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10 janvier 2011

Interview Fabrice Colin

Lorsqu'il était venu nous voir l'année dernière nous avions posé quelques questions à Fabrice Colin et comme il est particulièrement patient, gentil et talentueux
(vous en conviendrez sans peine) voici ses réponses.
Que Fabrice soit donc remercié pour sa gentillesse, sa sympathie, sa disponibilité et tout...

 

 

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Vous êtes un auteur très connu, voir une des stars des plumes de la littérature française. Pour ceux qui croient vous connaître et ceux qui vous découvrent comment vous présenteriez vous ?

 

Star ? Pas du tout. Je suis juste quelqu’un qui écrit beaucoup. J’ai publié mon premier roman en 1997, à vingt-cinq ans. Je suis issu de la génération « jeux de rôle, » biberonnée aux livres dont vous êtes le héros, à Donjons & Dragons et la Nintendo 64. Un rejeton de la pop-culture, en somme. J’ai appris sur le tas.

 

Vous écrivez en littérature jeunesse et adulte. Ces deux univers vous sont-ils nécessaires ? Est-il facile de passer de l’un à l’autre ? Pense-t-on adulte ou jeunesse quand on écrit ?

 

L’adjectif « nécessaire » paraît approprié. J’ai besoin des deux, en effet. De manière générale, mes écrits estampillés adultes sont plus introspectifs, plus violents et plus sombres que mes romans jeunesse. Mais je ne suis pas de ceux qui désirent protéger à tout prix le lecteur adolescent, au contraire : on peut émerveiller, et on peut aguerrir. La littérature jeunesse représente, à cet égard, un formidable espace de liberté.

 

En littérature jeunesse vous êtes particulièrement prolixe (ce n’est pas un reproche, nous on aime !) Comment faites vous ? (vous avez 150 ans d’avance ? Etes vous humain ?)

 

C’est plutôt aux autres qu’il faudrait poser la question : ceux qui prétendent avoir besoin d’un ou deux ans pour accoucher d’un roman de 300 pages – et on ne parle pas de Finnegans Wake.
J’écris vite. La régularité fait le reste. 9h – 18h, travail même le week-end et jamais de vacances totales.

 

Ces multiplications des univers : un besoin ? La crainte de se faire enfermer dans un genre ?

 

Un besoin, définitivement.

 

De nombreux romans (La Saga Mendelson, Les Etranges sœurs Wilcox…) ont un fond historique. A quoi cela est-il dû ? Une évidence pour vous ? Cela vous demande-t-il beaucoup de recherches, de documentation ?

 

J’ai un grand appétit de découverte : chaque nouveau livre est une plongée en territoire inconnu. Se documenter est un immense plaisir. Du coup, la concentration suit, et le temps se comprime.
Pour les Etranges sœurs Wilcox, c’est un peu différent : Londres, New York et Venise (où se passe le 3e tome) sont des villes que je connais bien.

 

Vos références, vos héros, vos romans ont souvent pour cadre un monde anglo-saxon (Amérique, Angleterre au XIXème siècle) idéal ou inquiétant : fascination ? « Rêve américain » ? Pourquoi ces références constantes ?

 

L’Amérique est une obsession, depuis mon premier roman. La verticalité de New York (une certaine idée du vertige), l’horizontalité de Los Angeles (le pays des anges, des morts et des rêves brisés) et, entre les deux, les grands espaces, le désert, où l’imagination se déploie.
Ma fascination pour le 19e siècle, elle, est d’ordre esthétique : c’est un amour d’adolescence dont je ne me suis jamais défait.           

 

Quelques questions sur vos romans

 

-       Pour la Malédiction d’Old Haven et son double masculin le Maître des Dragons, vous avez dit (Citrouille juin 2009) que vous avez un projet de troisième volume : où en est-il ?

 

Un synopsis a été écrit ; un contrat signé, même. Mais, dans l’intervalle, un autre roman m’est « tombé dessus » : Bal de Givre à New York, qui sort chez Wiz ces jours-ci. C’est un livre qui s’est imposé à moi de façon assez inattendue. Du coup, le troisième volet de ma pentalogie américaine (car j’ai cinq livres à l’esprit) attendra.

 

-       La Saga Mendelson est une trilogie étonnante par bien des aspects. On ne vous attendait pas vraiment ici. Comment pourriez vous qualifier en quelques mots cette aventure passionnante ? A-t-il été difficile de vous « brider », de vous limiter à trois tomes ?

 

Au départ, je voulais écrire dix tomes (raclement de gorge des éditeurs, éclats de couteaux doucement tirés). La Saga… est un projet déjà ancien, né de ma fascination pour la genèse d’Hollywood. J’ai éprouvé un intense plaisir à accompagner cette famille sur un siècle entier, à revisiter l’Histoire par son prisme.

