04 juillet 2022
La nuit des reines
Baton Noir, ville qu’on verrait bien quelque part en Louisiane dans le bayou, où règne la magie au service d’une élite. Jude Lomax, l’héroïne du roman vit dans les bas-fonds de la ville, trainant sa misère, son désespoir et survivant grâce à ses talents de musicienne. Pourtant la jeune trompettiste a bien du mal à joindre les deux bouts et refuse toute aide magique que ce soit, refusant obstinément les artifices proposés par la magie Cojoue.
Refuser c’est facile à dire parce que le jour où elle joue avec sa fanfare pour l’enterrement de l’une des femmes les plus puissantes de la ville, sa vie va basculer définitivement. Ivory Monette, la reine Cojou a été assassinée. Mais elle avait prévu son assassinat visiblement et une poupée ensorcelée va permettre à son esprit d’échapper à la mort et de prendre possession du corps et de l’esprit de la pauvre Jude.
Cadeau empoisonné ? Oui et non parce que non seulement, la vieille reine va lui révéler bien des secrets, l’emmener là où elle n’aurait jamais pu ou imaginé mettre les pieds, et rencontrer ou approfondir ses relations avec des individus qu’elle n’aurait jamais voulu voir d’aussi près. André Majstro son patron du Moonfleet pour qui elle joue de la trompette ; Etienne Malloy le vampire ancien amant de la jadis belle Ivory, legbas dangereux et pervers… et quelques amis surs et fiables sans qui elle ne serait rien comme Sharkey. Elle va en servant les intérêts de son hôte qu’elle supporte bien involontairement en apprendre aussi bien plus sur sa famille et la mort de son frère. Le temps presse la nuit des Reines approche et Ivory sait que son sort tient à peu de chose désormais et qu’elle a peu de chance d’échapper au legba de la mort a qui elle a échappé provisoirement.
Jude plonge ainsi dans tout ce qu’elle a essayé de fuir et d’éviter depuis des années et va côtoyer, créatures étranges, sortilèges dangereux, menaces maléfiques, complots, manipulation … on plonge dans la Nuit des reines comme on entre en transe dans un monde étrange où résonne dès les premières lignes des notes de jazz, l’ambiance du bayou, la magie qui transpire des pages et tout un univers changeant et mouvant qui s’offre à nous au travers de ceux de Jude.
La fin étonnante et particulièrement réussie va vous scotcher et surtout pour les fans vous laisser espérer une suite prochaine, les jeux sont ouverts.
Un roman envoutant qui nous embarque dans un univers très bien maîtrisé et nous donne le sentiment le temps de le refermer qu’on est parti loin au bord du bayou alors que le gombo mijote et que les crocodiles glissent doucement sous l’eau. A découvrir sans tarder.
Jean-Luc
La nuit des reines
Alex Bell
Traduit de l’anglais (Grande Bretagne) : François Nagel
Illustration de couverture : shutterstock
Editions Bayard Jeunesse, 25 aout 2021, 14,9 €
Les véritables aventures d'Homère, premier des poètes
Le souffle de la légende, de la mythologie et des caprices divins glisse sur ce roman merveilleux ! Très gros coup de coeur ❤️❤️❤️❤️ Très bel été avec les Sandales jeunesse
Ce roman est fabuleux. Il nous entraîne dès les premières pages dans le sillage d’Homère. De la découverte de ses origines, à son apprentissage, il ne cesse de nous surprendre et de nous entraîner à sa suite. Fantasque, étonnant, il va apprendre à chanter sans provoquer totalement les dieux, mais sans les ménager pour autant. Le problème de ce roman, c’est qu’une fois ouvert, on peine à le refermer et on se laisse envouter et entrainer de pages en pages. Que ce soit les humains, les divinités, la nature, tout nous amène à aller de découvertes en découvertes, d’hymnes en hymnes.
Le rythme est soutenu, les mots filent légers et étonnants pour nous décrire celui que nous connaissons, premier des poètes, personnage légendaire ou pas, peu importe. Sous la plume de Louise Guillemot il prend chair et vie et nous offre un moment étonnant et stimulant de lecture. Les illustrations de Clara Dupré émaillent le roman de formes souples et belles et emplissent parfois les pages de couleurs.
Un roman passionnant, rythmé, inventif, empli de poésie et de joie de vivre, on ne peut qu’aimer ce titre formidable ! A découvrir
Jean-Luc
Les véritables aventures d’Homère premier des poètes
Louise Guillemot
Illustrations de Clara Dupré
Editions les petits Platons, romans, 19 novembre 2021, 19 €
Un été avec Albert
Un roman, étrange, à la lisière du fantastiques et à l’héroïne solaire. ❤️❤️❤️❤️❤️❤️
Soledad avait tout prévu. Avec le bac en poche, les vacances avec les copains… mais c’était sans compter avec le divorce de ses parents, sa mère partie filer le parfait amour en Sicile avec son nouveau Jules et son père en pleine dépression qui décide qu’il a besoin de solitude pour faire le point. C’est décidé : direction les Pyrénées chez sa grand-mère qui vit seule désormais depuis le décès de son mari.
Bon, Sol, ne transpire pas franchement la joie de vivre quand elle débarque là bas, surtout que niveau calme et solitude c’est le top et que niveau réseau et bien comment vous dire : le meilleur endroit pour capter le réseau c’est sous le chêne immense dans le jardin.
Alors qu’elle rumine sa rancoeur contre ses parents, en veut à son père d’avoir laissé partir sa mère, jalouse un brin ses amis restés loin dans la civilisation, Soledad s’installe peu à peu dans ce nouvel environnement. Il faut dire quand même qu’elle adore sa grand-mère et que ce petit bout de femme attachant s’arrange comme elle peut avec sa vie de solitude.
