Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25 janvier 2010

Sur les trois heures après dîner

Sur les trois heures après dîner.jpg

Michel Quint
Éditions Gallimard Jeunesse, Collection Scripto
(Première édition : Belem éditions, 2004) février 2009, 7€

« On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans. » Voilà ce que proclamait Rimbaud. Ici pourtant, Rachel a dix-sept ans et sa vie bascule. Tout devient sérieux quand elle tombe amoureuse... de son professeur de théâtre, Thomas Bertin. Le soir de leur rencontre, elle comprend qu'elle aimera cet homme jusqu'à son « dernier battement de cœur. » Oui, mais voilà, Thomas Bertin a déjà une compagne, Babette, et est heureux.

Nous sommes dans l'univers du théâtre pourtant, et la tragédie frappe lorsqu'un jour, Thomas ne se présente pas en cours. Rachel, inquiète, décide de se renseigner et entre de plain pied dans le monde de la maladie. Un monde où la force de son amour l'amènera à l'impensable. Et Cyrano de Bergerac deviendra le projet d'une vie. La très symbolique scène de l'agonie de Cyrano pendant qu'il lit à Roxane la « lettre de Christian » se révélant emblème de l'histoire d'amour de Thomas et Rachel.

Récit d'un amour passionné, hors-normes, récit d'une amitié étonnante, d'une alliance contre le destin, ce court roman a la grâce des précédents ouvrages de Michel Quint (Effroyables jardins). Dans un style dépouillé, concis, parfois lapidaire, avec une syntaxe heurtée. La mise en abyme de la tragédie dans la tragédie, quoiqu'un peu convenue peut-être, fonctionne. Sans jamais tomber dans un pathétisme déplacé, ni dans l'expression d'un sentiment amoureux juvénile débordant, Michel Quint nous parle de la force des femmes, de la force de leur amour, et évite les pièges de la trop classique amourette entre l'élève émerveillée et son - oh - si merveilleux professeur. Tragédie, ce roman est aussi roman d'apprentissage et histoire d'une vocation. Rachel devra grandir. Vite. Brutalement. Et aimer. Éperdument. Sans égoïsme. Se relever et vivre enfin.

Une bien belle lecture adolescente.

Mathilde Piccoletti

Publié dans #Ados, +critique des lecteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook

Percy Jackson

9782226207180-j.jpgRick Riordan
Traduit de l'anglais (américain) par Mona de Pracontal
Editions Albin Michel, collection WIZ, trois tomes parus.

 

Une série de l'auteur américain Rick Riordan, absolument formidable surtout si vous aimez la mythologie grecque et la mise au goût du jour de la présence des dieux de l'Antiquité, de leurs aventures, le tout dans un cadre très contemporain. La série se construit sur un postulat de départ simple : les dieux grecs ont non seulement existé, mais ils sont toujours parmi nous. Simplement, ils se sont lassés de ceux qui pendant longtemps ont été leurs jouets et l'objet de leur désir ou de leurs caprices pour intervenir de moins en moins voir plus du tout dans notre vie quotidienne. Oubliés depuis longtemps, ils sont relégués au rang de légendes et de vieilles histoires plus ou moins oubliées. En décidant de ne plus intervenir dans notre monde, les divinités antiques s'étaient engagées également il y a bien longtemps à renoncer à séduire les hommes ou les femmes de l'espèce humaine et donc de ne plus avoir d'enfants avec eux. En effet, ces enfants sont particuliers, ce sont ce que l'on appelle des sang-mêlés ou demi-dieux dont la puissance et les pouvoirs peuvent être dangereux notamment depuis qu'une prophétie a prédit que l'un d'entre eux pourrait provoquer la perte et la fin définitive cette fois-ci des dieux de l'Olympe.

 

Mais un dieu de l'Olympe peut-il être raisonnable et se tenir à ce genre de promesse ?  Ont-ils été capables de résister à la tentation de séduire des humains ?

Bien écrit (très bien traduit) d'un style alerte, Percy Jackson est devenu une série avec la parution du tome III (nouvelle jaquette chez Wiz pour les trois tomes Les personnages dont le héros et de nombreux seconds rôles sont pertinents : voir le satyre Grover amateur de canettes et de fer blanc ; ou la description corrosive des dieux. Ils gagnent en profondeur au fil des tomes. Les aventures sont palpitantes : découverte d'un lieu spécial pour enfants de la même origine protégé des humains ;  complot contre les dieux ;  malédiction ;  monstres assoiffées de sang (-mêlés).

Un savant mélange d'aventures dans notre monde contemporain, et pour les amateurs, de mythologie grecque. Les mythes sont utilisés comme toile de fond de façon intelligente et cohérente : les amateurs ne peuvent ignorer l'une des rares séries jeunesse qui traite de façon aussi complète ce thème ; avec des personnages fragiles qui se cherchent (recherche du père absent...). Une vraie bonne idée, une série passionnante.

Lire la suite

Publié dans #Ados, #romans junior, +critique des lecteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook

L'héritier de Dracula

L'héritierdeDracula.jpg

Sam Stall
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) Stan Barets
Illustrations de Roland Sarkany
Editions Tornade, septembre 2009, 23€

"En 1897, Archibald Constable & Co publièrent Dracula, le roman de Bram Stocker, chef d'oeuvre de la littérature fantastique.
Mais, pour une raison inconnue qui fait encore gloser les spécialistes, l'éditeur, à la veille de l'impression, retira de cette oeuvre le premier chapitre qui ne fut jamais publié. Or, voici qu'il réapparaît aujourd'hui, au coeur de cette troublante énigme interactive. L'héritier de Dracula se déroule dix ans après les terrifiants événements narrés dans le roman originel. Jonathan et Mina Harker forment un couple heureux et vivent à présent à Bixby, en Angleterre.
Leur ami, le docteur John Seward, est alors sur la piste d'une série de meurtres qui lui semblent étrangement familiers. A l'occasion d'une crise de somnambulisme, une fillette de 14 ans s'enfuit du domicile familial et disparaît dans la nuit. Deux autres victimes, " mortes accidentellement ", sont découvertes vidées de leur sang. Or, on n'en retrouve pas la moindre trace sur les lieux du drame. Lorsque le docteur Seward fait part de ces étranges constatations à Abraham van Helsing, le célèbre chasseur de vampires, tous les soupçons semblent accuser Jonathan Harker.
En effet, Harker, invité par le comte, a séjourné plusieurs semaines au château de Dracula. N'aurait-il pas été infecté sans le savoir ? Et si depuis dix ans, ce digne gentilhomme anglais, métamorphosé en nosferatu, se dissimulait dans l'ombre ? A moins qu'une autre créature ne nargue la justice depuis tout ce temps ? Cette effrayante énigme repose sur 8 indices dont le fac-similé sont inclus dans cet ouvrage.
On y trouve notamment un journal d'époque, un certificat de décès, le carnet personnel de Renfield ou le premier chapitre originel du Dracula de Bram Stoker. Si vous pensez avoir résolu ce mystère, vous pourrez ouvrir le dernier cahier (scellé par l'éditeur) et mesurer ainsi vos qualités de détective."

