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11 mars 2016

Parce qu'hélium ce sont aussi des livres pour les grands

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Magie industrielle : « La nuit j’explose les blocs. Je fends la mer gelée en moi. Je perce les coffres. Je perce les murs. J’ai des drilles au bout des bras. Je suis la hache et le marteau. Je suis la plaie et le couteau. Je souffle le chaud et le froid.

Je prends appui sur l’air plissé comme sur un trampoline. Je m’élance. Je troue l’espace. Je ne tiens plus en place. Je traverse toutes les villes. Toutes les acropoles. On se lasse hélas plus vite des villes que des personnes. À la fin je rebondis sur des dunes dans le désert.»

 

Un spectateur de blockbusters (ou est-ce plusieurs) traversé par la puissance des effets spéciaux raconte ses déplacements aériens, ses enlisements brusques, sa vision nocturne, son souffle de glace, sa traversée des murs, ses métamorphoses… Tout un onirisme fantastique, divisé en micro-séquences, entre pulsions primitives, paniques enfantines et désirs souterrains.

Un texte de fiction ciselé qui fait le lien entre la poésie d’Ovide, sa puissance de déplacement et de réinvention du monde, et les nouveaux pouvoirs métamorphiques du cinéma digital.

 

« Parce que leurs scénarios sont pauvres et répétitifs on ne prend pas en considération tout ce que les blockbusters numériques apportent aujourd’hui de merveilleux. Pourtant depuis qu’Industrial Light & Magic a inventé le T-1000, le sol s’est véritablement ouvert sous nos pieds. (…)

De fait il existe un lien profond, essentiel, entre les blockbusters numériques et (une part de) la poésie. Tout ce qui dans la poésie est liée à la métaphore, à sa puissance de déplacement et de réinvention du monde, est directement concerné par les nouveaux pouvoirs métamorphiques du cinéma digital. Et si on ne l’a pas immédiatement perçu, c’est qu’on ne veut pas trouver ce type de délicatesse dans un divertissement populaire. » P.B. hélium

 

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Un temps pour se séparer (Notes sur Robert Capa) : « Je suis souvent gêné par les textes psychanalytiques écrits ‘sur’ tel livre, telle sculpture, tel tableau, tel film ; mais je ne suis gêné que lorsqu’ils s’ignorent eux-mêmes. S’ils tiennent explicitement lieu d’exercices psychanalytiques, comme le musicien fait des gammes en vue de pouvoir jouer ensuite à son aise, l’esprit plus agile, s’ils permettent à leur auteur de progresser dans la compréhension de son propre appareil psychique, aucun problème. Mais lorsqu’ils prétendent simplement révéler la vérité subjective d’un artiste au prix d’un travail de recherche et d’élaboration théorique, ils perdent beaucoup de crédit à mes yeux. (…) Dans ce livre, le seul transfert qu’on puisse y observer est le mien, sur Robert Capa. (…) Pourquoi Robert Capa, qui a pourtant passé vingt ans de sa vie à capturer la mort en acte aux quatre coins du monde, n’a-t-il pas photographié la libération des camps ? Ses photographies ne le disent pas. Sa légende non plus. Pour tenter de répondre, j’ai voulu interroger le jeune Endre Friedmann – tel est le nom donné par ses parents au futur Bob Capa –, sa judéité, son lien à sa mère, sa quête compulsive de la mort vivante. Je me suis rendu chez lui à Budapest, j’ai parcouru les archives Capa à New York, j’ai même cru l’emmener avec moi dans un camps de concentration, justement : à Majdanek, en Pologne. Ce que j’imaginais être une reconstruction ou une fiction de lui s’est aussi avéré être, comme pris à l’intérieur, un portrait de moi (passant) par lui. C’est le récit de cet entrelacs qui est livré ici. »

 

Happé par une exposition organisée à Budapest pour le centenaire du photoreporter, un narrateur chercheur part sur les traces de Robert Capa. Il voyage à son tour, compulse les archives, prend des notes et construit autour de Capa et de sa mère une fiction psychanalytique qu’il nourrit aussi bien de ses propres obsessions. Déroulant la pellicule d’une existence où la mort ne semble jamais assez proche, il met à l’épreuve sa judéité.

Consultant les archives du photo-reporter, puisant dans divers écrits et convoquant tout un savoir psychanalytique, Sébastien Smirou concilie sciences humaines et littérature : il crée une œuvre d’une grande originalité, qui se lie comme une enquête, capable de capter dans un même mouvement le réel et la fiction, le document et les rêves, le sujet et l’auteur, la vie et la mort.

« C’est Cartier-Bresson qui parle de Capa comme d’un photographe en habit de lumière, d’un photographe torero – mais qui ‘ne donnait pas la mort’ ». hélium

Publié dans #Ados, #prévisions de sorties, -divers | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook

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