18 juin 2024
Verts
Eblouissante de beauté et d'intensité : une merveille ...
La terre vue du ciel, les satellites, les villes immenses, les tours, les autoroutes peuplées de voitures, les avions et puis un main qui surgit de la page suivante avec un insecte dans la main, la nature, un arbre, des racines qui débordent largement le spectre normal de diffusion et qui se mettent à courir partout sous les routes … des planches sans paroles … et puis les quatre saisons vont commencer à défiler.
D’abord l’automne : Un père avec son fils dans l’attente de nouvelles de l’hôpital où se trouve leur mère et épouse dans le comas ; des voisins étranges qui paniquent parce que le père de Clarence a vu leur bébé qui a une drôle de feuille qui pousse sur son nez comme pour d’autres bébés visiblement. La presse s’empare du phénomène, les rumeurs courent, la population s’inquiète, la peur et les réactions de rejets se multiplient.
Puis, vient l’hiver : et là encore certaines plantes n’arrêtent pas de pousser provoquant l’agacement, l’étonnement de beaucoup alors que d’autres trouvent qu’ils les protègent. Pourtant, les végétaux semblent tout envahir provoquant manifestations et groupes sur les réseaux pour en parler et organiser ce qu’ils appellent la résistance. Partout l’angoisse monte, les humains adultes se mettent à muter aussi avec des excroissances végétales. Et partout la vie change et les transformations sont absolument magnifiques, on en oublierait presque d’être inquiet avant l’arrivée du printemps …
Beaucoup d’humains ont muté, d’autres devient extrêmement violents et veulent tout détruire. Le père de Clarence n’y arrive plus, sa douleur de perdre sa femme dans le comas, peu à peu le rend fou, le font prendre des décisions absurdes, extrêmes… et partout dans ces pages en noir et blanc les plantes, les fleurs, les branches poussent, rendent les humains qui mutent, tellement beaux, tellement différents, tellement heureux.
Enfin l’été et au détour d’une page, la couleur envahit les pages, de nouveaux la fin des dialogues et dans cette foret luxuriante et pleine de vie, presque dérangeante à l’épreuve de la couleur, Clarence et la jeune fille du début volent d’arbres en arbres, beaux, ne faisant qu’un avec la nature …
Cet album est totalement bouleversant, par l’histoire qu’il nous conte, par la beauté éblouissante de chacune des pages, par les transformations, les compromissions, la nécessité de passer au-delà des peurs. La couverture surement avait attiré votre attention, sublime, l’intérieur est à l’unisson et monte en puissante et on en sort le coeur battant avec ce sentiment que nous ne sommes pas prêts d’oublier les images imprimés sur notre rétine et les émotions qui en sont nées. Une fable étonnante sur ce que nous sommes, ce que nous pourrions être et le rappel de nos liens essentiels avec la nature. Absolument indispensable et splendide.
Jean-Luc
Verts
Scénario : Patrick Lacan et Marion Besançon d’après un récit de Patrick Lacan
Dessin et couleur : Marion Besançon
Editions Rue de Sèvres, 15 mai 2024, 28 €
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