« Tournez les pages si vous l'osez »... ainsi commence l'héritier de Dracula. L'avocat John Keslo qui publie ce récit, suite à la gestion d'une succession, semble bien en peine d'avoir eu ces informations en main. Et la suite de l'aventure va lui donner raison. Commence alors le récit à proprement parler, se succèdent des lettres du docteur Abraham Van Hesling au docteur John Seward, puis des extraits du journal du même docteur.
Fidèle à la collection, les indices apparaissent sous formes de fac-similés allant du journal à un chapitre non publié du Dracula de Bram Stoker.
Les protagonistes, le docteur Seward comme son assistante le docteur Morrigan sont sur les traces du vampire. Ils soupçonnent Jonathan Harker. Mais la vérité est-elle aussi évidente ? La théorie des demi-sangs de Van Hesling est-elle la réalité ?

Un très beau livre à la couverture douce et matelassée tout de rouge sombre vêtue, une publication soignée bien mise en page à la typographie bien choisie. Un très bel objet.
Une enquête passionnante, qui ravira les amateurs du genre. L'épilogue de cette aventure vous apprendra ce qu'il en est devenu de John Keslo avocat : oserez-vous briser le cachet de cire qui dévoilera toute cette sombre histoire ?

Joseph

Leven Thumps et le Royaume de Foo

Leventhumps.jpg

Leven Thumps et le Royaume de Foo
Obert Skye
Traduit de l'anglais par : Marianne Bertrand
Pocket Jeunesse, novembre 2009,  18€


Leven Thumps dort sous une véranda dehors, ses tuteurs fermant la porte d'entrée de peur d'être cambriolés ou pire dérangés par Leven. Le quotidien de Leven, depuis sa naissance où il a perdu sa mère, est insupportable. Son père étant décédé, la demi-sœur de sa mère est la seule famille qui lui reste. Aigrie par son travail et son mari paresseux, sa tante n'a pas rendu l'enfance de Leven tendre et chaleureuse. Il pensait que c'était la fatalité jusqu'à une nuit où il aperçu de sa véranda, des ombres rampantes à la recherche de quelque chose, qui se sont rapprochées un peu trop près de son lit. Sous celui-ci il a découvert un petit être ressemblant à un chat sans poils avec d'immenses yeux bleus répondant au nom de Gris-Poil et au discours des plus énigmatiques.

La vie de Leven bascule, une mission l'attend dans le monde de Foo, le monde des rêves, qui risque de disparaitre s'il ne détruit pas une porte qui y accède avant Darius, créature aux noirs desseins. Dans son aventure il va rencontrer Neige, fille venant de Foo échangée dés l'enfance, qui a grandit ici afin de l'aider le moment venu. Cette folle équipée serait incomplète sans Geth, Gardien chargé de préserver Foo et qui doit les guider vers la Porte. Geth, conservé à l'état de graine, a poussé et est devenu un arbre magnifique qui a veillé sur Leven toute son enfance. Mais comment un arbre va-t-il pouvoir les guider dans leur mission ?

On passe d'un univers quotidien à un monde magique avec ses propres règles et ses indices dans le monde réel comme des ombres sur les reflets d'une carrosserie par exemple. Il faut seulement être attentif ! Foo est le monde des rêves où des créatures les transforment et les renvoient dans la réalité vers leurs propriétaires. Darius sème la désolation à Foo, il a pris le pouvoir et ambitionne de passer la Porte qui mène au réel et de régner sur les deux mondes.

Dans la première partie qui compose le roman, on découvre l'enfance et la vie de Leven ainsi que celle de Neige avant les découvertes simultanées des dons naturels de Neige et de Gris-poil par Leven. Dans la seconde partie on plonge dans l'aventure truculente de cette folle équipée pleine de fantaisie. En effet, le style est plein d'humour, les personnages ne se prennent pas au sérieux, ont plein de doutes et de questions ce qui les rends très attachants. De plus un petit glossaire à la fin de l'ouvrage permet de revenir sur les personnages et de bien comprendre leurs rôles.

Laissez-vous transporter sans hésitations dans le monde merveilleux de Foo ! Avec Leven, Neige, Geth et Gris-Poil : le rire, l'aventure et la magie seront au rendez-vous !

Delphine V.

Demain ne vient Jamais

Demainnevientjamais.jpg

Joaquin Dorfman
Traduit de l'anglais par Maïca Sanconie
Editions Milan Jeunesse,Collection Macadam, avril 2009, 11€

 

« Hier, Kyle McDermott avait tout. L'admiration des étudiants de la prestigieuse Wellspring Academy. L'amour de la sublime Jenna. L'amitié inconditionnelle de Patrick. Mais aujourd'hui, rien n'est plus pareil. Kyle a changé. Capitaine de l'équipe de foot américain, il ignore complètement ses coéquipiers. Caïd du lycée, il est devenu gentil. Et pire que tout : Kyle prétend pouvoir changer le futur. Tout ça n'e peut que mal finir... »

Ce nouveau roman de Joaquin Dorfman commence par une scène d'anthologie : imaginez une bande de fauves, un troupeau déchainé à la poursuite d'une malheureuse victime (Edmund) sur laquelle ils vont s'acharner et à qui ils vont arracher une promesse de silence contre la menace de diffusion d'une photographie compromettante. Kyle, la vedette du lycée, ses potes Zack, Cody , son meilleur ami Patrick, sa pom-pom girl de petite amie Jenna : un monde normal d'un lycée américain ! Une journée, une soirée normale entre potes : Kyle, Jenna et Patrick.