Son quotidien s’organise peu à peu et elle profite aussi de la présence chaleureuse et protectrice de Doméné qui veille sur sa grand-mère la ravitaille et la protège du mieux qu’il peut.
Virées dans les montagnes à la recherche de plantes, évènements étranges et inquiétants, brebis égorgées, petit à petit le stresse monte et Soledad commence à trouver cela moyennement drôle, d’autant que mamie sous prétexte de ne pas l’inquiéter semble ne pas trop croire être en danger, persuadée qu’elle est d’être protégée par son chêne, prénommé Albert.
Marie Pavlenko tisse patiemment sa toile, crée une héroïne lumineuse, douce, têtue, attachante qui se cogne à la vie au moment où elle accède à l’âge adulte et nous entraîne dans une aventure où le thriller se mêle au fantastique. A lire en se laissant porter. Un roman hypnotique à la douce musique entêtante qui vous ramène sans cesse à lui et à ses héros.
Jean-Luc
Un été avec Albert
Marie Pavlenko
Editions Flammarion jeunesse, 5 mai 2021, 14 €
Publié dans #Ados, #romans junior, +critique de l'équipe, +critique des lecteurs, +critiques des libraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |
Facebook
Les indésirables
En ce début d'été retrouvez un album étonnant et essentiel sur la transmission de la mémoire entre génération et sur un épisode peu connu de l'internement des Japonais aux Etats-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale
❤️❤️❤️❤️
La jeune Kiku se traine dans les pas de sa mère dans les rues de San Fransisco. Celle ci espère retrouver l’immeuble de son enfance. Mais à la place un centre commercial géant se dresse. Kiku et sa maman sont étatsuniennes, mais d’un genre particulier, elles sont les descendantes des migrants japonais du début du siècle qui ont été plus que maltraités par les autorités locales à partir de l’attaque japonaise de Pearl Harbor en décembre 1941.
Kiku qui traine son ennui va être entrainée dans une drôle d’expérience alors que sa mère s’éloigne pour visiter le centre commercial. Une brume étrange l’entoure soudain et la voici propulsée dans le quartier à la fin des années trente. C’est le début de sa prise de conscience d’adolescente de son passé, de celui de sa famille et des nipo-américain d’avant et pendant la Seconde Guerre mondiale.
Les épisodes de réalité et de retour dans le passé s’enchaînent jusqu’à ce que la jeune fille accompagne ses grands parents dans un camp d’internement pour japonais et leurs descendants. Dans les flash de retour au présent, la télévision diffuse les messages racistes de Donald Trump, sa volonté d’écarter les musulmans, de construire un mur à la frontière mexicaine et ses discours xénophobes et violents. Kiku finira par avouer à sa maman ses étranges voyages et toutes deux partageront un souvenir et une expérience commune.
Des illustrations fortes avec une utilisation des couleurs efficaces pour créer une ambiance entre deux mondes efficace. Une histoire forte sur la Mémoire, sa transmission qui nous dit aussi que cacher les racines et tenter d’oublier certaines choses est compliqué et surtout dangereux parfois. Un album superbe qui nous parle d’Histoire, de mémoire, de transmission et de la nécessité de connaître le passé, ses abus et ses erreurs. A découvrir
Jean-Luc
© Rue de Sèvres. tous droits réservés Merci !
Les indésirables
Scénario et dessins : Kiku Huges
Editions Rue de Sèvres, 6 janvier 2021, 18 €
Publié dans #Ados, #bandes dessinées, +critique de l'équipe, +critique des lecteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | |
Facebook
27 juin 2022
Olympe de Roquedor
Bel été 2022 avec les Sandales Jeunesse et Amandine votre libraire. Pour débuter l'été et avant le rush des vacances, des titres passés qui ouvrent sur des lectures formidables avant les suites les nouveautés tout l'été !
On reste avec vous cet été !
Coup de ❤️❤️❤️ pour un roman épique, vibrant de l'énergie de sa jeune héroïne et de sa lutte pour la vérité
et la liberté ! Magnifique !
Une jeune fille fraichement tirée du couvent où elle avait été déposée à l’âge de 12 ans ; un prétendant arrogant et sur de lui ; une bonne soeur qui sert de chaperon et un carrosse qui fonce à tombeaux ouverts sur les routes cabossées du royaume de France de l’Ancien régime, vers une embuscade tendue par deux brigands jumeaux de la pire espèce.
Ainsi commence la nouvelle vie de la jeune Olympe de Roquedor. Jean-Philippe Arrou-Vignod et François Place ont visiblement pris grand plaisir à nos entrainer dans cette aventure à la suite de la jeune Olympe. On connaît le talent de ces deux grands auteurs pour nous amener au plus près de leurs héros et une fois de plus c’est une réussite. Dès les premières lignes on est dans le carrosse et autant vous dire que cela tangue, dès le début de la fuite d’Olympe ensuite, on fonce dans les sous bois, on sent le bois qui craque, on entend les bruits de la forêt, on sent les odeurs comme si on avait été projeté dans l’ombre des héros.
On reprend : un carrosse bien rempli ; deux brigands assassins qui tendent une embuscade ; Olympe ; le jeune homme rencontré dans la forêt qui a eu la peur de sa vie, persuadé qu’il a vu une sorcière ; un vieux soldat à la mémoire percée et au fil des pages tout un monde celui d’Olympe qui retrouve les bois, les prés et les personnages de son enfance. Des histoires de pouvoir, d’héritage, de jeune femme libre éduquée grâce à un père moderne et intelligent ; d’un monde d’autrefois rempli de superstitions, de personnages aussi généreux et bons que le sont leurs équivalents malveillants et dangereux.