 

-       Avec Les sœurs Wilcox on retrouve un univers plus familier pour les fans de La Malédiction d’Old Haven. Combien de tome comprendra la série ? Comment écrire différemment comme vous le faites sur les vampires en pleine vague Twilight et autres ? Cela influence-t-il les envies, les histoires ?

 

La série comprendra quatre tomes. L’idée est née à un moment où la tétralogie de Stephenie Meyer n’en était, commercialement parlant, qu’à ses balbutiements. Il ne s’agit nullement d’un calcul.

Le vampire de Twillight, sexy en diable, n’a rien de foncièrement original : Anne Rice a déjà écrit tout ça il y a vingt ans, et avec plus de panache à mon sens. En ce qui me concerne, je préfère envisager le vampirisme comme une malédiction engendrant la cruauté, la paranoïa et une létale froideur d’âme.

 

-       Dans la vie extraordinaire des gens ordinaires, vous surprenez de nouveau vos fans avec des histoires courtes, des nouvelles. Ce genre nécessite-t-il pour vous une adaptation plus grande  que pour écrire un nouveau roman au format plus classique ?

On a le sentiment d’entrer dans l’intimité des ces hommes et de ces femmes, sans voyeurisme, (comme une présence bienveillante …). Là encore, tout est-il inventé, fantasmé ? Des histoires vraies ? Beaucoup de documentation ?

 

Rien n’est vrai. Le livre est né de mon envie de recycler tous les germes d’histoires qui hantaient mon cahier de notes – germes dont je savais qu’ils ne deviendraient jamais, faut de temps, des romans à part entière.

Souvent, les lieux décrits sont des endroits que j’ai déjà visités : un parc à Munich, un cimetière à Rome, une maison à Londres, une rue dans Coney Island, etc. Pour le reste, il m’a fallu me documenter, effectivement. Mais les décors étant souvent minimalistes, cela ne s’est guère révélé insurmontable.

 

-       Pouvez-vous nous dire quelques mots de Bal de Givre à New-York, qui sort ces jours-ci chez Albin Michel dans la collection Wiz ?

 

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Une jeune fille reprend ses esprits : elle vient d’être percutée par une voiture. Un jeune homme sort de la limousine. Il est jeune, séduisant, vêtu de blanc. Il courtise notre héroïne avec assiduité.

La jeune fille rentre chez elle : ce New York dans lequel elle évolue, elle le connaît sans le connaître. Des détails ne « collent » pas. Le passé lui échappe. Elle se souvient sans se souvenir. Un troisième personnage, le Masque, semble la suivre à la trace.

Bal de Givre à New York est un roman dont le sens profond ne se dévoile que dans les trois dernières pages. Le commencer par la fin est fortement déconseillé.

 

Dans vos romans vous défendez les valeurs de fraternité de démocratie… Certains de vos titres comme Memory Park  sont même de véritables romans engagés ! Alors Fabrice Colin écrivain engagé ?

 

Pas du tout. C’est même une notion qui me gêne. L’engagement en littérature, à moins d’habiter au Pakistan, en Iran ou en Chine, n’est souvent qu’une occasion de se mettre en valeur à peu de frais. La question est : qu’est-on prêt à risquer ? Je n’ai aucune leçon à donner, aucun message à transmettre, si ce n’est « nous sommes vivants, c’est un foutu miracle. » Je peux être engagé dans ma vie d’homme – on ne l’est jamais assez – mais ça relève de la vie privée.

 

Dernière question : vous donnez le sentiment d’être très entouré, très fidèle en amitié… Quel rôle votre entourage joue-t-il dans votre vie d’écrivain ?

 

Ma femme joue un rôle essentiel : lectrice et présence attentive. Quelques lecteurs et relecteurs fidèles gravitent également autour de moi. J’ai des amis écrivains, des amis éditeurs, ou illustrateurs, de Claro à Xavier Mauméjean, d’Oliver Gallmeister à Jérôme Noirez en passant par Michael Moorcock et François Place.  Mes éditrices et éditeurs sont, par ailleurs et pour la plupart, des amis chers.

 

 

Retrouvez quelques uns de titres de Fabrice Colin  en cliquant sur les visuels de couverture.

 

Gens.jpgrsz_2soeurswilcox1.jpglessoeursWilcoxII.jpglamalédictiond'OldHaven.jpglemaîtredesdragons.jpgMendelsonI.jpgMendelsonII.jpgMendelsonIII.jpgmemorypark.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Propos recueillis par Jean-Luc Clerc. Merci beaucoup Fabrice. 

Publié dans #Ados, #romans junior, #SF et Fantastique | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook

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