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30 novembre 2009

L'âge d'ange

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Anne Percin
L'école des Loisirs, collection Médium,
septembre 2008, 8€

 

« Au Gymnasium, le lycée de la ville haute, il y a les jaguars, programmés pour la réussite, et quelques rois du ruisseau, des Gavroche et des Esmeralda égarés. Comme Tadeuz et ses mains rouges. Il porte des maillots de sport ou des chemises de bûcheron, vit en banlieue, excelle en russe.

Personne ne le connaît vraiment. Il est étrange, bizarre, solitaire, d’ailleurs.

Un peu comme cet ange, sans sexe et sans âge, qui se noie dans les pages des livres, au point d’en oublier les autres et son propre corps. Un ange de dix-sept ans qui pense, dort, rêve en grec, sa matière préférée. Une passion qui s’incarne dans Amours des dieux et des héros, le livre le plus précieux de la bibliothèque du lycée.

Un jour, cette raison d’être disparaît des rayonnages. A son retour, le livre n’est plus le même, avec, entre ses pages, les traces d’un autre. Comment alors supporter la réalité quand le paradis est aux mains rouges d’un inconnu et que la vie gronde de plus en plus fort, de plus en plus dangereusement ? »

 

Que dire ? Comment dire ? Ce livre est un brulot, il se lit d’une traite, sans respirer ou presque, jusqu’au bout, à la dernière ligne. Un livre bouleversant, d’une justesse incroyable, d’un réalisme brutal et déchirant. Lui le pauvre au destin tout tracé, elle de la haute société protégée, n’avaient rien pour se rencontrer sauf le « fatum » ! Et il peut parfois être cruel et nous emmener vers la fin sans possibilité de retour, au bord des larmes.

 

La tension monte peu à peu, lorsque l’auteur dévoile ses personnages, leurs blessures secrètes, leur destin. Un roman magnifiquement écrit  à la limite du texte littéraire classique. Anne Percin a déjà écrit de très bons romans, elle signe ici un texte bouleversant et irremplaçable. A lire, relire et faire découvrir.

 

Jean-Luc  Clerc

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24 novembre 2009

Mes deux Allemagne

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Mes deux Allemagne
Anne C. Voorhoeve
Traduit de l'allemand par Florence Quillet
Bayard Jeunesse, Collection Millezime, octobre 2009, 11,9€

 

« En 1988, l'Allemagne est toujours divisée en deux pays distincts, séparés par une frontière réputée infranchissable.

Lilly habite à Hambourg, en Allemagne de l'Ouest, et a tout juste treize ans lorsqu'elle se retrouve orpheline. Son père est décédé quand elle était petite, et sa mère vient de mourir d'un cancer. Elle rencontre pour le première fois sa tante Lena, qui a obtenu l'autorisation exceptionnelle de quitter l'Allemagne de l'Est où elle vit, pour se rendre à l'enterrement de sa sœur. Lilly s'attache à cette femme douce et chaleureuse et reste inconsolable après son départ. Elle n'a plus qu'elle au monde, et Lena a dû repartir de l'autre côté du Mur...

Confiée à une tutrice, qui compte la placer dans une famille d'accueil  pour Noël, Lilly échafaude le projet insensé de rejoindre sa tante. Elle ignore alors que le mur de Berlin tombera le 9 novembre 1989. »

 

Mes deux Allemagne est une plongée directe, sans protection, dans le monde de Lilly et dans celle de sa double identité d'Allemande de l'ouest et de l'est. Sa situation particulière  permet à l'auteur de nous entrainer dans la vie d'une famille qui a fait les frais de l'histoire, de la construction du mur, de la construction de deux Allemagne. Elle permet au fil des pages de découvrir les deux mondes et surtout celui de l'est, de cette Allemagne construite de façon si étrange avec ses paradoxes et son cauchemar totalitaire de surveillance de ses citoyens, le moindre d'entre eux étant potentiellement un espion au service de sa redoutable police politique : la Stasi.

Une description fidèle sans amertume ni « Ostalgie » particulière de cette RDA, de ses travers, de ses illusions, mais aussi de ses qualités ! Et puis surtout ce que l'on ressent ce sont les dégâts provoqués chez ce peuple par cette longue séparation, par cette incompréhension mutuelle sur des détails, des futilités, qui font qu'un mur peut-être plus vivace et long à abattre s'est peu à peu mis en place.

Un roman bouleversant sur le deuil, la découverte de l'autre, de la nécessité des compromissions pour sauver l'essentiel : les gens qu'on aime ! Une très belle histoire de vie celle de Lilly.