Une jeune femme qui à l’aube de sa vie d’adulte, orpheline depuis bien longtemps tient tête à un individu sans foi ni loi, si ce n’est son profit et son intérêt. A peine sorti du couvent, elle devrait se marier et filer doux. Mais Olympe est vive, intelligente, fragile encore à peine sortie de l’enfance, mais déjà armée pour faire face et aller de l’avant. Les personnages qui l’entourent sont étonnants, eux aussi cabossés par la vie, étonnants de justesse et de surprises, ouvrant vers d’autres horizons, ceux du monde dans lequel ils vivent tous et qu’on ne fera qu’entrapercevoir ici. On retrouve la malice de l’un avec des situations cocasses et le souci du détail de l’autre dans cette écriture à quatre mains nerveuse et envoutante. Le tout est parsemé par les illustrations toujours aussi belles et prenantes de François Place qui laisse à rêver et imaginer les lieux. Dire aussi que ce roman par sa couverture est très beau et donne envie quand on croise la pile en librairie de l’emporter avec soit.
Vous l’aurez compris ce roman est magnifique, très bien écrit au point de nous piéger dès les premières lignes pour nous entrainer dans une lecture haletante et heureuse. A lire et faire lire.
Jean-Luc
Olympe de Roquedor
Jean-Philippe Arrou-Vignod / François Place
Illustrations François Place
Editions Gallimard jeunesse, 13 mai 2021, 16,5 €
Publié dans #Ados, +critique de l'équipe, +critique des lecteurs, +critiques des libraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |
Facebook
Les saisons de la tempête
Bel été 2022 avec les Sandales Jeunesse et Amandine votre libraire. Pour débuter l'été et avant le rush des vacances, des titres passés qui ouvrent sur des lectures formidables avant les suites les nouveautés tout l'été !
On reste avec vous cet été !
Coup de coeur pour un roman dense entre magie et mythologie ancestrale et technologie de pointe actuelle. Surtout un roman sur de jeunes gens qui se cherchent entre la vie et la mort ! Bluffant ! ❤️❤️❤️
Jacob Mathew Sullivan glisse un soir de neige, froid et glacial… vers la mort. Pourtant à l’arrivée, un phénomène étrange se produit : il rencontre une certaine Gaïa qui va lui donner le choix : mourrir vraiment ou devenir quasi immortel en devenant une saison. En choisissant ce destin, il sauve quelqu’un avec lui qui va devenir son superviseur.
Jack a choisi et est devenu l’un deux, une saison, un hiver. Ainsi vous venez de pénétrer dans le secret des saisons, réparties sur la surface de la terre avec chacun une zone de contrôle et comme les vraies saisons un rite de passage qui fait mourrir l’un au moment où l’autre en puissance ascendante s’impose au monde.
Ce petit jeu étrange dur depuis si longtemps, Gaïa et Chronos maitres du temps et des saisons contrôlent ainsi le temps et mettent en concurrence des jeunes gens bloqués désormais entre la nécessité d‘être les meilleurs pour éviter d’être reconditionnés ou pire encore.
Tout un monde géré par l’Observatoire centre aménagé sous terre, insoupçonnable, indétectable et véritable merveille de technologie de pointe. Tout aurait pu rouler et fonctionner ainsi encore et encore pendant des siècles et des millénaires qui sait.
Pourtant Jack, Julio (l’été), Ambre l’automne, et surtout Fleur le printemps qui le tue tous les ans pour relancer le monde et la vie sur terre vont peu à peu dérégler la machine. Jack se rend compte peu à peu que certaines choses, certaines ordres ne fonctionnent pas, comme celui de ne pas se toucher entre saisons. Pourquoi ont-il besoin d’hibernation entre la fin de leur saison sur terre et leur reprise ? A quel dessin de Chronos cela correspond-t-il ? Jack très vite est persuadé qu’il y a une voie de sortie et que Chronos cache le passé et les manipule;
La fuite qu’ils vont organiser avec la complicité de certains hauts responsables qui eux aussi tentent de tirer leur épingle du jeu pourrait bien tout changer.
Elle Cosimano nous entraîne dans un univers mêlant magie ancestrale et mythes fondateurs avec haute technologie actuelle. Le monde qu’elle créée est à la fois fascinant et glaçant, le destin de ces jeunes gens quelque part déjà mort va peu à peu nous être dévoilé comme leur passé et une bonne partie de leurs secret. Des personnages attachants, un récit divisé en trois parties qui embarque loin avec le sentiment de rien pouvoir lâcher et on passe vraiment un très bon moment de lecture intelligente, étonnante, rempli de découvertes et d’inventions qui font pulser notre imagination pour le meilleur. A découvrir
Jean-Luc
Les saisons de la tempête
Elle Cosimano
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) : Adrienne Derrier
Editions de Saxus, 25 mars 2021, 18,9 €
La Cité des livres qui rêvent
Bel été 2022 avec les Sandales Jeunesse et Amandine votre libraire. Pour débuter l'été et avant le rush des vacances, des titres passés qui ouvrent sur des lectures formidables avant les suites les nouveautés tout l'été !
On reste avec vous cet été !
Et oui il y a des moments où on vibre davantage que d'autres, la semaine prochaine vous le savez maintenant, Oscar revient mais cette semaine c'est d'une toute autre histoire que nous aimerions vous parler : La cité des livres qui rêvent de Walter Moers publié à l'origine chez les Grandes Personnes à été repris par les éditions Gallimard Jeunesse. Et c'est tout simplement une merveille !
Il s'appelle Hildegunst Taillemythes c'est un dragon et ... et qui mieux qu'Arthur pouvait parler de cette merveille ?
