L'été parfois, on a le temps de philosopher : La Mort du divin Socrate (d'après l'oeuvre de Platon)

 

 

La Mort du divin Socrate (d'après l'oeuvre de Platon) ; Jean-Paul Mongin ; Illustré par Yann Le Bras ; Editions les petits Platons, collection Philosophe en folies, avril 2010, 12,5€

 

« Socrate va par les rues d'Athènes, interpellant ceux qu'il trouve sur son chemin: Connais-toi toi même ! Ne te soucie pas des richesses, cherche la vérité et deviens philosophe ! Ce n'est pas du goût des Athéniens. Au terme d'un procès, Socrate est condamné à boire la ciguë. Va-t-il s'enfuir ? Un philosophe doit-il craindre la mort? »

 

Autant de questions essentielles auxquelles vous lecteurs allez tenter de répondre en dégustant ce petit bijou de littérature jeunesse. Un vrai bonheur, le texte, la mise en page, les illustrations réalisées par Yann le Bras. Pas de stress dans cette collection formidable qui vous donne envie de lire, de découvrir le texte, qui est à lire seul calé dans son fauteuil ou alors à voix haute avec les enfants et/ou adolescents de votre entourage. (effet garanti, testé sur panel représentatif !). Mais ne vous y trompez pas, cette collection leur est bel et bien destinée (même si vous aurez une furieuse envie de leur "piquer"). Un texte et l'univers d'un auteur (ici Socrate) rendus accessibles et lisibles par tous les esprits curieux. Une réussite totale.

Alors dérangeant pour les Athéniens ce Socrate ? Et s'il l'était aussi pour nous et notre routine aseptisée ? Un livre essentiel à se procurer de toute urgence

 

Nous reprenons les propos tenus au moment de la création de la collection !  

A découvrir également le site de la collection : une réussite du genre !

 

 

L a parole au directeur de la collection dans son interview papier de présentation de la collection.

« C'est très concret, la philosophie! » Interview de Jean Paul Mongin, Directeur de la collection Les petits Platons

Pourquoi une collection de philosophie pour enfants ?

La philosophie est un segment très vivant de l'édition jeunesse. De bons auteurs, de nombreuses maisons d'édition se sont attachés à initier les enfants et les adolescents au questionnement  philosophique.  Toutefois,  les principales collections  actuelles, Philozenfants, les Goûters Philo, Chouette ! Penser, restent sur une clé d'entrée par thème : on réféchit sur la justice, l'art, la violence, la vérité... Il nous a semblé pertinent de développer, à rebours, une approche par auteur ; de proposer une expérience philosophique plénière, où le jeune lecteur soit invité à rencontrer la cohérence d'une pensée, le monde ouvert par l'intuition centrale, comme dit Bergson, d'un philosophe.

Mais Socrate, Descartes, Kant... comment les mettre à portée du jeune public ?

Nous partons des histoires que racontent ces immenses philosophes, afn de faire comprendre leur vision du monde aux jeunes lecteurs. Le discours philosophique, avant même d'être formulé conceptuellement, s'élabore presque toujours en une histoire que se raconte son auteur. Chez Platon, à l'origine de la philosophie, on voit très bien ce passage continu du mythe au questionnement et du questionnement au mythe. La fiction n'est pas seulement, pour la philosophie, un recours commode à l'imaginaire ; elle est souvent le lieu même où s'élaborent les concepts. La fameuse caverne de la République fonde une théorie platonicienne de la connaissance. De même ce grand écrivain que fut Descartes, lorsqu'il veut établir une première certitude, recourt à la fction du malin génie, trompeur en toutes choses... et c'est une histoire qui peut parfaitement être racontée à un enfant.

On perçoit plutôt la philosophie comme un questionnement très théorique...

C'est très concret, la philosophie. Kant dit bien qu'il s'agit fnalement de l'idée d'une sagesse parfaite, c'est-à-dire de l'harmonie d'une vie, sur le plan de la science, de la morale et du goût. Si Les petits Platons n'avaient qu'un but pédagogique, ce serait d'inciter à ce recueillement. Il ne s'agit pas seulement d'apprendre aux enfants à questionner leur rapport au monde, il faut encore leur permettre de découvrir que ce rapport au monde peut être un, au double sens d'unique et d'unifé.

Et cette unifcation passe par la découverte des grands philosophes ?

Certainement. Pour se donner les moyens de penser un bout sur le monde, fréquenter ceux qui ont pensé le monde jusqu'au bout...