07 octobre 2014
La dictature des petites couettes
Et si il fallait porter des petites couettes pour être au top et dominer les autres ? Un album sur la dictature de l'apparence et le ridicule qui ne tue pas heureusement ! Formidable !
Un coffre plein de trésors et c’est parti pour Ana, Sophie et Olga qui décident de faire un concours pour savoir qui sera la plus belle. Leur raffut finit par attirer l’attention de Gabriel qui voudrait bien lui aussi participer. Mais là on lui explique que pas question parce que notamment il n’a pas de petites couettes. Le chat qui passe par là et découvre Gabriel en pleine crise de rage trouve lui aussi que les filles exagèrent et qu’il participerait bien lui aussi à ce concours. Au fil des pages les uns et les autres avancent leurs arguments et font montre de leur différence. Même si Sophie semble gagner un temps puisque le chat et Gabriel devront se plier à sa volonté et les voilà tous transformés (la tête du chat devenu rose est un petit bonheur à elle toute seule). Attention la dernière ligne droit va remettre les idées de certains en place. Les fourmis et un joli piaf invités à donner leur avis vont expliquer fermement et définitivement aux enfants qu’ils ne peuvent pas être les plus beaux parce que justement ils ne correspondent pas aux canons de beauté en vigueur chez les fourmis ! C’est un comble pour nos jeunes amis.
La chat semble se demander ce qu’il est venu faire dans cette galère (le pauvre), Gabriel n’en démord pas on peut être le plus beau et les filles sont persuadées, elles, d’être les plus belles. Cet album délicieux l’est pour plusieurs raisons : sa taille, petit format qui lui donne un petit côté précieux ; l’histoire qu’il met en valeur, cette querelle infinie pour savoir qui doit être le plus beau ou la plus belle, quelle tenue, coiffure indispensables à imposer aux un et aux autres au point de rejeter en bloc ceux qui ne correspondent pas aux codes (« pfff, ils n’ont même pas de bec ! » dit le piaf !) ; les illustrations d’Ilya Green qui comme à l’habitude sait nous embarquer encore monde, formes, visages connus et petites pointes de nouveautés ; les couleurs pétillent ; les visages expressifs nous racontent eux aussi un histoire … Tout sonne juste dans cette histoire que nous conte Ilya , on a l’impression d’être à une fête d’anniversaire ou entre cousins un été, ou frères et sœurs pour savoir qui sera le plus beau, le plus regardé , le plus aimé. Il nous rappelle aussi qu’on peut sortir des sentiers battus et garder sa différence et son identité pour exister vraiment. Un très bel album, intelligent drôle et sensible pour dénoncer « la dictature des petites couettes » et ses multiples clones.
Jean-Luc
© Didier Jeunesse. Tous droits réservés !
La dictature des petites couettes
Ilya Green
Editions Didier Jeunesse, 1 octobre 2014, 11,10 €
Publié dans #Albums, +critique des lecteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook
Les commentaires sont fermés.