Peut-être connaissez-vous déjà Walter Moers, grâce au livre Les treize vies et demies du capitaine Ours Bleu, son premier ouvrage traduit en français ? Vous savez sans doute alors que cet écrivain allemand n'est pas seulement un auteur de bandes dessinées, ni un simple homme de lettres, mais qu'il est aussi et surtout le traducteur d'histoires zamonniennes, en particulier celles du célèbre Hildegunst de Taillemythes !
Si vous vous sentez le cran de découvrir la Zamonie, ce monde démoniaque et merveilleux, onirique et cauchemardesque, cet univers bouillant d'une imagination fantastique, fantasque et fantasmagorique, n'hésitez pas à vous laissez happer et cliquez sur Lire la suite. Dans le cas où le courage et la détermination risqueraient de vous faire défaut, n'hésitez pas non plus à passer votre chemin, voire à fuir en prenant vos jambes à votre cou, de peur que ce livre ne se révèle être un livre dangereux...
La cité des Livres qui rêvent rapporte l'histoire d'Hildegunst Taillemythes, ou du moins son premier épisode, racontée par lui-même. Ce jeune dragon écrivain (de seulement 77 ans, comme le prouve son portrait sur la couverture) se rend à Bouquinbourg à la mort de son parrain en écriture, lancé par son mentor en quête de l'auteur du manuscrit parfait. Mais, si cette extraordinaire cité recèle quantité de prodiges, tels que des milliers de profondes librairies, des tartines aux abeilles démoniques, des concerts de trombonnette ou les traces du canidon Colophonius Clairdepluie, explorateur émérite de ce qui se tapit sous la surface de la ville, elle dissimule également d'effroyables dangers, notamment celui d’un mystérieux libraire, qui, peu enthousiasmé par les recherches d'Hildegunst, empoisonne notre héros et l'abandonne au fin fond des catacombes de Bouquinbourg (une mise en scène livresque d'anthologie).
Là, vous y apprendrez que les livres peuvent être mortels, bien plus dangereux que les Tiqxxxxes, les Harpyres, Détritrou ou les chasseurs de livres qui rôdent dans ce labyrinthe ; vous y découvrirez la voie ferrée des Gnomes Rubiginieux, la vérité sur le dernier Géant des souterrains, les résultats de certaines manipulations biblalchimiques, le secret des (effroyables ?) Rongelivres, les mystères de l'inspiration, ainsi que des lieux comme la Forêt de Cristal ou le Château du Roi des Ombres.
Servi par un rythme haletant et des illustrations exécutées de main de maître – hommage à la clé rossignolette de l'impossibilité –, porté par un humour désopilant combiné à un jaillissement effréné d'idées toutes plus délirantes les unes que les autres et pleines d'une profonde sagesse, cet ouvrage exceptionnel vous plonge dans un monde d'une force et d'une densité incroyable, dont vous ressortirez (ou pas) pantelant et émerveillé. Et, qui sait ? Peut-être le souffle de l'Orm s'emparera-t-il de vous ?
Arthur Jeannot
La Cité des livres qui rêvent
Un roman de Zamonie par Hildegunst Taillemythes
Traduit du zamonien et illustré par : Walter Moers
Traduit de l’allemand par François Mathieu , Dominique Taffin-Jouhaud
Editions Gallimard jeunesse, folio junior, 13 mai 2021, 9,3 €
et pour les nostalgiques l'édition la plus ancienne
Touche-moi
Bel été 2022 avec les Sandales Jeunesse et Amandine votre libraire. Pour débuter l'été et avant le rush des vacances, des titres passés qui ouvrent sur des lectures formidables avant les suites les nouveautés tout l'été !
On reste avec vous cet été !
Coup de coeur pour un roman drôle, subtil et attachant ! ❤️❤️❤️❤️ Du grand Susie Morgenstern
Elle s’appelle Rose et se pose des milliers de questions, imagine ce que peuvent être les étreintes amoureuses… elle qui est si différente, albinos de naissance et qui doit toujours se protéger du soleil.
Rose adorerait qu’un garçon s’intéresse à elle, l’a touche, lui donne ce premier baiser tant attendu, une caresse, mais personne à part ses copines et ses soeurs ne semble la voir. Rose à une famille formidable, ses deux soeurs Brune et Blanche et son frère Olive parti en Angleterre (d’où il ramènera une petite amie pas forcément au gout de tout le monde). Ses deux parents qui lors du départ de leur frère;, décident de louer sa chambre. Le premier candidat Liam semble formidable mais lorsqu’il débarque avec un couffin garni d’un délicieux bébé, le petit Charles, papa refuse tout net, il va falloir lui trouver une autre solution au beau et sympathique Liam. Susie Morgenstern est une magicienne. Elle sait nous entraîner là où elle en a envie et nous propose ici un délicieux va et vient entre la maison et le lycée où le mystérieux Augustin va bouleverser la vie de tout ce petit monde et surtout celui de Rose.
Ce roman est une merveille de sensualité et d’intelligence. L’héroïne nous embarque à la suite de ses fantasmes, de ses envies, de sa vie tout simplement. Avec elle pas de malaise, pas de situations scabreuses juste la vie. L’autrice a choisit une palette de personnages haut en couleur avec des blessures et toute une palette de caractères touchants, et surtout justes, vrais et humains.
Ce texte sur l’éveil des sens, dont l’héroïne principale se cherche accroche dès les premières lignes et nous entraine dans un maelström de sentiments qui nous touchent et nous bouleversent. Bravo
Jean-Luc
Touche-moi
Susie Morgenstern
Photographies de couverture : Cha Gonzales
Editions Thierry Magnier, collection l’Ardeur, 27 mai 2020, 14,9 €
Publié dans #Ados, +critique de l'équipe, +critique des lecteurs, +critiques des libraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |
Facebook
Toute à vous
Bel été 2022 avec les Sandales Jeunesse et Amandine votre libraire. Pour débuter l'été et avant le rush des vacances, des titres passés qui ouvrent sur des lectures formidables avant les suites les nouveautés tout l'été !
