carte et des informations historiques précises ; la présentation des personnages et la chronologie très bien faite avec les indications dans la BD qui permettront au lecteur attentif de replacer certains épisodes de ce qu’ils viennent de lire dans le cycle global. 

Passionnant, beau et très réussi

Jean-Luc 

 

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La piste des larmes 

Séverine Gauthier

Illustrations : Stéphane Soularue

Editions Nathan bande dessinée, 18 avril 2024, 23 €

Mercredi musique, tome 2

Le bonheur de retrouver Arsène et ses amis. La joie de suivre cette nouvelle aventure. Le plaisir d'écouter de la musique grâce aux QRcode qui se suivent dans l'album. 

 

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Quel plaisir de retrouver la bande du conservatoire avec Nina et Arsène le jeune violoncelliste muet qui va devoir dans cet épisode prendre sur lui.  En effet les inscriptions pour le Grand concours des jeunes talents sont ouvertes et Arsène habitué à jouer en solo va devoir prendre sur lui pour accompagner Hugo, jeune hautboïste doué mais tellement ambitieux qu’on doute très vite que les deux puissent fonctionner, d’autant que le professeur d’Hugo prend partie systématiquement pour son poulain et maltraite notre cher Arsène jusqu’à le pousser à l’abandon. Mais, l’équipe du conservatoire, la famille, le professeur et les amis d’Arsène sont-ils prêts à laisser faire ? 

C’est une belle histoire d’amitié encore, d’adultes et de jeunes adolescents qui ont des valeurs, des principes forts et beaux. Une histoire d’engagement, parce que la musique, affronter un public cela est un vrai effort et puis aussi une histoire d’évolution des personnages qui acceptent de se remettre en cause pour le bien du groupe. Bien évidemment grâce aux QRcodes vous pourrez écouter de superbes extraits. Les illustrations donnent vie à tout un ensemble particulièrement efficace et attachant et Arsène est décidément notre héros de coeur. A lire et partager. 

 

Jean-Luc 

 

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Mercredi musique, tome 2 

Lisette Morival 

Illustrations : Clotka

Editions Nathan bande dessinée, avec la participation de l’Orchestre National de France, 4 avril 2024, dès 8 ans, 13,95 €

 

 

D'un clic sur le visuel retrouvez le tome 1 

 

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18 juin 2024

Verts

Eblouissante de beauté et d'intensité : une merveille ... 

 

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La terre vue du ciel, les satellites, les villes immenses, les tours, les autoroutes peuplées de voitures, les avions et puis un main qui surgit de la page suivante avec un insecte dans la main, la nature, un arbre, des racines qui débordent largement le spectre normal de diffusion et qui se mettent à courir partout sous les routes … des planches sans paroles … et puis les quatre saisons vont commencer à défiler. 

D’abord l’automne : Un père avec son fils dans l’attente de nouvelles de l’hôpital où se trouve leur mère et épouse dans le comas ; des voisins étranges qui paniquent parce que le père de Clarence a vu leur bébé qui a une drôle de feuille qui pousse sur son nez comme pour d’autres bébés visiblement. La presse s’empare du phénomène, les rumeurs courent, la population s’inquiète, la peur et les réactions de rejets se multiplient. 

Puis, vient l’hiver : et là encore certaines plantes n’arrêtent pas de pousser provoquant l’agacement, l’étonnement de beaucoup alors que d’autres trouvent qu’ils les protègent. Pourtant, les végétaux semblent tout envahir provoquant manifestations et groupes sur les réseaux pour en parler et organiser ce qu’ils appellent la résistance. Partout l’angoisse monte, les humains adultes se mettent à muter aussi avec des excroissances végétales. Et partout la vie change et les transformations sont absolument magnifiques, on en oublierait presque d’être inquiet avant l’arrivée du printemps …

Beaucoup d’humains ont muté, d’autres devient extrêmement violents et veulent tout détruire. Le père de Clarence n’y arrive plus, sa douleur de perdre sa femme dans le comas, peu à peu le rend fou, le font prendre des décisions absurdes, extrêmes… et partout dans ces pages en noir et blanc les plantes, les fleurs, les branches poussent, rendent les humains qui mutent, tellement beaux, tellement différents, tellement heureux. 

Enfin l’été et au détour d’une page, la couleur envahit les pages, de nouveaux la fin des dialogues et dans cette foret luxuriante et pleine de vie, presque dérangeante à l’épreuve de la couleur, Clarence et la jeune fille du début volent d’arbres en arbres, beaux, ne faisant qu’un avec la nature …

Cet album est totalement bouleversant, par l’histoire qu’il nous conte, par la beauté éblouissante de chacune des pages, par les transformations, les compromissions, la nécessité de passer au-delà des peurs. La couverture surement avait attiré votre attention, sublime, l’intérieur est à l’unisson et monte en puissante et on en sort le coeur battant avec ce sentiment que nous ne sommes pas prêts d’oublier les images imprimés sur notre rétine et les émotions qui en sont nées. Une fable étonnante sur ce que nous sommes, ce que nous pourrions être et le rappel de nos liens essentiels avec la nature. Absolument indispensable et splendide. 

