20 octobre 2014
Marie Desplechin : Mauve
Un roman en apparence léger ! Seulement en apparence ! Fort, brillant et indispensable !
Gros coup de coeur !
Où l’on retrouve Anastabotte, Euphronie, Clorinda, Pomme, Verte, Ray, Gérard et même Ursule pour un roman à la saveur toute particulière.
Les filles sont devenues insupportables, Ray n’y comprend plus rien. Mais tout le monde d’ailleurs pense qu’il se passe quelque chose et qui est donc cet Albin Fontaine-Desfontaines et son sourire ultra-brite ?
Tout commence comme dans une famille un peu bancale, recomposée. Tout aurait pu être banal, si on exceptait le fait que les filles sont des sorcières et qu’elles le sont de mère en fille !
Marie Desplechin sait nous entrainer dans un monde qui est le notre en apparence, monde où un petit grain de sable (ici une petite nouvelle, blonde et lisse au collège) peut progressivement semer le trouble. La rumeur court. La quiétude habituelle semble rompue, la méfiance monte en puissance, les regards se font durs, les mots coupants et peu à peu cela tourne au cauchemar. Comme le dit la quatrième de couverture : mais que fait la police ? Et surtout : que font les sorcières ?
Endormies, engourdies, elles n’ont pas vu ou voulu voir le mal revenir, les ténèbres et leurs ruses habituelles, leur apparence si douce, si vraie, si tentante et puis d’un coup …
Alors quand Anastabotte et Cie comprennent que cela va chauffer, que le temps des bûchers est peut-être de retour, c’est la panique ou le branle-bas de combat ! Enfin peut-être un peu des deux.
Soufi est une Puissance et il peut voir dans l’entre-deux-mondes ! Et il va être un allié précieux dans le combat qui se prépare.
Ce roman a de multiples voix : celles des hommes, des sorcières, celle de la vie quotidienne, de la peur ordinaire. Mais elle nous raconte aussi la famille, pas facile la famille et la place qu’on peut laisser aux femmes, aux hommes, aux uns et aux autres. Il nous parle aussi de la mémoire et de la transmission entre génération et puis cette petite voix lancinante qui montre, dénonce, hurle que parfois l’autre, le Mal est caché, tout prêt sous un visage en apparence honnête et que peu à peu on peut basculer dans l’horreur d’une société qui s’entre déchire, s’épie, se hait et doit trouver forcément un bouc émissaire à ses problèmes réels ou créés de toute pièce.
Une lecture formidable qui se fait légère et joyeuse, car le ton employé est toujours lucide et direct permettant au lecteur de faire la part des choses et d’y trouver en fonction de son âge et de son expérience, plusieurs niveaux de lectures et de découvertes.
Un excellent roman qui nous entraine dans une quête essentielle, celle de la conquête de la liberté et de la tolérance. A lire !
Jean-Luc
Mauve ; Marie Desplechin ; Editions l’école des loisirs, Neuf, 10 septembre 2014, 8,7 €
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