On reste avec vous cet été !
e roman appartient à la collection l’Ardeur qui depuis le printemps dernier offre aux lecteurs entre le monde de l’adolescence et celui de l’âge adulte un espace où l’on peut penser, lire, rêver, fantasmer et imaginer. Mettre des mots sur la découverte du corps, le sien, celui de l’autre. Fantasmer sur des situations, s’évader, se laisser porter et ainsi grandir, s’informer, découvrir…
Une collection ambitieuse qui s’adresse aux plus de quinze ans. A découvrir d’urgence pour les retardataires d’autant que deux nouveaux titres vont faire leur apparition en avril prochain et ouvrir la collection à d’autres horizons notamment avec le premier roman gay de la collection.
Cher …
C’est le premier mot de ce roman de Maïa Brami qui vous ouvre les portes de son histoire, entre le roman épistolaire (à sens unique ou presque) et le journal intime. C’est Stella qui livre ses secrets, ses aventures et mésaventures et qui nous entraîne avec elle, découvrir son obsession pour ce voisin d’en face.
Lui, elle l’a vu un jour de canicule retirer son t-shirt d’un geste fantasmé qui a enflammé les sens et la l’imagination de la jeune femme tout comme accéléré sa rupture avec G. (Le mec qui fait des cookies aux Carambar)
Ecrire, s’épancher sur ses sentiments sur quelqu’un, en pensant et en sachant surtout qu’il ne vous lira jamais. Car l’homme en face, celui qui a tout déclenché a son insu sait-il seulement qu’elle existe.
Maïa Brami nous entraine dans un maelström de sentiments et d’émotions. Avec elle, les lecteurs se poseront tout un tas de question : peut-on imaginer l’odeur d e l’autre alors qu’on n’a fait que l’entrapercevoir par la fenêtre un jour de grande chaleur ? Qu’aime-t-il ? Est-il seulement libre ? Mais peut importe, Stella , tout en faisant quelques flashs back très réussi (et pas très tendres)sur ses deux premiers amours G et Alex, se laisse porter par toute une série de sensations, imagine l’autre comme amant torride, se pose des questions sur ses préférences, imagine et vit le plaisir en direct jusqu’au jour où G va revenir et déclencher une suite et fin inattendues.
On aime le style et le rythme donné par ces courtes lettres, cher devient peu à peu Adam parce qu’elle sait si peu de lui qu’au détour d’une lettre enflammée, elle l’imagine ainsi son Adam, elle son Eve.
On aime aussi les références littéraires et cinématographiques qui donnent une couleur toute particulière au récit et donnent envie d’aller voir ou revoir ces filmes et textes auxquelles l’autrice fait allusion.
Ce court roman est une vraie réussite, la sensualité effleure des pages et entraine lectrice et lecteur à la découverte de sensations, de sentiments inconnus, de désirs et d’émotions inassouvis. Dire le désir, décrire l’envie de l’autre, exprimer ses envies, ses fantasmes, tout cela est très réussi. A découvrir.
Jean-Luc
Toute à vous
Maïa Brami
Editions Thierry Magnier : collection l’Ardeur, 18 mars 2020, 12,9 €
Publié dans #Ados, +critique de l'équipe, +critique des lecteurs, +critiques des libraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |
Facebook
La fabuleuse histoire de cinq orphelins inadoptables
Bel été 2022 avec les Sandales Jeunesse et Amandine votre libraire. Pour débuter l'été et avant le rush des vacances, des titres passés qui ouvrent sur des lectures formidables avant les suites les nouveautés tout l'été !
On reste avec vous cet été !
Gros coup de ❤️❤️❤️❤️ pour un roman merveilleux plein d'entrain qui sait parler au coeur et nous embarquer loin avec ces cinq orphelins merveilleux.
Ce roman est magnifique. D’abord son aspect papier avec rabats, les illustrations, les vignettes qui accueillent chaque changement de chapitre. Alors soyez les bienvenus dans la vie de Lotta, Egg, Fenna, Sem et Milou, cinq bébés arrivés au fil des mois à partir de l’été 1880 dans l’orphelinat de la petite tulipe. Orphelinat dirigé d’une main de fer et d’un coeur glacial Elinora Gassbeek.
Elle n’a jamais accepté, ni compris ces bébés abandonnés en dépit du bon sens, contre le respect des règles de l’abandon à l’orphelinat. De plus ces cinq bébés devenus grands sont en train de battre tous les records : inadoptables !
Alors elle va décider avec un complice, le cruel M. Roman et son apprenti Pieter, de s’en débarrasser. C’est sans compter sur l’intelligence de ces enfants et de l’une d’entre eux Milou. Elle convainc ses amis inséparables arrivés en même temps qu’elle à l’orphelinat de la petit tulipe (se méfier des noms qui peuvent paraître accueillants) de prendre la fuite pour retrouver ses parents qui, elle en est persuadée, sont en train de la chercher.
Ils finiront par arriver dans la maison vide de la famille Poppenmaker, sensés être les parents de Milou. Alors là va commencer une autre partie du roman. Il faut apprendre à donner le change aux voisins qui inquiets de voir ces gamins débarquer dans cette maison à la réputation lugubre.
Sur leur route, Edda Finkelstein gardienne de polder, le petit hibou Mozart, le chat M. Catticus et d’autres plus problématiques comme Rose Speelman du bureau de l’aide à l’enfance.
