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04 octobre 2010

Au service du mal

Au service du Mal ; Jean-Marc Deville ; Editions les Grandes Personnes,
30 septembre 2010, 19 €

 

 

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« Défendre la veuve et l’orphelin ? Plutôt mourir ! Sauver l’humanité ? Et puis quoi encore ? Privé dès son plus jeune âge de sa sorcière de mère,Wilmuth rentre au séminaire Inferno pour y suivre l’enseignement maléfique de l’infâme Triple-Mort. Autant dire qu’il serait plutôt du genre à en vouloir à la terre entière. Les beaux sentiments, très peu pour lui ! Au contraire, cette tête de mule ne manque jamais une occasion de nuire… Pour son bonheur, notre héros a vu le jour au Moyen-Âge, une époque suffisamment sanglante pour que son mauvais caractère puisse donner toute sa mesure. Et puis, quoi de mieux quand on veut en découdre que d’affronter le grand Charlemagne en personne ? Les choses ne se passent cependant pas toujours comme on le voudrait :Wilmuth aura ainsi fort à faire pour demeurer en dehors du droit chemin, échapper aux griffes de l’amour et rester parfaitement détestable. Mauviettes et rabat-joie s’abstenir : tourner les pages de ce livre pourrait vous être fatal ! »

 

 

Il appartient à une famille d’une longue lignée de sorcières dont la dernière descendante est sa mère : Valkiria.
Né vers 740  « après il ne sait plus qui », il a  environ 1 300 ans d’âge. Il : c’est Wilmuth.

Tout débute par l’arrestation de sa mère alors qu’il a dix ans auquel il assiste impuissant : sa tentative pour la sauver, tourne au massacre… des écailles ont poussé sur une partie de son corps. Redoutable écailles : mais est-ce normal ?

Sa mère après l’avoir maudit lui a appris juste avant de mourir qu’elle lui avait laissé quelque chose caché : une lettre !
Elle l’informe sur ses origines : grand-père maternel : sciapode et longue lignée de centaures, griffons, licornes, sirènes… Mais peu de choses sur son père si ce n’est cette information : « il n’est pas comme nous ».

Son destin est désormais scellé, lui qui ne vieillit pas ou si peu, si lentement, va rejoindre le séminaire Inferno dirigé d’une main de fer par Maître Triple-Mort (un être monstrueux aux jambes de bambou et aux quatre têtes dont trois sont des squelettes). Un être abject, vicieux et dangereux qui rêve de prendre le pouvoir et d’instaurer la violence et le crime partout sur le monde.

Pendant cinquante longues années, il va avec le seul être pour lequel il ressent un minimum d’attachement Mange-Burnasse (et oui le patronyme est navrant !) être éduqué dans l’art du crime, du complot, du meurtre…

La suite vont les mener à croiser l’histoire, la vraie et donner des moments de relectures jubilatoires : l’intervention de ses deux crapules dans le meurtre de Roland de Roncevaux  le neveu de Charlemagne est hallucinante.

Leur départ du séminaire et leur liberté va dépendre ensuite d’une mission mystérieuse : assassiner le futur empereur d’Occident, Charlemagne. Et c’est parti pour la Rome médiévale qui a bien perdu de sa superbe entre les invasions, la ruine de ses familles dirigeantes… la rencontre, dans l’auberge qui les accueille avec Lani la jeune fille de la maison, va changer leur destin, que cela plaise ou non à Wilmuth.

 Un récit écrit à la première personne, sauf dans les deux cas où il abandonne la parole à son camarade chargé de conter ses malheurs ou lorsqu’il viole le secret du journal intime de Lani.  Des aventures fantastiques, dans tous les sens du terme, dans lesquelles, les héros télescopent sans vergogne aucune l’histoire pour nous entrainer dans une course folle, allant de massacres en batailles, de mésaventures en réussites : une partie de la vie d’un assassin sans foi ni vertu (enfin qui aimerait être ainsi). Un personnage qui se veut détestable (et il l’est pour le moins), des passages passionnants. Une quête également de la recherche du père… Il y a bien peut-être quelques longueurs et quelques passages auraient gagné à être coupés (pourquoi pas !). Mais l’ensemble est cohérent, insolent, irrévérencieux. (le pape Léon XIII en train de devenir quasiment fou en inversant l’action d’un exorciste). Dans ce domaine, le prologue est un petit bijou du genre : « On croit souvent que les personnes qui écrivent à l’intention des enfants éprouvent pour eux une affection particulière. Dans mon cas, c’est totalement faux. En réalité, ils me laissent indifférent…»

Des moments d’un grand réalisme succèdent à des passages fantastiques avec des êtres fabuleux, sortis de la mythologie et de l’imaginaire collectif ou tout simplement de l’imagination délirante de l’auteur. (Vous allez adorer Caille-Caille).

 

C’est drôle, insolent et particulièrement bien fait pour un premier roman. Y aura-t-il une suite ? Nous on dit banco et on est curieux de voir ce que l’auteur saura en faire. Mais comme dirait Wilmuth : encore faudrait-il que « le narrateur soit en de bonnes dispositions ». 

 

 

Jean-Luc

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