La vengeance de Martin O'Boy

La vengeance de Martin O'Boy ; Brian Doyle ; Bayard Jeunesse, Collection Millézime

 

Attention ce livre est publié avec l'avertissement pour les lecteurs avertis

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La vengeance de Martin O'Boy
Brian Doyle
Traduit de l'anglais (Canada) : Stéphane Dacheville
Illustration de couverture : Christophe Merlin
Editions Bayard Jeunesse, Collection Millézime, mai 2010, 10,9€

 

« Août 1945, Ottawa. La fin de la guerre avec le Japon est proche. Martin O'Boy lui, a d'autres préoccupations... »

Martin se sent seul, sa grand-mère, la femme sur qui il pouvait compter est morte. Alors il lui reste ses parents qui se disputent chaque jour un peu plus, son frère jumeau Phil qui est anormal, son meilleur ami Billy. Et puis il y a le quotidien, la chorale... et le gentil organiste M. Georges. Mais est-il aussi gentil ?
Ce roman de Brian Doyle monte peu à peu en puissance, il fait penser par moments à Philip Roth et Son complot contre l'Amérique, dans sa façon précise implacable de décrire le quotidien, la ville  de Martin, le moindre détail qui permettent peu à peu de s'imprégner de l'histoire, de se faire aspirer. Puis peu à peu la menace se précise, se dévoile jusqu'au pire de ce que l'on redoutait : le « gentil » Monsieur Georges apprécie un peu trop les jeunes garçons et n'hésite pas à « se servir » dans le groupe des choristes.

Le cadre, le contexte, la violence de la ville, des familles, des garçons qui grandissent et se font piéger par cet individu odieux, prêt à tout pour assouvir ses pulsions sexuelles et à se protéger ensuite en terrorisant Martin et Billy. Alors Martin qui n'a pas réussi à protéger son ami va se venger.

Et Buz va revenir de la guerre, et tout ira bien comme le pense Martin, parce que Buz les a toujours protégé lui. Un monde dur, âpre, dans lequel les adultes sont dépassés par les évènements et ne parviennent pas, submergés par le quotidien, à se rendre compte des dangers et à protéger leurs enfants.

Un roman destiné aux adolescents et aux autres conscients de ce qu'est la pédophilie et ses conséquences, qui très bien fait, réussit sans sensiblerie ni voyeurisme à éviter les écueils du genre, à nous faire trembler pour Martin... Un roman dans lequel subsiste cependant l'espoir en l'humain, en ceux capables de protéger les enfants et dans l'espoir d'un renouveau, même après l'horreur : « SHAZAM »

 

Jean-Luc