Au fil des pages, tout un monde s’anime, des découvertes se font, des personnages qu’on n’attendait plus font surface de nouveau en réservant bien des surprise, des déceptions et des espoirs. L’épilogue, comme rarement dans les romans jeunesses est un moment de grâce d’écriture, de possibles qu’il ouvre et de portes ouvertes qui sait.
Un roman parfois trépidant, parfois plus calme, qui prend le temps de nous faire aimer les personnages, de trembler avec et pour eux et de toujours s’émerveiller de ce que peuvent faire certaines personnes. Magnifique et pensionnant. A savourer sans modération.
Jean-Luc
La fabuleuse histoire de cinq orphelins inadoptables
Hana Tooke
Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) : Catherine Nabokov
Illustrations : Ayesha L. Rubio
Editions Pocket jeunesse, PKJ, 7 janvier 2021, 16,9 €
Après nous, les animaux
Bel été 2022 avec les Sandales Jeunesse et Amandine votre libraire. Pour débuter l'été et avant le rush des vacances, des titres passés qui ouvrent sur des lectures formidables avant les suites les nouveautés tout l'été !
On reste avec vous cet été !
Le roman de Camille Brunel en évoquant la disparition de l'espèce humaine, laissant la place aux animaux est étonnant et donne à découvrir et réfléchir ! ❤️❤️❤️❤️
Au début il en reste une. Une humaine, celle de ceux qui régnaient sur l’ancien monde d’avant 2086. La dernière humaine qui accompagnait trois taureaux, une vache, un lion, quatre chevaux, deux geais, cinq lycaons, trois pandas roux, deux chimpanzés deux éléphants, une panthère et un python est mort juste avant que le bateau ne s’échoue sur les côte du Mexique, au Yucatan, là où autrefois les jeunes américains étudiants et européens en croisière venaient prendre des vacances. Désormais la nature reprend peu à peu ses droits. Il y a ceux qui comme dans le navire étaient habitués à la présence de l’homme, ceux pour qui elle était indispensable et les autres qui peu à peu retrouvent les territoires perdus, occupent l’espace, parce que la nature à horreur du vide.
Les animaux entre eux, ont tissé des liens, d’amitié, de protection, instinctivement ils sentent que certains ne leurs feront pas de mal, que d’autre seront des alliés précieux. Et puis elle meurt, la dernière, et le bateau échoue. La découverte de la terre ferme, d’une nouvelle terre, de nouveaux animaux, de nuées d’oiseaux, de nouveaux dangers… la nécessité d’avancer, de se retrouver parce que désormais , même si certains peuvent voler et s’éloigner, ils sont un groupe qui va affronter la mort, et survivre ensembles. Les hommes ont disparu à jamais, un autre monde est à inventer.
Que ce roman est étrange, comme il est surprenant de lire une histoire dans laquelle, nos traces s’effacent jusque dans les réflexes et les souvenirs des héros animaliers qui tiennent le haut de l’affiche. Tout un monde à redécouvrir. De quoi réfléchir à notre action, notre rôle sur la planète et sur ce qui pour le moment semble correspondre à une extinction de masse des autres animaux. Mais peut-être la crise sanitaire qui nous traversons nous permettra de retrouver un peu de sagesse et de limiter la casse. Surprenant, étonnant et presque dérangeant parfois. Un très bon titre à lire et savourer.
Jean-Luc
Après nous, les animaux
Camille Brunel
Illustration de couverture : Delphine Jacquot
Editions Casterman Jeunesse, collection ici/maintenant, des romans qui regardent le monde en face, 16 septembre 2020, 16 €
Tenir debout dans la nuit
Bel été 2022 avec les Sandales Jeunesse et Amandine votre libraire. Pour débuter l'été et avant le rush des vacances, des titres passés qui ouvrent sur des lectures formidables avant les suites les nouveautés tout l'été !
On reste avec vous cet été !
Mention spéciale du prix vendredi 2020 ! Coup de ❤️ pour une histoire de vacances rêvées qui tournent très vite au cauchemar. Pour parler de ce qui ne devrait plus jamais arriver ! Superbe !
Ce roman ne se raconte pas. Lalie est une jeune adolescente qui en accumulant les mensonges ou les petits accommodement avec la vérité pour être exact, va finir par convaincre sa mère, qui l’élève seule, que cette invitation à New York est une formidable opportunité.
Elle l’est en vrai, sauf que l’histoire va tourner au cauchemar. Parce que le garçon, à priori si sympa, va changer du tout au tout et provoquer la fuite de Lalie dans la Grosse pomme. Seule, paniquée, affolée par l’agression, elle hère de rues en rues, cherchant du temps pour trouver le moment où la mère de Piotr reviendra et pour lui demander de l’aide. Mais est-il si facile de reconnaître dans son enfant, le genre d’individu que la jeune Lalie s’apprête à lui décrire ?
L’écriture est nerveuse, les chapitres courts, qui nous tirent d’un moment à l’autre dans la tête de l’héroïne où tout tourne très vite. Des rencontres, des photos volées au hasard d’une rencontre et la vie plus tard qui se reconstruit grâce à l’écoute attentive de sa mère, le dépôt de plainte contre son agresseur…
Un roman coup de poing pour les ados, pour dire qu’il faut parler, et qu’il faut aussi être attentif chez les adultes comme chez les adolescents dans l’éducation, la confiance et apprendre aussi surtout pour certains individus que non veut dire non tout simplement. Des mots simples qui disent la réalité et le stress, l’effroi et la douleur, mais aussi la rédemption plus tard. A lire et faire lire par les filles et les garçons.