Le souci, c'est le réveil : Patrick va se retrouver confronté paniqué à un nouveau Kyle McDermott aux antipodes de l'ancienne star du lycée et à une petite voix qui dans sa tête, commente parfois de façon acide les événements.
Le livre va ensuite se diviser en trois chapitres, trois fois aujourd'hui avec une montée du mystère, de l'étrange et de la tension. Le malaise s'installe : que s'est-il passé cette nuit là ? S'est-il passé quelque chose d'ailleurs ? Kyle n'est plus dans son état normal, mais pourquoi ? Peut-on voyager dans le temps ? Peut-on changer l'avenir en modifiant le passé ?

Le roman de Jaoquin Dorfman évoque ces univers où tout va bien en apparence, où tout paraît normal mais où tout peut basculer. Il utilise différentes échelles de temps de la vie de ses personnages, de Kyle, star adulée dont les parents sont aux abonnés absents, à Patrick ignoré par ses parents,(traumatisés par un événement dramatique de son enfance...)
Le livre, tout en distillant une angoisse progressive sur l'avenir des héros, pose ainsi au passage des questions sur notre société, sur ces parents absents, mais riches, sur la violence dans les lycées américains, sur le sport, sa pression et les extrémités auxquels peuvent être entrainés ses adeptes.
Un excellent roman mêlant suspens, tension et une grande humanité avec des personnages attachants qui devront trouver leur voie et guérir leurs blessures pour entrer, avec la symbolique remise des diplômes de fin d'étude, dans l'âge adulte.

Vous ne lâcherez pas facilement Demain ne meurt jamais et ne l'oublierez pas non plus. A lire absolument.

Jean-Luc Clerc

Publié dans #Ados, +critique des lecteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook

Dracula Tome I et II

DraculaCaryI.jpg

Kate Cary
Traduit de l'anglais par Emmanuelle Pingault 
Tome I : l'héritier ; Tome II : la rédemption
Editions Milan Jeunesse, 2008, 9€50.

Deux romans bien construits sur le mythe des vampires qui introduisent toute une gamme de sentiment : la peur, la cruauté, la fascination et également la sensualité et la séduction. Tous les attributs de la littérature classique des vampires y figurent. En effet contrairement à d'autres romans issus du même imaginaire (Twilight de Stéphanie Meier, ou Les vampires de Manhattan de Melissa de la Cruz) on retrouve ici tout le côté sombre, angoissant de la littérature vampirique tout comme les moyens plus ou moins romanesques ou rocambolesques sensés se débarrasser de ces monstres.

Une série intéressante, menée tambour battant, fort bien écrite qui séduira les adolescents amateurs de ce genre d'histoires et les mènera vers une littérature plus adulte du genre. A découvrir.

 

 

Lire la suite

Publié dans #Ados, +critique des lecteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook

18 janvier 2010

WonderlandZ

WonderlandZ.jpg

Jean-Luc Bizien
Editions de l'Archipel, Collection ARCHImaginaire, mai 2009, 14€95

 

« Malgré les apparences, Wayne est un dragon. Son plaisir : l'odeur de la peur que les humains sécrètent avant la mort. Sa loi : ne jamais se révéler à eux. A moins de s'assurer de leur totale adhésion... ou d'un silence définitif... »

 

Wayne est donc un dragon. Dès le départ d'ailleurs un dragon en but aux attaques de ses ennemis, car cela devient très vite évident : quelqu'un ou quelque chose lui veut du mal, le veut mort.

Dans le même temps, vous découvrirez Sarah, jeune auteure de roman policier à succès, qui n'a jusqu'alors jamais connu la page blanche, mais qui sèche lamentablement sur son nouveau roman, elle qui rêve de changer de genre et d'écrire un pur roman d'Héroïc Fantasy.

Les chapitres permettent peu à peu de découvrir les principaux protagonistes et leur univers. Vous plongerez avec délice « au pays des Merveilles » et oui celui d'Alice, que Wayne connaît bien pour avoir longtemps fréquenté son auteur au temps de sa splendeur... ce que vous découvrirez au fur et à mesure du roman est surprenant et familier à la fois, comme cette bonne vieille reine de cœur toujours aussi hystérique : « mais qu'on lui coupe la tête !!!!!!! ».

Ne vous leurrez cependant pas : ce roman est tout sauf un conte de fée. Jean-Luc Bizien est bien connu pour ses romans mais également pour être le créateur de nombreux jeux de rôles. Et on sent la patte du maître dans le fonctionnement de l'écriture, nerveuse, rythmée, les changements brutaux entre le rêve et la réalité, le passage d'un monde à l'autre.

Intéressant également cette idée que les dragons ont finalement besoin des humains pour exister : sans les rêveurs, ils disparaissent. Les liens qui se tissent entre les personnages, les histoires qui se croisent s'imbriquent sont complexes et fort bien construites.

 

La présente édition de WonderlandZ, est une version revue et corrigée du roman paru en 2002 aux éditions du Masque qui avait valu à son auteur le prix Fantastic'Arts. Il est le deuxième  titre paru aux éditions l'Archipel da ns leur nouvelle collection ARCHImaginaire avec le roman de Lorris Murail (Ce que disent les nuages, voir chronique sur le site).

WonderlandZ est un très bon roman dans lequel on entre facilement et qu'on n'a plus envie de lâcher. Son écriture nerveuse, nous pousse à vouloir connaître rapidement la suite et le destin des deux principaux protagonistes dont vous vous doutez que les routes vont se croiser et devenir inséparables.

De la magie, du suspens, du rêve, de l'action qui monte parfois en puissance, le tout fait de ce roman une très bonne lecture pour les grands adolescents et adultes.

A savourer.

