25 janvier 2010
Sur les trois heures après dîner
Michel Quint
Éditions Gallimard Jeunesse, Collection Scripto
(Première édition : Belem éditions, 2004) février 2009, 7€
« On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans. » Voilà ce que proclamait Rimbaud. Ici pourtant, Rachel a dix-sept ans et sa vie bascule. Tout devient sérieux quand elle tombe amoureuse... de son professeur de théâtre, Thomas Bertin. Le soir de leur rencontre, elle comprend qu'elle aimera cet homme jusqu'à son « dernier battement de cœur. » Oui, mais voilà, Thomas Bertin a déjà une compagne, Babette, et est heureux.
Nous sommes dans l'univers du théâtre pourtant, et la tragédie frappe lorsqu'un jour, Thomas ne se présente pas en cours. Rachel, inquiète, décide de se renseigner et entre de plain pied dans le monde de la maladie. Un monde où la force de son amour l'amènera à l'impensable. Et Cyrano de Bergerac deviendra le projet d'une vie. La très symbolique scène de l'agonie de Cyrano pendant qu'il lit à Roxane la « lettre de Christian » se révélant emblème de l'histoire d'amour de Thomas et Rachel.
Récit d'un amour passionné, hors-normes, récit d'une amitié étonnante, d'une alliance contre le destin, ce court roman a la grâce des précédents ouvrages de Michel Quint (Effroyables jardins). Dans un style dépouillé, concis, parfois lapidaire, avec une syntaxe heurtée. La mise en abyme de la tragédie dans la tragédie, quoiqu'un peu convenue peut-être, fonctionne. Sans jamais tomber dans un pathétisme déplacé, ni dans l'expression d'un sentiment amoureux juvénile débordant, Michel Quint nous parle de la force des femmes, de la force de leur amour, et évite les pièges de la trop classique amourette entre l'élève émerveillée et son - oh - si merveilleux professeur. Tragédie, ce roman est aussi roman d'apprentissage et histoire d'une vocation. Rachel devra grandir. Vite. Brutalement. Et aimer. Éperdument. Sans égoïsme. Se relever et vivre enfin.
Une bien belle lecture adolescente.
Mathilde Piccoletti
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