01 mai 2013
Prix Sorcières 2013 !
On vous en a déjà parlé bien évidemment ! Mais avez vous récupéré votre affiche Prix Sorcières et vos marques pages ? Non ? Et les avez vous tous lus ? Allez dès demain : à la librairie. La jeune femme brune, agréable, souriante et accueillante est une Sorcière : elle s'appelle Amandine !
2 Yeux : Lucie Félix Éd. Les Grandes Personnes - 12,50€ Tout cartonné, ce livre pour les petits se découvre comme un tour de magie. Une couleur, une forme, un trou dans la page et l’histoire s’écrit. Lucie Félix fabrique ici un petit bijou de simplicité, nous livrant page après page les secrets de son talent: «J’ai dessiné huit formes bleues, j’ai percé la feuille de papier, et la pluie s’est mise à tomber.» On retrouve dans cet album l’es- prit de Katsumi Komagata ou de Bruno Munari, l’intelligence contenue dans une forme simple, l’efficacité d’un papier co- loré, la surprise créée par les découpes et toute la poésie d’un regard sur les petites beautés de la vie, un grain de pluie, une lueur dans la nuit ou les deux yeux brillants de la chouette qui guette... Cet album a également obtenu le Prix 1er Album de l'ALSJ.
La Maison en petits cubes : Kenya Hirata, ill. Kunio Kato Éd. nobi nobi ! - 14,95€ En plein océan, au milieu de nulle part, vit et résiste un vieil homme solitaire dans sa maison d’un village de plus en plus im- mergé. Les habitants ont fini par déména- ger après avoir régulièrement construit au fil du temps un étage supplémentaire. Un jour, il laisse tomber sa scie et son mar- teau dans l’eau. Il n’a pas d’autre solution que d’enfiler sa combinaison de plongée pour les récupérer! C’est alors l’occasion d’une descente extraordinaire dans les an- ciennes pièces qui lui rappellent des sou- venirs plus ou moins heureux de sa vie. Beaucoup de sensibilité et de délicatesse dans les illustrations aux couleurs douces qui fourmillent de détails. Ce bel album poétique sur la vie et la vieillesse a été adapté d’un film d’animation japonais primé à plusieurs reprises.
Émile est invisible : Vincent Cuvellier, ill. Ronan Badel Éd. Gallimard Jeunesse, coll. Giboulées - 6€ Pour échapper à l’horreur des endives au jambon de midi, Émile a décidé de devenir invisible, oui mais... il y a aussi de la mousse au chocolat... Émile se fait bêtement repérer à cause d’une moustache et de quelques vêtements superflus. Pour être vraiment invi- sible, il faut être tout nu et surtout très convaincu... Une surprise attend Émile, mais le petit garçon sûr de son super pouvoir ne se démonte pas... Vincent Cuvellier et Ronan Badel signent là un petit album très drôle et réjouissant sur la capacité d’auto persuasion enfantine. Émile n’est peut-être pas invisible, mais Émile est tout à fait irrésistible!
Black out : Brian Selznick Éd. Bayard Jeunesse - 16,90€ S’il est impossible de résumer en quelques lignes ce si complexe «roman en mots et en images» (car tel est son sous-titre) on réussira peut-être à dire à quoi tiennent sa force et son charme. Ici l’auteur d’Hugo Cabret mène de front l’histoire de deux enfants fugueurs, que cinquante années séparent. Afin que son lecteur ne s’égare pas trop il s’impose une règle dans les deux premières parties, disant en mots l’histoire de Ben, le jeune garçon, située dans le Minnesota en 1977; et en images celle de la fillette, située dans le New Jersey en 1927. Dans la troisième partie, celle de leurs retrouvailles en 1977, la règle imposée vole en éclats et texte et images disent ensemble leur rencontre, à New York... Ceci étant posé on n’a encore rien dit de la subtilité des enchaînements narratifs ou graphiques; rien dit de la foudre ni de l’orage; rien dit des loups, rien dit non plus des raisons qui font fuir ces enfants, lui venant de per- dre sa mère et souhaitant découvrir qui est son père, elle fuyant son père pour retrouver son frère. On ne vous a pas dit que Ben est sourd, ni que la fillette est sourde-muette et on n’a pas encore réussi à vous dire que le goût des collections, des cabinets de curiosités et des dioramas est célébré dans cette histoire qui trouve son accom- plissement dans deux grands musées... On veut juste vous donner envie de vous laisser emporter par les mots et les images et vous laisser deviner ce qui lie les deux héros. Et on finira par cette citation léguée à Ben par sa mère: «Nous sommes tous au fond du trou mais certains regardent les étoiles».