Côme

Publié dans #Ados, +critique des lecteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook

Deux Cierges pour le Diable

Deuxciergespourlediable.jpg

Laura Gallego Garcia
Traduit de l'espagnol par Faustine Fiore
Editions BAAM, juin 2009,15€

 

« De nos jours, plus personne ne croit aux anges, même s'il ya des gens qui croient aux démons. Pourtant les anges existent vraiment. Ils ont toujours existé. Comme je le sais ? Parce que mon père en était un. Avant d'être assassiné. Je n'ai désormais plus qu'une idée en tête : trouver le démon qui a fait ça et le tuer de mes propres mains. »
Ce roman de Laura Gallego Garcia nous entraine à travers l'Europe et le monde à la recherche des assassins de l'ange Iah-Hel le père de Caterina. Drôle de gamine que cette adolescente qui peut paraître un peu perturbée, mais on le serait à moins : elle est la fille d'un ange et n'a jamais connu sa mère. Elle a suivit son ange de père dans ses déplacements jusqu'à son assassinat quelque part en Pologne.

A partir de là les évènements vont s'enchaîner et nous permettre de découvrir avec effarement parfois effroi que notre monde est peuplé d'anges et surtout de démons. Vous apprendrez peu à peu pourquoi les anges souffrent d'une mystérieuse maladie la Plaie et qu'ils disparaissent peu à peu, et pourquoi les démons poursuivent leur lutte ancestrale contre les anges.
Combats à l'épée, pouvoirs, secrets bien gardés et enfuis dans le temps, complots entre les factions de démons pour détrôner Lucifer, mais également histoire des anges et des démons. Vous croiserez au fil des pages les anges Yeiazel, d'autres moins connus dépressifs ou perdus dans ce monde pollué par les hommes et en cours de destruction, mais également Métatron le roi des Anges, et les archanges Michel, Uriel ou Gabriel. Mais ce livre regorge également de démons qui ont souvent le rôle principal comme Angelo, Lucifer, Nébiros, Azazel, Nergal, Orias l'oracle et bien d'autres.
Ecrit à la première personne, Deux cierges pour le diable met donc en lumière le destin de Cat, jeune femme à l'ascendance très particulière, sa vie mouvementée et sa recherche désespérée pour la vérité : qui a tué son père et pourquoi ? Pourquoi les anges et les démons poursuivent-ils leur combat ? Quelles sont leurs origines ? Le livre pose la question des liens d'amitié, de confiance entre les différents protagonistes, mais également en toile de fond le rôle des hommes sur la terre, sa pollution et sa destruction progressive pour laquelle il faut faire quelque chose d'urgence. Une histoire également sur la mémoire et l'intérêt de sa transmission aux générations futures.

Il est toujours difficile d'aborder un autre roman (voir sur le site les chroniques de la Tour) d'un auteur qu'on apprécie particulièrement. Laura Gallego Garcia nous offre ici un nouvel opus à la fois fidèle à ses histoires précédentes et différent par sa trame et son rythme. Peut être déstabilisant au départ, le roman monte en puissance et si vous aimez les histoires d'anges et de démons vous ne serez pas déçus et irez au terme de ce très bon roman sans gros efforts. De nouveau un très bon moment de lecture.

Joseph C.

Publié dans #Ados, +critique des lecteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook

11 janvier 2010

La douane volante

Ladouanevolante.gif

La douane volante
François Place
Gallimard Jeunesse, janvier 2010, 13,5€

 

Début janvier, la nouvelle tombe, un nouveau François Place arrive. Fin prêt j'attends la sortie et là : étourdi que je suis, ce n'est pas un album ! Et si comme moi vous attendiez également les sublimes illustrations de François Place, vous allez devoir vous contenter de la couverture (petite consolation). Car c'est fait, il est passé au roman et quel roman. Votre premier moment de déception quand aux images sera vite effacé, happé que vous serez dès les premières lignes.

Faites la connaissance de Gwen le Tousseux, cet adolescent souffreteux aux bronches fragiles qui va mal supporter son premier voyage en mer et être sauvé par le rebouteux du coin le père Braz. Grandir dans ces conditions, difficile, et la vie n'est pas tendre avec Gwen, en cette veille de la première Guerre mondiale. Et alors que certains de ses camarades du même âge, certains de ses bourreaux vont partir au front,  lui ? Lui, va ...

Et là tout bascule, au rythme de l'Ankou et de sa charrette, Gwen va devenir Gwen de Waarm « protégé » par Jorn le garde côte qui va devenir douanier. Un des membres de la redoutable douane volante qui quadrille la totalité du pays en contrôle les entrées et surtout en empêche les sorties.

Un univers fantastique va se dérouler sous vos yeux impatients : de la tendresse avec Silde ou Saskia ; des sourires avec l'insupportable pilbil siffleur drogué aux graines de soliris mélancolique imbibées de genièvre ; les terribles Jardins de Sel ; tout un éventail de personnages comme Nez-de-Cuir, Tord Boyaux, les contrebandiers, Yvon , les enfants, les médecins de la ville (les personnages de Molière ne sont pas loin).

François Place signe ici une fresque magnifique et vous donnera le sentiment de plonger en apnée tout en douceur, avec l'envie de ne rien lâcher, avec ce sentiment de retrouver de loin en loin un univers familier et nouveau à la fois. L'auteur nous livre ici une vision cruelle des hommes, sombre souvent, avec un héros, Gwen, qui va affronter la cruauté, la lâcheté, la fatalité et le sentiment que rien jamais ne change et que tout peut se répéter. Ce premier roman est un plaisir rare, à savourer sans modération, grâce à François Place l'année 2010 commence fort et bien. Quel bonheur ! A lire, relire et offrir.


A dévorer sans attendre et sans modération !

 

Jean-Luc Clerc

Le journal secret du Petit Poucet

Petitpoucet.jpg

Philippe Lechermeier, Poucet
Illustration :
Rebecca Dautremer, Poucet
Hachette Livre, Gautier-Languereau
Novembre 2009, 20€

 

Le Petit Poucet, dont les épouvantables aventures nous sont parvenues grâce à la diligence de M.Charles Perrault, s'empare du crayon pour nous raconter son histoire. Sur la trame du conte de PerraultPhilippe Lechermeier donne libre cours à son imagination débridée et construit page après page, jour après jour, un univers à la fois sombre, inquiétant, cruel et drôle à force d'absurde et de dérision.

Poucet est donc drôle, bien évidemment débrouillard, mais aussi tendre (son amour pour MaricrotteY Marigoult est absolument délicieux).

