20 septembre 2009
le diable au corps
Raymond Radiguet
Milan Jeunesse, Collection Vient (presque) de paraître, 9€50
« Pour écrire, il faut avoir vécu, mais ce que je voudrais savoir, c'est à quel âge on a le droit de dire : « j'ai vécu ». (...) Je crois qu'à tout âge, et dès le plus tendre, on a à la fois vécu et on commence à vivre. »
Raymond Radiguet
La lave brûlante de la passion coule sous la plume de Raymond Radiguet dans son premier roman le Diable au corps. Sous chaque phrase on sent l'embrasement de l'adolescent, presque adulte, parfois, puis de nouveau cédant aux caprices de son âge. Mais c'est certain, le héros du livre dont on ne connaît pas le prénom qui s'exprime à la première personne du singulier, (l'auteur qui a connu une passion similaire à l'âge de quatorze ans se défendra d'en avoir fait une autobiographie) veut grandir, tout connaître tout savoir de l'amour de ses plaisirs et de ses tourments. Une envie, insatiable qu'il justifie dans les premières lignes du roman par la guerre (1914-1918), le contexte particulier qu'elle permet.
Son amour sera Marthe jeune femme de quelques années plus âgée que lui, fiancée puis mariée dont il est d'abord persuadé d'être amoureux et dont il ne peut plus se passer ensuite. Roman d'initiation à l'amour, à ses contingences, ses obligations dans cette société du début du XXème siècle, le Diable au corps, montre bien la cruauté des sentiments, l'inconscience parfois, l'égoïsme de ce jeune homme qui veut aller au terme de son expérience, à la fois homme et enfant. L'impatience vibre sous ses mots, celle de grandir comme celle de ne rien changer pour rester fidèle à ses idéaux, celle de bousculer cette société hypocrite qui sait et qui lui pardonne un peu plus à lui parce qu'il est un homme.
Un court texte de quelques 150 pages au rythme effréné, à découvrir ou redécouvrir dans une nouvelle édition dont on peut remarquer la qualité : couverture soignée, magnifique, graphisme et typographie bien choisis à l'intérieur avec ce petit cœur qui revient à chaque page et qui s'effeuille comme les sentiments des héros.
Le petit plus à la fin : les quelques pages intitulées « & encore » qui nous donnent quelques clefs sur l'auteur, son époque avec des témoignages et avis d'autres grands auteurs sur l'œuvre, son contexte, son utilisation ensuite (cinéma...)
Une nouvelle collection qui graphiquement est superbe et qui choisit des textes à la hauteur : en sortie simultanée, les histoires extraordinaires d'Edgar Allan Poe, et pour octobre 2009 la merveille du XVIIIème siècle : les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos.
Jean-Luc Clerc
Publié dans #Ados, +critique des lecteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook
Les commentaires sont fermés.