Jean-Luc
Tenir debout dans la nuit
Eric Pessan
Couverture Flavia Morlachetti / Getty Images
Editions l’école des loisirs, Médium +, 4 mars 2020, 13 €
Publié dans #Ados, +critique de l'équipe, +critique des lecteurs, +critiques des libraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |
Facebook
Stupeur
Bel été 2022 avec les Sandales Jeunesse et Amandine votre libraire. Pour débuter l'été et avant le rush des vacances, des titres passés qui ouvrent sur des lectures formidables avant les suites les nouveautés tout l'été !
On reste avec vous cet été !
Gros coup de coeur pour Stupeur aux éditions Lucca ! ♥♥♥
Un récit à la fois romancé et à teneur scientifique, inspiré de faits réels.
L'histoire de Prudence 16 ans, qui enquête, avec l'aide d'un ingénieur du département de l'hygiène et de la santé, sur l'origine et la propagation de la fièvre typhoïde qui toucha New York au début des années 1900. Tous deux font des recherches sur le patient qui propagerait la maladie sans la déclarer lui même, soit les premières fois où la notion de "porteur sain" est évoquée.
Une histoire captivante rédigée avec une écriture soutenue mais accessible, qui parle de l'évolution de la médecine, et qui soulève également les questions de la femme dans la société et le monde du travail.
Un ouvrage brillant !
Amandine Gaudry
Stupeur
Julie Chibbaro
Illustrateur de couverture : Noëmie Chevalier
Illustrations intérieures : Jean-Marc Superville Sovak et quatre illustrations de Louis Diallo
Traduction : Hermine Hémon
Editions Lucca, 5 février 2021, 17 €
Publié dans #Ados, +critique de l'équipe, +critique des lecteurs, +critiques des libraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |
Facebook
L’Homme qui voulut peindre la mer
Bel été 2022 avec les Sandales Jeunesse et Amandine votre libraire. Pour débuter l'été et avant le rush des vacances, des titres passés qui ouvrent sur des lectures formidables avant les suites les nouveautés tout l'été !
On reste avec vous cet été !
Quel plaisir de retrouver Tristan Koëgel qui nous propose ici sept nouvelles étranges, vibrantes, proche du cœur des hommes comme lui seul sait le faire.
Ces nouvelles ont en commun un font de cruauté, celui de l’humanité et toute font appel quelque part à nos souvenirs, à la mémoire collective, aux légendes et toutes nous parlent d’ailleurs, des besoins et des nécessités du temps qui poussent les hommes à changer ou à migrer.
Que ses héros soient des humains tout ce qu’il y a de plus banal ou que comme Victoria ils ensorcellent leurs clients avec des gâteaux, tous disent le besoin de l’autre, la dépendance, la vie qui pulse malgré la misère et les difficultés du temps. Dans chaque nouvelle on se sent au point de rupture parfois à la lisière de la folie. Les renvois aux légendes grecques nous rappellent aussi que l’homme cherche de tout temps à élargir son horizon et que certains faits fantastiques sont racontés et transmis de mémoires en mémoires depuis longtemps.
Sept petits morceaux de vie, parfois fantastiques, parfois émouvants, toujours vivants et beaux. Des nouvelles à découvrir et lire encore et encore en cette fin d’été . A saluer la superbe couverture de Guilia Vetri. Magique !
Jean-Luc
L’Homme qui voulut peindre la mer
Auteur : Tristan Koëgel
Editions Didier Jeunesse, 6 juin 2018, 14,9 €
Publié dans #Ados, #romans junior, +critique de l'équipe, +critique des lecteurs, +critiques des libraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |
Facebook
Bluebird
Bel été 2022 avec les Sandales Jeunesse et Amandine votre libraire. Pour débuter l'été et avant le rush des vacances, des titres passés qui ouvrent sur des lectures formidables avant les suites les nouveautés tout l'été !
On reste avec vous cet été !
"Quand tu joues le blues, Minnie, c'est comme si tu riais et pleurais en même temps. Le blues, c'est comme un tout petit nuage dans un beau ciel d'après-midi. Un petit nuage, tout fin, tout blanc, mais qui te serre le ventre, sans que tu saches trop pourquoi... "
Elle s’appelle Minnie fille d’un « songster » dans le Vieux Sud américain. Elle qui un beau jour va suivre son père au fil des routes, celle qui fera sensation avec lui quand ils jouent ensemble le blues, s’embarque dans une vie pauvre et compliquée mais heureuse.
Un jour, le hasard, une cheville foulée, et ils resteront un peu plus longtemps aux abords d’une propriété tenue par un vieux blanc raciste, membre du Ku Klux Klan et véritable brute avide avec ses fermiers et autres serviteurs.
Et c’est comme si le temps s’était arrêté, la rencontre furtive avec le fils d’un des hommes de main de vieux, le temps qui coule lentement presque poisseux et perceptible de cette moiteur et ambiance de cette partie des Etats-Unis raciste et violente et puis comme la foudre annonciatrice de l’orage qui éclate, une nuit terrible où tout va basculer de nouveau pour Minnie, seule cette fois, en route dans un train pour Chicago.
Tristan Koëgel sait raconter des vies, nous fondre avec elle pour nous faire vibrer au plus près. Son nouveau roman fait étrangement penser à ces matriochka russes, vous savez ces drôles de petites poupées qui cachent toujours quelque chose en leur sein et n’en finissent pas de nous surprendre. Ici c’est un peu la même chose : Minnie, Elwyn, Nashoba, la vieille Irina, Lucille, Leroy … noirs, indiens, blanc émigrés, irlandais, russes… témoins de la formidable attractivité des Etats-Unis mais aussi de la formidable machine à broyer qu’ils représentent parfois. Des rencontres, des destins qui se croisent, s’entremêlent et font la vie tout simplement.