La poésie du texte, les trouvailles langagières et les situations drolatiques inventées par Philippe Lechermeier sont un véritable régal. Chaque jour est accompagné du nom d'un « saint » et d'un « adage » (ex. : sainte Éosine / saint Ôle). La famine est devenue Grande Privation. À l'école, se côtoient enfants des manants, des sarrasins, des chevaliers... Crémence, la fille du seigneur, est favorisée et énonce doctement que « les manants, c'est comme les Sarrasins, il y en a beaucoup trop dans le royaume ». Maître Maquart, enseignant rendu fou par l'absence de nourriture, finit par tenter de dévorer ses élèves. Des élèves nourris le plus souvent à la soupe aux graviers, aux pavés, aux os... Popette, l'épouvantable marâtre, est résolument odieuse, le père de Poucet est pathétique à souhait, les six frères de Poucet - Barnabé, Balthazar, Bertrand, Boris la saucisse (mais qu'il est bête !), Basile et Blaise, les jumeaux - sont dotés de personnalités distinctes. Et s'ils nous rappellent irrésistiblement les frères Dalton, est-ce bien un hasard ? Mme Bringuenaude, l'aubergiste et épouse de l'ogre Barrabas Barbak (Il fallait oser !), tient l'Auberge Rouge (Tiens, cela me rappelle quelque chose !). Et la crise finira par une révolte populaire... Non, Sire une révolution ! On s'attaquera d'abord à ceux qui accaparent la nourriture, puis à ceux qui ont le pouvoir mais ne font rien pour améliorer la situation du peuple. Et on redistribuera... les surplus de nourriture.

Ce journal est pour finir un hymne à la débrouillardise et à l'enfance.

Comme souvent chez Gautier-Languereau et sous le crayon de Rebecca Dautremer qui retrouve ici son complice Philippe Lechermeier, l'illustration de ce livre est extrêmement soignée,  pleine de petites trouvailles et de clins d'œil comme les scotchs de réparation des dessins abimés ou vieillis, le mélange d'illustrations douces si « classiques » chez Rebecca Dautremer, de cartonnés, , mais aussi les collages et les dessins plus « bruts », d'apparence moins travaillée, plus « potaches », enfantins... ceux du Petit Poucet, très certainement ! Ce projet a été en effet l'occasion pour Rebecca Dautremer de laisser libre cours à l'extraordinaire diversité de sa créativité artistique en tant qu'illustratrice et graphiste. Les très fameuses bottes de sept lieues ont ainsi été une maquette « grandeur nature » avant d'être intégrées aux dessins (Allez jeter un coup d'œil à son site web.: www.rebeccadautremer.com). Difficile de trouver un « repos visuel » au sein de cet ouvrage, les illustrations reflétant nettement le caractère parfois sombre, parfois plus amusant, décalé ou tendre du propos. Chaque page tournée révèle une nouvelle surprise. Quant à la première de couverture, elle se passe de commentaire !

 

Ne vous y trompez pas : ce Petit Poucet n'est pas vraiment pour les tout-petits. Il faut déjà avoir acquis de bonnes bases de lecture et de compréhension du second degré, de l'ironie ou l'humour noir pour accéder pleinement aux textes. Les plus grands et les moins jeunes en revanche y trouveront leur bonheur et sauront savourer chaque page comme il se doit.

Un petit bijou !

Mathilde Piccoletti

Et parce que nous sommes fans : cliquez sur la suite

Lire la suite

Publié dans #Ados, #Albums, +critique des lecteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook

Les secrets de l'immortel Nicolas Flammel Tome I II

lensorceleuseIII.jpg

Les secrets de l'immortel Nicolas Flammel
Trois tomes parus
Michael Scott
Traduit de l'anglais par Frédérique Fraisse
Pocket Jeunesse

 

Les secrets de l'immortel Nicolas Flammel est une série parue chez Pocket depuis juin 2008. Son auteur Michael Scott est l'un des auteurs anglosaxons les plus connus et les plus appréciés. Et ce n'est pas cette série fantastique qui va nous convaincre du contraire. Tout est maîtrisé ici : l'art du récit, le suspens, les connaissances fabuleuses de l'auteur sur les différentes mythologies... Un réel plaisir et bonheur de lecture : à lire, découvrir et faire découvrir


Un très grand coup de coeur


ET même si la série est destinée à des lecteurs plus agés, je ne résiste pas à vous donner l'avis d'un lecteur plus jeune fan absolu de la série :Tome I, L'alchimiste.

"C'est l'histoire de deux jumeaux, une fille et un garçon. Leurs parents voyagent partout sur le globe, alors ils n'ont pas le temps de se faire des amis parce qu'ils déménagent tout le temps. Ces jumeaux s'appellent Josh et Sophie. Ils vont rencontrer les plus grands immortels au monde : Pernelle et Nicolas Flammel. C'est au cours d'une bataille de magie que Pernelle va être enlevée par John Dee qui recherche les Flammel pour les tuer mais aussi pour leur reprendre un livre ancien appartenant à Abraham le Juif.

A lire en vitesse ! Ce livre regorge de plein d'émotion, d'action, de monstres mythologiques qui ressurgissent du passé. Ce livre continue avec deux autres tomes."

Côme (10 ans)

Lire la suite

Elyon Tome I à IV

Au coeur des brumes.jpg

Patrick Carman
Traduit de l'anglais par Danièlle Laruelle.
Tome IV : Au coeur des Brumes.
Bayard Jeunesse, juillet 2009, 11€90

 

Voici venu le temps du tome IV d'Elyon. Un tome léger, un tome de transition, un tome qui remonte le temps.
Thomas et Roland Warvold, les deux frères légendaires des tomes précédents vont se dévoiler dans ce nouvel opus.
Alexa est embarqué avec Yipes et Roland sur le Warwick Beacon

Fermez les yeux, laissez vous porter par la voix de Roland. Installez vous confortablement sur le pont du bateau, flottez au milieu de la brume et entendez l'histoire des frères Warvold.

Vous les suivrez avec impatience dans leur horrible orphelinat, dans leur fuite, dans leur quête avec Thorn de Wakefield House,, remontez, arrêtez le temps avec Sir Alistair Wakefield et partez au final vers le royaume des enfants perdus menacé par une force maléfique qui hante désormais l'Océan de Solitude.

