Jiseul

Un roman graphique puissant pour décrire l'indicible et ne pas oublier ! Magnifique ! 

 

 

Illustrations © éditions Sarbacane. Tous droits réservés

 

Le contexte d’abord pour comprendre : « le livre revient sur l’une des pages plus sombres de l’histoire de la Corée : le massacre de dizaines de milliers d’habitants de l’île de Jeju, en 1948, marquant l’établissement du régime autoritaire de Syngman Rhee, soutenu par les forces d’occupation américaine » Sarbacane.

La préface est essentielle et nous ne pouvons que vous inviter à ne pas la zapper comme on est trop souvent tenté de le faire.

Difficile de vous raconter cette bande dessinée. Elle nous plonge dans l’histoire de cette petite ile au sud de la péninsule coréenne au moment où il devient interdit pour sa population d’habiter au delà de cinq kilomètres par rapport à la côte. Cette histoire est celle d’une chasse à l’Homme qui verra des soldats et des civils tout faire pour massacrer ceux qu’ils appellent les Rouges. Dans un contexte de Guerre Froide juste après la Seconde Guerre mondiale où toutes les violences sont exacerbées, l’auteure nous entraine dans un univers sombre et inquiétant fait de noir et blanc. Peu de dialogues, les images parlent d’elles mêmes et nous attachent à ce petit groupe réfugié dans une grotte où ils espèrent la survie. Des petits riens,  une naissance future, des pommes de terre encore chaude, un enfant qui tousse, des hommes qui se parlent et qui se pardonnent … qui donnent le sentiment que la vie est encore possible alors qu’il en est tout autre et que la mort et l’acharnement de leurs bourreaux sont en marche. Un album graphique puissant qui nous entraine dans un pan de l’histoire coréenne encore mal connu des Coréens également, même si la mémoire se réveille peu à peu (film et ce roman graphique). A découvrir pour les grands ados et les adultes.

 

Jean-Luc

 

 

Jiseul
O Muel, Keum Suk Gendry-Kim
Traduit du coréen : Mélissa David
Préfacier : Benjamin Joinau
Editions Sarbacane, 4 mars 2015, 24,95 €