Dès les premières lignes et au fil des pages, l’auteur nous happe pour nous tenir au plus près de son histoire, de ses héros, pour faire en sorte qu’on ne puisse bientôt plus respirer autrement qu’avec eux avec toujours en filigrane cet espoir du mieux et cette petite lumière qui fera naître Bluebird comme le montre de manière magique la sublime et lumineuse couverture de Taï-Marc Le Thanh.
Un roman à la bande son magique et inoubliable qui nous emporte une fois de plus vers des destins et des vies formidablement racontées. Tristan merci et à bientôt pour d’autres aventures on l’espère.
Jean-Luc
Bluebird
Tristan Koëgel
Illustration de couverture : Tai-Marc Le Thanh
Editions Didier Jeunesse, 23 septembre 2015, 14,2 €
Publié dans #Ados, #romans junior, +critique de l'équipe, +critique des lecteurs, +critiques des libraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |
Facebook
Les sandales de Rama
Bel été 2022 avec les Sandales Jeunesse et Amandine votre libraire. Pour débuter l'été et avant le rush des vacances, des titres passés qui ouvrent sur des lectures formidables avant les suites les nouveautés tout l'été !
On reste avec vous cet été !
Dès les premières lignes vous serez projetés sur les trois cents marches qui mènent au temple de Swayambhu de Katmandou. Tout bouge, tout tangue, les singes grimpent sur les marches, hurlent, chipent, taquinent. Des images, des odeurs… se bousculent dans votre esprit, un vent venu d’ailleurs vous emporte.
En haut des marches deux jeunes garçons se retrouvent, deux jeunes vendeurs de barbe à papa, deux amis d’origines différentes que tout aurait du séparer à jamais : Arjun jeune dalit considéré comme impur et Upendra issu du groupe newar, considéré comme peuple des origines. Très vite à ces deux compères viendra se joindre Hanuman le petit singe solitaire sans queue. Et puis viendront le jeune apprenti prêtre Shanti qui se laissera peu à peu apprivoiser et bien évidemment la belle Satiya ancienne Kumari dont Upendra tombera follement amoureux.
Comment vous raconter ? Que vous dire qui ne vous privera pas du plaisir de la lecture ? Leur destin est en route et en quelque deux cents pages Tristan Koëgel va nous emmener dans cette ville en ébullition aux antipodes de nos villes occidentales, bouleverser nos regards sur l’autre. Avec ses héros on se faufile dans la foule bigarrée, on tremble, on pleure avec eux. Parce qu’il faut bien vous le dire, ne comptez pas sur Tristan Koëgel pour nous raconter des histoires à l’eau de rose. A la fois très différent et semblable à son premier roman, il est moins rugueux, moins coup de poing peut-être, et pourtant ! La révolte qui gronde contre le roi, la vie réelle, le quotidien, les doutes des familles, les dieux, les légendes, les temples, tout un choc des cultures qui nous embarque ailleurs dans une ville grouillante de vie, avec les fakirs, les croyances et là haut proche des sommets du monde.
Quatre destins cruels et beaux qui mèneront les quatre héros à s’affranchir en partie de ce qui semblait être tout tracé avec Upendra en fil conducteur qui ira très loin dans la folie et la recherche d’une voie qui semblait au final si proche.
Tristan sait comme personne, nous attacher au destin de ces jeunes héros, il sait nous retourner d’un souffle, d’un détail, et nous laisser tournés vers l’avenir. L’auteur a nous dit-on la folle ambition de visiter tous les pays du monde et d’en ramener à chaque fois une histoire, pourvu que son rêve se réalise.
Jean-Luc
Publié dans #Ados, #romans junior, +critique de l'équipe, +critique des lecteurs, +critiques des libraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |
Facebook
Le Grillon, Récit d'un enfant pirate
Bel été 2022 avec les Sandales Jeunesse et Amandine votre libraire. Pour débuter l'été et avant le rush des vacances, des titres passés qui ouvrent sur des lectures formidables avant les suites les nouveautés tout l'été !
On reste avec vous cet été !
Le récit docu-fiction de Tristan Koegel se lit comme on plonge en apnée. De la flambée de violence au moment du carnaval où Mostéfa a implosé parce que son copain Abdel s'était déguisé en pirate, à la fin troublante, vous allez prendre en pleine face la réalité du Grillon.
Enfant de pêcheurs coréens, attaqués par des pirates, miraculeusement épargné alors que le reste de l’équipage (parents compris) sont éliminés, il va devenir un enfant pirate, un de ces enfants entrainés dans la guerre, dans les guerres des adultes qui n’en finissent pas et qui font toujours plus de dégâts.
Au large de la corne de l’Afrique, celui qu’on appelle le Grillon, survit, apprend, tente de trouver un peu d’affection, s’émerveille d’un livre cadeau, se laisse aller à rêver, tremble...
C’est la crise du carnaval qui a provoqué le récit, comme un torrent trop longtemps retenu. Les mots surgissent, se heurtent, repartent et toujours en disent plus sur la détresse de cet enfant né et placé là où il ne fallait pas, sans espoir.
Un récit poignant, sans pathos qui donne à réfléchir et à apprendre sur cette réalité des pirates au large de l’Afrique et sur ces enfants à qui on a pris un jour leur vie d’enfant.
Un premier roman étonnant, à la langue tranchante, proche de l’oral qui vous embarque sans coup férir.
Jean-Luc
Le grillon - Récit d'un enfant pirate ; Tristan Koegel ;
Illustration de couverture : Régis Lejonc ; Editions Didier Jeunesse, 30 janvier 2013, 12 €
Publié dans #Ados, #romans junior, +critique de l'équipe, +critique des lecteurs, +critiques des libraires | Lien permanent | Commentaires (0) | |
Facebook