Passionnant de bout en bout, impossible à lâcher. Une réussite totale.

 

Une série passionnante qui saura séduire les jeunes et moins jeunes lecteurs.

 

Jean-Luc

Lire la suite

Publié dans #Ados, #romans junior, +critique des lecteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook

Tatoo

Tatoo.jpg

Jennifer Lynn Barnes
Traduit de l'anglais (américain) Nathalie Peronny
Albin Michel, Collection Wiz, 6 janvier 2006, 13,5€

 

Quatre amies aux caractères aussi différents que bien trempés, nous entrainent tout d'abord dans un centre commercial banal. Leurs chamailleries et leurs courses vont les amener vers une boutique dont la vendeuse étrange va leur proposer bijoux, barrettes et autres tatouages. Et c'est de là que part l'histoire, parce que ces tatouages, tout comme la vendeuse ne sont pas là par hasard et vont changer le destin des quatre jeunes filles. Ces tatouages ont en effet des effets étranges sur Bailey capable désormais d'entendre des voix et de provoquer des incendies ; Annabelle devient télépathe ; Zoé des prémonitions ; Délia elle modifie la forme et la couleur des objets en fonction de ses envies.

Des tatouages magiques donc, des voix inquiètes et inquiétantes qui vont appeler à l'aide les jeunes filles. Découvrez alors toute une mythologie avec Adea, Valgius et les autres Shide ; qui sont les « Lignes gardiennes » ; un spécialiste des langues anciennes ; la fée Morgane ; les Parques.

Jennifer Lynn Barnes est une jeune auteure américaine découverte en France en 2006 avec son roman Felicity James. Déjà elle nous entrainait à la suite d'une adolescente douée de pouvoirs étranges. On retrouve ici la même écriture fluide et légère, la volonté de donner de la profondeur et des sentiments à ses personnages, et puis les données surnaturelles comme par exemple dans Tatoo, les fils qui enlèvent l'âme des humains comme le monstre de Félicity James à la recherche lui aussi du fluide vital des êtres humains pour augmenter sa puissance.

Un roman léger, mais intéressant, drôle, bien construit avec des personnages aux multiples facettes et aux rapports complexes sur l'amour, l'amitié, qui devrait plaire aux adolescentes qui sauront s'identifier aux héroïnes et aux autres aussi notamment grâce aux légendes et à la magie. Laissez vous tenter.

Jean-Luc

Laurie Faria Stolarz : la série

Bleucauchemar.jpg

Laurie Faria Stolarz
Traduit de l'anglais (américain) : Valérie le Plouhinec
Albin Michel, collection Wiz, 13€

 

Une série écrite par une jeune américaine qui se déroule dans un campus américain. Lucy Brown l'héroïne a hérité des dons des femmes de sa famille à savoir celui de faire des rêves prémonitoires et d'être capable de pratiquer la magie... A découvrir pour les amateurs du genre. Une série qui gagne en intensité avec le deuxième tome.


Jean-Luc

 

 

 

 


Lire la suite

04 janvier 2010

Le temps des miracles

Letempsdesmiracles.jpg

Anne-Laure Bondoux
Bayard Jeunesse, Millezime
Janvier 2009, 11,90€

 

Anne-Laure Bondoux est de retour, et la retrouver dans ce temps des miracles est un véritable moment de plaisir littéraire. L'œuvre de Anne-Laure Bondoux est d'une étonnante constance ; depuis Les larmes de l'assassin en passant par Pépites, Le destin de Linus Hope, la Princetta et le capitaine, pour ne citer que ces quelques romans, cet auteur tisse un univers souvent doux-amer où l'humanité des personnages bouleverse, intrigue, séduit... mais laisse espérer... toujours.

Dès le premier chapitre, Anne-Laure Bondoux nous plonge dans la vie de Blaise Fortune.

« Le jour où les douaniers m'ont trouvé au fond du camion, j'avais douze ans. Je sentais aussi mauvais que le local à poubelles d'Abdelmalik, et je ne savais répéter que cette phrase : « jemapèlblèzfortunéjesuicitoyendelarépubliquedefrancecélapurvérité. » »

Le récit mené par Blaise, adulte, à la première personne du singulier nous introduit dans le monde des clandestins, et notamment des enfants qui un jour « débarquent » en France en espérant y trouver un asile, un accueil... un avenir. Venu du Caucase, Blaise-Koumaïl revient sur son arrivée en France, « pays des droits de l'Homme et de Charles Baudelaire », à l'âge de douze ans, muni de faux papiers malhabilement contrefaits et ne connaissant qu'une seule phrase. Seul et apeuré, car Gloria Bohème, sa mère adoptive qui l'avait recueilli suite au déraillement ayant coûté la vie à ses parents français et qui l'accompagnait, a disparu pendant le voyage. Entretemps Blaise aura obtenu la nationalité française, mais ne cessera de ressentir l'impérieux besoin de retrouver Gloria. À l'heure des retrouvailles, il nous présente son récit comme une absolue nécessité : pendant très longtemps, il n'a pas pu raconter, « et, quand vous ne pouvez pas raconter, vous avez l'impression de mourir d'étouffement. », mais maintenant que les années ont passé et qu'il le peut, il faut qu'il raconte. « Tout. Et dans l'ordre. »

S'ensuit un récit à la simplicité bouleversante - mais très travaillée, n'en doutez pas - où le point de vue de l'enfant se mêle à celui de l'adulte. Comment ne pas le suivre, cet adolescent en quête d'identité ? Et l'on ne peut que le suivre, captivé et touché ! Son histoire, Blaise la reconstruit, tentant de démêler les fils de sa courte, mais déjà chaotique existence. Une constante : l'omniprésence de Gloria à ses côtés ; malgré la guerre en Géorgie, la peur, la fuite devant les combats qui se rapprochent sans cesse et la misère, elle lui insuffle le courage de croire, d'espérer et d'avancer. De rencontres en rencontres (Fatima, Nouka, Modeste Koulevitch, Mme Georges, Prudence,...), de lieux en lieux, de rires en douleurs, de départs en arrivées. Jusqu'aux retrouvailles ultimes et à la révélation déchirante. Accompagnés de « l'atlas vert » repère absolu et intangible pour cet enfant balloté entre deux origines - et de trop nombreuses identités : entre mensonges et souvenirs, entre différents pays...

http://letempsdesmiracles.bondoux.net/atlas_vert/index.html

Vous l'aurez compris : voici un bijou à lire, à offrir ; puis à mettre en discussion. Le sujet est d'une brûlante actualité et ce récit peut devenir une belle façon d'introduire de jeunes lecteurs (à partir de 9-10 ans) au sort des réfugiés et de ceux que certains se plaisent à nommer « clandestins » ou « sans-papiers », comme si cela constituait le pire défaut du monde. Et se pose alors de façon entêtante la question de l'identité.

