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04 janvier 2010

Le temps des miracles

Letempsdesmiracles.jpg

Anne-Laure Bondoux
Bayard Jeunesse, Millezime
Janvier 2009, 11,90€

 

Anne-Laure Bondoux est de retour, et la retrouver dans ce temps des miracles est un véritable moment de plaisir littéraire. L'œuvre de Anne-Laure Bondoux est d'une étonnante constance ; depuis Les larmes de l'assassin en passant par Pépites, Le destin de Linus Hope, la Princetta et le capitaine, pour ne citer que ces quelques romans, cet auteur tisse un univers souvent doux-amer où l'humanité des personnages bouleverse, intrigue, séduit... mais laisse espérer... toujours.

Dès le premier chapitre, Anne-Laure Bondoux nous plonge dans la vie de Blaise Fortune.

« Le jour où les douaniers m'ont trouvé au fond du camion, j'avais douze ans. Je sentais aussi mauvais que le local à poubelles d'Abdelmalik, et je ne savais répéter que cette phrase : « jemapèlblèzfortunéjesuicitoyendelarépubliquedefrancecélapurvérité. » »

Le récit mené par Blaise, adulte, à la première personne du singulier nous introduit dans le monde des clandestins, et notamment des enfants qui un jour « débarquent » en France en espérant y trouver un asile, un accueil... un avenir. Venu du Caucase, Blaise-Koumaïl revient sur son arrivée en France, « pays des droits de l'Homme et de Charles Baudelaire », à l'âge de douze ans, muni de faux papiers malhabilement contrefaits et ne connaissant qu'une seule phrase. Seul et apeuré, car Gloria Bohème, sa mère adoptive qui l'avait recueilli suite au déraillement ayant coûté la vie à ses parents français et qui l'accompagnait, a disparu pendant le voyage. Entretemps Blaise aura obtenu la nationalité française, mais ne cessera de ressentir l'impérieux besoin de retrouver Gloria. À l'heure des retrouvailles, il nous présente son récit comme une absolue nécessité : pendant très longtemps, il n'a pas pu raconter, « et, quand vous ne pouvez pas raconter, vous avez l'impression de mourir d'étouffement. », mais maintenant que les années ont passé et qu'il le peut, il faut qu'il raconte. « Tout. Et dans l'ordre. »

S'ensuit un récit à la simplicité bouleversante - mais très travaillée, n'en doutez pas - où le point de vue de l'enfant se mêle à celui de l'adulte. Comment ne pas le suivre, cet adolescent en quête d'identité ? Et l'on ne peut que le suivre, captivé et touché ! Son histoire, Blaise la reconstruit, tentant de démêler les fils de sa courte, mais déjà chaotique existence. Une constante : l'omniprésence de Gloria à ses côtés ; malgré la guerre en Géorgie, la peur, la fuite devant les combats qui se rapprochent sans cesse et la misère, elle lui insuffle le courage de croire, d'espérer et d'avancer. De rencontres en rencontres (Fatima, Nouka, Modeste Koulevitch, Mme Georges, Prudence,...), de lieux en lieux, de rires en douleurs, de départs en arrivées. Jusqu'aux retrouvailles ultimes et à la révélation déchirante. Accompagnés de « l'atlas vert » repère absolu et intangible pour cet enfant balloté entre deux origines - et de trop nombreuses identités : entre mensonges et souvenirs, entre différents pays...

http://letempsdesmiracles.bondoux.net/atlas_vert/index.html

Vous l'aurez compris : voici un bijou à lire, à offrir ; puis à mettre en discussion. Le sujet est d'une brûlante actualité et ce récit peut devenir une belle façon d'introduire de jeunes lecteurs (à partir de 9-10 ans) au sort des réfugiés et de ceux que certains se plaisent à nommer « clandestins » ou « sans-papiers », comme si cela constituait le pire défaut du monde. Et se pose alors de façon entêtante la question de l'identité.

Une mention toute particulière, si vous le permettez, aux descriptions des personnages, toujours soignées et d'une grande finesse (par exemple, celle de Nouka, à la page 155).

 

Mathilde Piccoletti

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