12 septembre 2016
Martha était là
Un album sublime pour se souvenir encore de Matha et des siens
et plonger dans un univers luxuriant !
Il est des albums qu’on prend et qu’on reprend après les avoir laissés reposer. Il est des albums qui nous aimantent parce que leur auteur sort du commun et c’est le cas ici avec Atak. Il est des albums qui font aussi des références et des clins d’oeil à des personnages importants de notre mémoire collective et de notre culture comme le grand John James Audubon et le récit qui nous rappelle cette espèce oublié et détruite par les hommes que furent les pigeons migrateurs américains dont Matha fut la dernière survivante et mourut aux premières heures de la Première Guerre mondiale au zoo de Cincinnati le 1 septembre 1914. Tout cela est dans Martha était là ce superbe album grand format. Il nous conte donc l’histoire de ces formidables migrateurs qui vivaient en bandes de plusieurs millions d’individus, allant même en tout jusqu’à trois milliards de volatiles. Imaginez les nuages que cela représente, imaginez les fientes et les dégâts qu’ils pouvaient provoquer dans les récoltes, les jardins et les vergers des hommes de plus en plus nombreux sur le territoire du continent américain. C’est Martha la dernière vivante qui raconte son monde avant les hommes et avant la fin. Elle nous raconte aussi au fil des pages comment peu à peu devenus gibiers les siens ont été massacrés par milliers et leur extermination programmée car jugés par trop nuisibles aux activités humaines prenant de plus en plus de place. Elle nous raconte comment leur nombre diminuant, ils sont devenus plus fragiles, plus facile à attaquer…Au fil des pages Atak nous plonge dans ce drame écologique et nous embarque dans les plaines et forêts d’Amérique du nord tout en parsemant ses pages de clins d’œil et de personnages étonnants dont il a le secret (vous devriez en reconnaître quelques uns) et des références à la culture la plus pointue en allant jusqu’à la culture populaire, de tout ce qui nourrit son œuvre unique.
Cet album est magnifique pour toutes ces raisons, il flamboie de couleurs et de vie alors qu’il nous raconte la fin d’une espèce, dernier hommage flamboyant à ces merveilleux voyageurs qui ont eu le seul tort d’être trop nombreux et de croiser la route et l’expansion humaine. Un livre superbe pour s’évader, apprendre et réfléchir aussi sur notre action et notre rôle dans l’écosystème planétaire.
Jean-Luc
Illustrations © Les Fourmis Rouges. Tous droits réservés. Merci
Martha était là
Atak
Traduit de l’allemand : Olivier Muller-Cyran
Editions les fourmis rouges, 16 juin 2016, 18,9 €
Publié dans #Albums, +critique des lecteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook
Les commentaires sont fermés.