 

Jean-Luc 

 

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Verts 

Scénario : Patrick Lacan et Marion Besançon d’après un récit de Patrick Lacan

Dessin et couleur  : Marion Besançon 

Editions Rue de Sèvres, 15 mai 2024, 28 €

Retour à Lemberg

Brillante cette bande dessinée fleuve doit retenir toute votre attention et nous rappeler peut-être encore plus aujourd'hui les faits et la mémoire de l'Histoire. Magnifique travail de transformation en BD et d'édition : Bravo ! 

 

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Du livre événement de Philippe Sands  est né cette bande dessinée fleuve qui nous entraine dans l’Histoire et celle de la famille de l’avocat international.
Une invitation en 2010  pour donner une conférence sur les travaux concernant le génocide et les crimes contre l’humanité à Lviv et un retour aux sources sur les origines familiales de l’avocat qui vont entrer en lumière et ne plus le quitter pour une enquête pharaonique, dans les archives, la rencontre des derniers témoins, les mémoires assoupies et l’Histoire de cette catastrophe que furent la Shoah par balle et dans les camps de la mort. 

L’album est divisé en grandes parties qui n’en finissent pas de se faire échos. La conférence à Lviv d’abord, puis une plongée dans le passé familial et de l’histoire mondiale : Léon son grand-père qui n’a jamais rien dit, n’as jamais voulu parler de quoi que ce soit  et c’est l’occasion (en évoquant ses origines) de repartir du début du XXème siècle et de rappeler que la région de Lemberg devenue Lviv a été occupée, prise et reprise par de multiples acteurs (les adultes et les plus âgés des lecteurs pourront trouver profit de la lecture de l’excellent titre de l’historien Omer Bartov Anatomie d’un génocide).  Ainsi avec l’auteur on remonte le temps et on découvre peu à peu des facettes de la vie de ses grands-parents et de sa famille disparue dans l’horreur.
On retrouve aussi les vies et les destins d’hommes et de femmes de la région comme Hersch Lauterpacht ou Raphaël Lemkin, formés au droits dans la même universités et qui sont à l’origine de la construction du droit international d’après-guerre au moment de Nuremberg notamment et pour Lemkin de la notion de génocide. Des hommes et des femmes qui renaissent au fur et à mesure des recherches de Philippe Sands, des gens biens, emportés par la tourmente de l’Histoire, les destins, les amours brisés, des familles évanouies dans les cendres de camps ou la boue des fosses à l’est de l’Europe. Patiemment l’auteur rencontre des descendants, des témoins des procès, le fils d’un des condamnés de Nuremberg qui a renié son père. Une large part est également faite au procès de Nuremberg, à ses enjeux et à Hans Franck ancien gouverneur général de Pologne. Pour chacun d’eux on remonte aux origines (quand l’auteur le peut) et on découvre la complexité des situations à l’est, l’étau qui s’est refermé sur les communautés juives et très vite l’impossibilité de fuir.  Cette reconstruction minutieuse et passionnée fait rencontrer la vie de la famille de l’auteur avec la Seconde Guerre mondiale dont ils ont été les acteurs, souvent victimes. C’est un véritable puzzle passionnant, ardu que nous proposent les auteurs de la BD et nous permet aussi de comprendre un peu mieux les enjeux de la construction du droit international. 

Passionnant, bluffant par les illustrations en noir et blanc et leur minutie des décors, des costumes et des évènements de l’époque, ce très long récit est totalement réussi et nous donne à réfléchir et à comprendre notre monde contemporain, on oserait l’espérer d’éviter de commettre à nouveaux les mêmes erreurs. On retrouve avec une grande émotion la magnifique photographie de Léon et Rita le jour de leur mariage, essentiel pour bien comprendre qu’ils ont été des gens comme les autres, jusqu’au moment où d’autres en ont décidé autrement. Les photographies de la fin du dossier sont un vrai plus, une trace de plus dans cette mémoire qui ne doit jamais s’éteindre. Une bande dessinée essentielle et brillante à mettre entre toutes les mains en âge de comprendre.  

 

Jean-Luc 

 

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Retour à Lemberg 

D’après le livre de : Philippe Sands

Adaptation et scénario : jean-Christophe Camus 

Dessin : Christophe Picaud 

Editions Delcourt, 24 avril 2024, 34,95 €

 

Livres de Philippe Sands : Editions Albin Michel, Août 2017, 23 € ; le livre de poche, 18 septembre 2019, 10,40 €

 

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