Cartes: Voyage parmi mille curiosités et merveilles du monde : Aleksandra Mizielinska, ill. de Daniel Mizielinski, trad. du polonais par Lydia Waleryszak Éd. Rue du Monde - 25,80€ Dans ce grand et bel ouvrage de cartes, chaque planche d’une extrême richesse est un voyage. On s’y promène à l’envi, dans une multitude de vi- gnettes, représentant les activités humaines, les caractéristiques géogra- phiques, historiques, culturelles ainsi que la faune et la flore spécifiques pour chacune d’elles. Pour ne pas se perdre dans cet univers foisonnant un bref sommaire indique les numéros de pages des pays à visiter. Les auteurs font la part belle à l’Europe où la quasi totalité des pays sont pré- sentés, puis nous partons vers de plus vastes étendues en traversant les mers: l’Amérique du Nord, du Sud, l’Afrique, l’Asie, l’Océanie. Pour chacun, drapeau, superficie, échelle, langue, capitale. Ensuite les yeux se promè- nent sur les pages en rêvant sur les paysages, les mots d’ailleurs, en sui- vant des rivières, visitant des monuments, rencontrant des enfants, des savants, des artistes, des personnages de tous les temps, des sportifs... et des ratons-laveurs bien sûr. Avec un souci du détail, les auteurs ont superbement réussi ce livre de découvertes aux couleurs des vieux atlas qui séduira, à coup sûr, petits et grands.
Max : Sarah Cohen-Scali Éd. Gallimard Jeunesse, coll. Scripto - 15,90€ 1936 en Bavière, Max est encore un fœtus dans le ventre de sa mère. Mais il s’adresse à nous, lecteur, pour nous raconter son histoire. Totalement imprégné de la doctrine nazie, Max va nous faire découvrir son destin «exceptionnel» de parfait aryen imaginé par le cerveau d’Himmler: la théorie de la race parfaite conçue et élevée dans les «lebensborn» (fontaines de vie). De sa création à sa naissance, de sa petite enfance à la fin de la guerre, nous allons suivre Max dans son parcours étrange et dérangeant. Déran- geant parce que totalement dévoué au nazisme, à la gloire d’Hitler et de ses théories – rien d’autre n’existe, tout autre comportement que celui préconisé est un aveu de faiblesse et doit être éliminé. Mais la rencontre avec Lukas, jeune polonais au physique purement aryen, va déstabiliser Max: comment peut-on lui ressembler autant et être en révolte contre le système? C’est sûrement une farce de Lukas pour le piéger et le dénoncer... Les révélations de l’adoles- cent vont tout doucement fissurer les convictions si profondément ancrées en Max... Un roman terrible dans lequel, malgré la répul- sion instinctive qu’inspire au lecteur le discours de Max, on le «comprend», on s’y attache. Un très beau travail de recherche pour l’auteure sur un sujet inexistant en jeunesse et surtout un récit très fort sur les destins croisés de personnages denses, complexes qui nous font découvrir un aspect méconnu de la seconde Guerre Mon- diale. Sarah Cohen-Scali réussit le tour de force de nous permettre de «comprendre» l’ennemi. Un roman émouvant, dur et tendre à la fois
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