La bête est morte

La bête est morte : la guerre mondiale chez les animaux !
I. Quand la bête est déchainée. II. Quand la bête est terrassée.
Calvo
Editions Gallimard Jeunesse, Réédition Novembre 2007, 26 €

La Bête est morte est une bande dessinée, un album absolument indispensable. De nombreuses fois réédité, ce superbe livre vaut le détour pour de multiples raisons : le thème traité et ce qu'il dénonce ; le dessin de Calvo ; l'originalité du traitement. Plus qu'un coup de cœur, cette superbe édition de la maison Gallimard est un incontournable.

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Jean-Luc Clerc

Je l'avoue, je ne suis pas objectif. En temps normal j'essaye de l'être mais là difficile. C'est en effet un véritable coup de foudre que j'ai éprouvé la première fois que j'ai eu cette petite merveille entre les mains.

L'univers totalement anthropomorphisé de Calvo, qui transforme toutes les nations de la terre en animaux (et les symboles ne manquent pas), fait mouche à chaque fois. Un dessin vif énergique en mouvement permanent. Des couleurs chaudes bien choisies qui donnent du relief aux animations. Des clins d'œil à l'histoire de la peinture, des doubles pages sublimes qui ouvrent sur la planète et donnent un sentiment d'universalité au thème traité : la seconde guerre mondiale. Chaque personnage est traité avec le même soin, les visages sont mobiles, les yeux rieurs ou désespérés transcrivant les sentiments des personnages à tel point qu'on en oublie souvent qu'il s'agit d'animaux.

Le texte lui est sans concession, il plante un décor juste, dénonce les mesquineries, les lâchetés des uns et l'inconscience des autres, remet les choses en perspectives. Il est parfois daté et montre bien la réaction d'hommes sortants d'un conflit atroce.

Le dessin peut donner l'illusion qu'il s'agit d'une bande dessinée pour petits (ils y trouveront d'ailleurs plaisir à suivre les aventures des différentes espèces d'animaux) mais il s'agit bien là d'un ouvrage pour les plus grands, qui permet aujourd'hui encore avec la même force de dénoncer la guerre, la lâcheté humaine et la nécessité de rester toujours vigilants face aux dangers qui guettent la paix et la démocratie.

 

Jean-Luc Clerc

 

Le dessinateur : « Caricaturiste au Canard Enchaîné, Edmond-François Calvo mène de front plusieurs carrières et s'adonne à toutes sortes d'activités professionnelles, d'aubergiste à sculpteur sur bois. En 1938, il s'associe avec l'éditeur Offenstadt et collabore aux publications de ce dernier : Fillette, L'Épatant et Junior. En 1944 paraît son oeuvre la plus célèbre, 'La Bête est Morte'. Dans cet ouvrage écrit par Victor Dancette et illustré avec beaucoup de brio, il s'attaque à la Deuxième Guerre mondiale dont il campe les protagonistes sous les traits d'animaux : les Allemands y sont des loups, les Français des lapins, les Américains des buffles et ainsi de suite.

De 1942 à 1958, il lance pas moins de quatorze séries, dont 'Rosalie', 'Patamousse', 'Moustache et Trottinette' et 'Coquin le Petit Cocker'. L'oeuvre de Calvo est essentiellement animalière. »

 

 

 

 

« C'est la guerre mondiale chez les animaux. Dessiné et peint en pleine occupation allemande, l'album «La Bête est morte !» est publié dans le troisième mois de la Libération.

Cette œuvre unique, ce bestiaire sanglant qui s'inscrit dans la longue tradition du symbolisme animalier, est à l'image de cet épisode le plus monstrueux de l'histoire de l'humanité : féroce et impitoyable... Et s'il est vrai que Victor Dancette, auteur du scénario, ignore les nuances, on trouve dans cet ouvrage le témoignage émouvant d'une indignation nationale et, surtout, une éclatante démonstration d'art dans la bande dessinée. Un style d'une grande vitalité.

 

Graphiste à la forte personnalité, autodidacte, Calvo n'a pas été éduqué selon les canons classiques. Avec lui rien n'est jamais statique. En cela son style est étonnamment moderne. Son univers anthropomorphique produit un effet baroque tant les attitudes des personnages, leurs mimiques sont poussées à l'extrême. Cette vitalité est essentielle à son style. » (Source : Gallimard Jeunesse)

Cet ouvrage a été publié pour la première fois par les éditions G.P. en 1944-1945, et réédité en 1977 par les éditions Futuropolis. Puis par les  éditions Gallimard en 1995.