Une mention toute particulière, si vous le permettez, aux descriptions des personnages, toujours soignées et d'une grande finesse (par exemple, celle de Nouka, à la page 155).

 

Mathilde Piccoletti

Publié dans #Ados, +critique des lecteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook

Ne jamais tomber amoureuse Tome I

Nejamaistomberamoe.jpg

Melissa Marr
Traduit de l'anglais (américain) par Blandine Longre
Albin Michel, Collection Wiz, 6 janvier 2010, 14€

 

Amateurs de fées, du Petit Peuple ouvrez vos yeux ! Ce premier tome de Melissa Marr, commence comme un flash brutal qui nous transporte dès le prologue dans un monde étrange, merveilleux et cruel, celui des fées et  de la malheureuse qui doit être l'élue du Roi de l'été au risque de se transformer en fille de l'hiver.

Véritable coup de fouet, ce court chapitre vous prend au piège et vous emmène à la découverte d'Aislinn l'humaine, de sa grand-mère, de ses amies, de Seth : ils vivent dans la ville d'Huntsdale. Une ville américaine dans laquelle se trouvent également des fées et leurs homologues masculins, les fés. Des fées-loups, et tout un bestiaire fantastique et merveilleux qui frôlent, agacent les humains qui ne peuvent les voir sauf celles qui comme l'héroïne ont le don de Vue, celui bien lourd à porter d'être capable de voir les fées et leurs agissements et d'entendre ce qu'elles disent.

Et Aislinn a eu le malheur, elle qui depuis toute petite fait tout pour leur être le moins visible possible, d'être remarquée par le Roi de l'été le sublime Keenan. Malgré tous ses efforts, elle va se retrouver prise au piège dans la guerre qui oppose depuis si longtemps, Fées de l'été, de l'Hiver et des Ténèbres.

S'il vous plait, ne vous laissez pas dérouter par le titre et surtout la couverture, car ce roman est un petit bijou du genre. Pas de fioritures agaçantes comme dans tant de romans actuels, non, dès le départ, Melissa Marr est efficace et nous entraine dans un monde fabuleux, étrange, qui fait froid dans le dos. Terminé les fées clochettes craquantes mais caractérielles, ici celles que vous côtoierez sont dangereuses, presque venimeuses. Chaque chapitre débute par une citation d'un ouvrage spécialisé sur les fées... datant du XIXème ou du début du XXème siècle, renforçant l'ambiance du roman.

Premier tome d'une tétralogie, ce premier opus est superbement construit avec des personnages ambigus, aux facettes multiples ou pour une fois on nous épargne l'horripilant happy end. Et la fin donne la sensation que tout se brouille, vous le verrez comme si après l'éclair du départ, les choses s'étaient compliquées et brouillées au point que nous autres pauvres humains non doués de la Vue nous commencions à ne plus y voir très clair.

Un roman qui vous entraine, que vous aurez beaucoup de mal à lâcher. Reste à savoir où va nous entrainer l'auteur dans les tomes suivants. Mais pour le moment, ne boudez pas votre plaisir : foncez ! A lire !

 

Jean-Luc Clerc

Les chroniques de la Tour Tomes I à IV

ChroniquesdelatourI.jpg

Laura Gallego Garcia.
Traduit de l'espagnol Faustina Fiore
Tome I : la vallée des loups
Editions BAAM, février 2008, 13€

« Il existe de par le monde quelques Hautes Ecoles de Magie, secrètes et élitistes. Dana a l'incroyable chance d'être choisie comme élève par le Maître de la Tour de la Vallée des Loups. Mais pourquoi elle ? Y aurait-il un rapport avec l'existence de Kaï, ce jeune garçon qu'elle seule peut voir et entendre ? Ou avec cette mystérieuse prisonnière qui l'appelle à son secours ? Dana devra désobéir à son Maître pour venir en aide à cette étrange femme qui lui ordonne de partir à la recherche d'une licorne. Mais les loups de la Vallée semblent décidés à ne pas la laisser faire... »


Le Tome I des Chroniques de la Tour s'ouvre par une nuit de tempête et la naissance d'un bébé, une étrange petite fille aux cheveux noirs et aux yeux d'un bleu profond : Dana.

Cette petite fille de parents pauvres va grandir normalement jusqu'à l'âge de six ans moment de sa vie où elle va découvrir un nouveau compagnon de jeu, de vie : Kaï. Un détail cependant elle est la seule à le voir .

Elle sera ensuite confiée par ses parents, poussés au désespoir par la pauvreté et la misère, à un vieil homme, le Maître, qui va l'emmener au cœur d'une forêt profonde, dans la Tour de la Vallée des Loups.

Dana va grandir dans cet univers magique en devenant apprentie mage et y vivre des aventures fantastiques...

Méfiez-vous, Laura Gallego Garcia est une magicienne et dès les premières lignes elle saura vous prendre au charme de ses Chroniques. Tout y est réuni pour vous séduire : la richesse de l'écriture (bravo également à la traductrice), douce fluide mais prenante ; l'histoire qui monte peu à peu en puissance, laissant des zones d'ombres en suspens ; les personnages : Dana , Kaï, le Maître,  la naine Maritta, l'elfe Fenris... dont on découvre peu à peu la personnalité, la vie, le destin.

Commencer les Chroniques de la Tour c'est entrer dans un univers de magie, de fantastique mais aussi de sentiments profonds (amour, cupidité, trahison...)

Un excellent roman, un début de série palpitant dont le tome I se termine avec une partie de la résolution du mystère. A lire absolument.


La suite dans les Chroniques de la Tour II : la malédiction du Maître.


