18 octobre 2010
La saga des Wildenstern : Voraces
« Dans un monde où les véhicules rugissent comme des animaux sauvages,
même les morts sont dangereux… »
Voraces - La saga des Wildenstern ; Oisin McGann ; Traduit de l’anglais (Irlande) : Patrick Imbert ; Editions Mango , septembre 2010, 18 €
Deux cousins, deux jeunes aristocrates en chasse dans la campagne anglaise sur la piste de la Bête de Glenmalure, un fauve d’une espèce particulière : un vélocycle sauvage. Vous venez de plonger dans le XIXème siècle fantasmé d’Oisin McGann et dans celui de la famille Wildenstern.
Famille terrifiante s’il en est, avec à sa tête le patriarche Edgar Wildenstern duc de Leinster, pachiderme de 123 printemps bien décidé à tenir sa famille et à organiser l’avenir ; Nathaniel dit Nate troisième fils dans l’ordre de succession ; Roberto (dit Berto) et son épouse Mélancolia (dite Daisy) deuxième dans l’ordre ; Tatiana leur petite sœur ; et bien évidemment toute une série d’oncles, de cousins dont Gérald que vous découvrirez dès les premières pages du roman avec son cousin Nate.
Le problème de Nate qui déteste cette famille terrifiante, c’est qu’il a été rappelé d’urgence pour cause de décès : son frère aîné Marcus est décédé !
Le souci particulier du décès, c’est qu’il est membre de la famille Wildenstern et que celle-ci a depuis de très nombreuses générations, des mœurs très particulières et que si officiellement, il s’agit d’un accident, cela risque fort d’être un meurtre déguisé. En effet, Marcus en tant qu’aîné, était destiné à devenir le prochain patriarche, à moins que…
La famille vit en effet sous le coup des règles de l’ascension : tous les hommes de la famille s’ils veulent s’élever dans la hiérarchie familiale ont le droit d’éliminer ceux qui sont en travers de leur chemin en respectant bien évidemment quelques petites règles que je vous laisse découvrir.
Voilà pour le fil rouge de l’histoire. A partir de là, tout autour, Oisin McGann, tisse une histoire complexe et passionnante. On se sent transporté dès les premières lignes dans un autre monde, sombre, dur, comment vous décrire cela, emmenés parfois dans une atmosphère digne des meilleurs épisodes de l’excellente série les mystères de l’ouest, fantasque, baroque, étrange à souhait. Le manoir des Wildenstern avec ses couloirs interminables, ses objets, meubles, entassés depuis des générations, ses passages secrets, ses pièges fait froid dans le dos.
Le XIXème siècle avec ses clippers, ses locomotives à vapeur, costumes, débats idéologiques de l’époque (la référence à Darwin)… est particulièrement bien rendu à ceci prêt que l’auteur lui a ajouté une touche de fantastique avec les mécanimaux et des ancêtres revenus à la vie dans des circonstances que je vous laisse savourer : terrifiants ! (On comprend d’autant mieux en les découvrant, l’origine de la cruauté et du manque total de pitié de la famille).
Nate va devoir agir vite, s’il veut prouver qu’il n’est pas celui que tout le monde soupçonne ; s’il veut rester en vie et sauver les rares personnes qu’il aime et qui semble doté d’une quelconque humanité dans cette maison.
Un roman passionnant qui s’ouvre tambour battant sur un premier chapitre bluffant qui vous met d’emblée dans l’ambiance. Pas de temps morts, une écriture fluide et agréable (on avait déjà découvert avec plaisir l’auteur dans Liberté surveillée), un sens du rythme et du rebondissement étonnant ! Un régal de lecture à découvrir sans faute pour le premier titre de cette trilogie dont la suite est annoncée en 2011 (pas de panique pour les allergiques aux séries, ce premier opus peut se suffire à lui même).
Complots, meurtres, une famille prête à tout pour parvenir à ses fins, des personnages principaux et secondaires construits, des ennemis de la famille, une atmosphère sombre qui tourne presque au huit clos étouffant dans la phase finale dans les couloirs et les salles de la maison familiale…
En un mot, un roman : formidable !
Joseph
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