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27 août 2025

Un été en foulard rouge

La puissance de la mémoire qui surgit d'un coup lors d'un voyage vingt ans après. Une vie bouleversée par l'homophobie d'Etat et de toute une société. Deux jeunes gens qui apprennent à s'aimer contre vents et marées ❤️❤️❤️❤️

 

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Pour les plus grands on termine l'été avec Mathilde et les Sandales jeunesse... d'un clic 


C’était il y a vingt ans. L’Ukraine faisait encore partie de l’URSS, avec tout son modèle d’éducation, les camps de vacances pour les garçons et les filles. Ce camp de pionniers,  l’Hirondelle en hommage à l’une des héroïnes du système : Zina Portnova. Le camp était fréquenté tous les été par des jeunes gens qui veinante ici pour s’amuser mais aussi subir les formations et le matraquage du système totalitaire soviétique.
Vingt ans plus tard, un de ces jeunes gens devenu adulte depuis la dernière fois où il l’avait fréquenté (il avait alors 16 ans) revient sur les lieux, désormais ukrainiens. La zone est en plein changement, avec des constructions partout, la forêt et la nature reculent et Iourka a du mal à se repérer. La scène de départ avec les deux policiers en pleine négociations pour lui éviter une amande, est savoureuse. Grâce à eux, il va retrouver le chemin de son ancien camp de pionniers et retrouver un domaine abandonné très dégradé. A la recherche du passé, il va d’un coup lâcher la bride et les souvenirs vont remonter à la surface et envahir les pages.
C’est un roman dense que nous propose les deux autrices, interdit en Russie depuis 2022 en raison de ses thématiques LGBT et de critique d’un système dont la dictature actuelle est directement l’héritière en terme de fonctionnement de de bâillonnement de la vie privée et des choix de vie. 

Ioura va ainsi nous entraîner à la fois dans la découverte du quotidien et du fonctionnement d’un camp de pionnier, dans lequel filles et garçons sont ensembles dans leurs activités. Ils nous montre les dysfonctionnement, la chape de plomb morale et d’éducation qui plane sur les populations. Mais surtout parce que c’est son thème central sur l’impossibilité pour les jeunes soviétiques de l’époque d’assumer ou d’envisager une vie qui soit autre que celle de l’hétérosexualité. Ioura va cette dernière année faire la connaissance d’un jeune encadrant Volodia. Peu à peu sans que cela soit provoqué ou quoique se soit, ils vont se troubler, s’attirer et finir par s’avouer leur flamme. Mais leur amour naissant est-il possible ? Vivre caché infiniment est-il envisageable ? Ils résistent, se frôlent, s’attachent s’ouvrent peu à peu l’un à l’autre, s’enflamment. Mais pourtant, la pression de la société, la morale ambiante vont troubler leur amour naissant. Volodia, le plus âgé, ne veut pas entrainer le plus jeune dans une vie, une aventure sans lendemain. Au fil des pages, Volodia recule, s’enfonce, panique, fini par se sentir coupable reprendre la réthorique des propos des homophobes et dire qu’il se fera soigner… Ioura lui a basculé clairement. Il sait qu’il est attiré par les hommes et qu’il aime Volodia. Le roman au fil des pages fonce vers le drame de la séparation, le départ de certains dont Ioura vers l’Allemagne. Les lettres échangées qui s’estompent avant de ne plus parvenir ou de ne plus être écrite dans la dernière partie du roman sont déchirantes. 

Ioura est donc de retour en Ukraine sur les lieux et va faire une drôle de découverte qui fera basculer son destin.
Un roman fort, très dense, puissant, pour les très bons lecteurs, qui questionne la découverte et le fait d’assumer son homosexualité, mais aussi la difficulté de grandir de passer à l’âge adulte et d’affronter le regard de la société surtout dans un régime totalitaire et/ou dictatorial.  Un roman attachant et addictif qui donne à réfléchir en miroir de ce qui se passe aujourd’hui encore dans bon nombre de pays et notamment dans la fédération de Russie et certaines de ses Républiques. A lire et faire découvrir. 

 

Jean-Luc 

 

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Un été en foulard rouge 

Katerina Silvanova / Elena Malissova 

Traduit du russe  : Laurence Foulon 

Editions PKJ, à partir de 14 ans, 12 juin 2025, 20,90 €


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