Jean-Luc

Lire la suite

Cathy's Book et Key Tomes I et II

Cathy'sKey.jpg

Cathy's Book et Cathy's Key
Sean Stewart et Jordan Weisman
Traduit de l'anglais  par Pascale Jusforgues
Bayard Jeunesse

 

Une série piquante, sous forme de journal intime, au rythme effréné : découvrez Cathy et ses amis. Leurs envies, leurs vies et les surprises auxquelles ils vont être confrontés.

 

 

 


 



Vous êtes curieux ? Cliquez sur la suite

 

 

Lire la suite

28 décembre 2009

Le palais des mirages

lepalaisdesmirages.jpg

Hervé Jubert
Editions Albin Michel, Collection WIZ, février 2009, 13€50

 

Bienvenu à Paris 1900, à l'Exposition universelle. Toute la ville vibre, respire au rythme de l'événement et notamment la famille Charpentier : Hippolyte, sa femme Marguerite, leurs enfants Wolfgang, Clara et leur grand-père Mérowak.  Et puis il y a aussi les amis, la famille Robida et le beau suédois héros de l'histoire Lukas Sandström...

Difficile de résumer le Palais des mirages tant les histoires s'imbriquent, se multiplient. Le livre est divisé en trois tableaux : Clara, Lukas et Jean-Sébastien.

Comme dans une attraction foraine réalisée pour les sensations fortes, vous allez entrer doucement dans le monde d'Hervé Jubert, d'abord au spectacle d'Hippolyte Charpentier et du Palais des mirages. Puis l'histoire accélère, les évènements s'entremèlent. Ils sont soit  propres à l'exposition : tapis roulants, inventions, multiples palais et attractions, et vous y croiserez Loïe Fuller, la danseuse américaine qui initiera Clara ; soit directement liés à son existence  et plus inquiétants : les anarchistes à la recherche d'une scène d'expression comme les frères Paulo et Luigi Dursap au destin tragique ; ce groupe d'hommes d'affaires mystérieux réunis par Narcisse Goldfax ou encore, les « pénitents », cette secte de fanatiques russes appelés Skoptsys née au XVIIIème siècle qui appelle de ses vœux la fin du monde, deux groupes alliés par des intérêts divergents mais qui mènent au même but. Mais le Palais des mirages est aussi celui des rêves prémonitoires de Clara, des dieux Scandinaves, d'un groupe de nains de la même mythologie, de l'histoire de Tycho Brahe astronome qui à la Renaissance aurait enfermé les dieux scandinaves dans des fioles cachées en Suède à Upsal, fioles dont l'une d'elles perdue va provoquer la catastrophe. Car des forces obscures sont à l'œuvre et veulent libérer Loki le dieu de la guerre...

 

Le Palais des mirages est un excellent roman d'Hervé Jubert. Comme à son habitude (voir la trilogie Morgenstern ou celle de Blanche) Jubert fait d'une femme son héroÏne ici Clara Charpentier, la fée du Palais des Mirages. Il met ici sa plume efficace et précise au service d'une histoire aux multiples clefs : l'exposition ; Lukas Sandström confrontés à ceux qui veulent libérer Loki ; Clara et sa famille déchirée par un drame. Tous ces évènements se mêlent entre précision historique, pointes d'humour (comme les références à Blanche Neige et aux sept nains, l'un des nains se nomme Gandalfr, la tête de l'exposition asiatique qui s'anime et parle) et donnent un récit, une forme de quête haletante, fantastique dans tous les sens du terme. Hervé Jubert il faut le dire écrit formidablement bien, pas de temps morts dans son livre, il sait nous faire rêver, réfléchir, confronter la réalité et le monde fantastique et ouvrir sur d'autres perspectives plus sombres. Le Palais des Mirages est un roman à plusieurs niveaux de lecture donc destinés à un public large, mais bon lecteur.

A la fin du livre l'exposition ferme ses portes et le XXème siècle s'ouvre porteur d'espoirs fous liés à l'électricité, comme d'inquiétudes et de dangers non encore précisés. Vous n'oublierez pas de sitôt la fée du Palais des Mirages. Très bonne lecture à vous.

Jean-Luc Clerc

Publié dans #Ados, +critique des lecteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook

Les clefs de Babel

LesclefsdeBabale.jpg

Carina Rozenfeld
Editions Syros, Collection Soon, mai 2009, 14,5

 

Liram vit chez les Aériens, dans les plus hauts étages de la tour de Babel où sont réfugiés les hommes depuis que le Grand Nuage a empoisonné la Terre, il y a mille ans. Suite à l'assassinat de ses parents, Liram doit abandonner son univers douillet pour fuir dans les étages inférieurs, peuplés de ceux que les Aériens ont repoussés vers le bas dix siécles plus tôt, avant de condamner toutes les issues...Lors de sa descente dans ce monde sordide, hanté par des mutants et ravagé par la misère, il rencontrera quatre adolescents marqués d'un mystérieux tatouage et dotés d'étranges pouvoirs. Liram comprendra alors qu'il est lui-même porteur d'un destin exceptionnel, très lourd pour ses jeunes épaules. Heureusement, il n'est pas seul....

 

 

Nous voilà plongés dans un univers de béton, de lumière artificielle, de couloirs humides et sombres...Dans cette atmosphère angoissante, ces cinq adolescents vont devoir découvrir qui ils sont réellement et quels pouvoirs ils possèdent afin de parvenir à leur objectif : ouvrir la porte de Babel, le jour de la Grande Délivrance. Ce jour, tant attendu, par les différents peuples de Babel marquera la fin de leurs vies misérables et l'espoir d'un avenir meilleur. Une véritable course-poursuite s'engage entre nos héros qui doivent retrouver des disques ancestraux pour ouvrir la porte et des êtres malfaisants avides de pouvoir.

On suit avec avidité le parcours de chaque personnage, avec toujours cette angoissante ambiance de fin du monde qui les entoure. La tolérance, la solidarité et l'espoir, thèmes forts et bien traités sont amenés par une écriture alerte qui vous happe dés le début et ne vous lâche plus.

 

Ceux qui ont aimés, dans la même collection "Eden en sursis" de J-A Desbats devrait adorer celui-ci, avec un univers plus sombre.

 

Delphine V.