 

Un très bon roman, très bien construit et historiquement cohérent. De nouveau un excellent travail qui a toute sa place dans la collection Millézime de Bayard Jeunesse. Une sortie au bon moment avec les commémorations de la chute du mur de Berlin.

A compléter pour les plus grands ados et leurs parents avec le film La vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck (Oscar du meilleur film étranger 2007)

 

Exigeant et bouleversant : A lire !

 

Jean-Luc Clerc

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07 novembre 2009

Jack Flint Tomes I et II

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Joe Donnelly
Traduit de l'anglais par Emmanuelle Pingault.
Tome II : Et la malédiction du serpent
Milan jeunesse, Collection Grands Romans, avril 2009, 13 €

 

 

Dès le départ le lien est fait avec le tome précédent et vous pourriez sans peine lire ce tome sans être trop perturbé (dommage cependant). Cette fois-ci les garçons à la rechercher de Corry, vont se trouver en Eirinn, confrontés à Dermott, seigneur de la Louvière, et Fainn sorcier attaché à son service.

Un hiver de plus en plus froid et éternel règne désormais sur la verte contrée : le seigneur de la Louvière et son âme damnée se sont emparés de la harpe magique qui permet le retour des saisons. Ils peuvent ainsi, affamer la contrée et soumettre leurs rivaux.

 

Pourtant l'arrivée impromptue de Corrywen d'abord puis des deux garçons vont poser de nombreux problèmes et bouleverser les plans de ces deux êtres maléfiques. Une prédiction ne dit-elle pas que Dermott sera vaincu par une femme rousse ?

 

Dans leur quête pour retrouver leur amie tout d'abord, puis pour sauver le pays,  les garçons vont rencontrer de nombreux alliés : le leprechaun ou plus exactement le Cluricaun Rune qui leur coudra des bottes magiques ; son ami le Cluricaun Brand chef de la Vagabande qui circule en charriots tirés par des poneys grassouillets et composée de Vingtaine Quatre-mains de Tigally et Tagelyn les jumelles... ; les géants ; le dernier des bardes....

La lutte qui s'engage alors entre Fainn et les jeunes gens  et leurs amis est époustouflante sur une terre de légende rude comme ses habitants. Les amis vont devoir faire des choix difficiles pour sauver leur vie et celles de leurs compagnons.

 

Joe Donnelly est  encore plus à l'aise dans ce second récit. Il maîtrise désormais son monde et peut se permettre une bonne dose d'humour, de références et clins d'oeil en tout genre.  Jack Flint est désormais une série, une histoire, des histoires pleines de fantaisies, de magie, d'aventures, de batailles sur fond d'amitié indéfectible entre Jack et Kerry. Alors peu importe si les gentils finissent toujours par triompher : c'est une vraie réussite.

 

IL FAUT LIRE LES AVENTURES DE JACK FLINT . ENTHOUSIASMANT

Jean-Luc Clerc

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Terre des monstres Tomes I et II

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D. M. Cornish
Traduit de l'anglais par Amélie Sarn
Tome II : Marque de Sang
Milan Jeunesse, avril 2009,15€

 

« Au terme de son voyage, Rosamonde est devenu Lanternier de l'empereur à la forteresse de Moulinvers : un honneur mais aussi une dangereuse mission car les routes de l'Empire doivent être éclairées de jour comme de nuit, malgré les monstres qui peuvent surgir de toutes parts... »


L'univers de D.M. Cornish est en place et ce deuxième tome de la Terre des Monstres commence à un rythme effréné qu'il ne quittera plus, que vous ne lâcherez plus. Ce tome approfondit l'univers de Rosamonde. Il va mettre en parallèle les « calendaires » et les « lanterniers ».

Le héros du premier tome est ici confronté à un nouvel univers et ses persécuteurs de l'orphelinat ont été remplacés par ses instructeurs : le monde des lanterniers de Moulinvers.

Les « théroscades » (batailles avec des monstres) se multiplient. Les attaques sont de plus en plus violentes. La forteresse de Moulinvers se trouve être un monde à elle toute seule avec ses innombrables pièces, salles, et autant de personnages qui la peuplent, la hantent pour certains. (voir le plan dans les Appendices de la fin du roman : une merveille).


Des personnages attachants comme Numpsion Orphias dit Numps apparaissent, l'agaçante mais attirante Thrénody, le retour du lyr Sépastipole ami et protecteur de Rosamonde...les autres apprentis ou des individus dangereux comme le mystérieux Grotius Pâtée (est-il un massacar ? ).

Tout un univers qui peu à peu nous devient familier et nous dévoile ses mystères, les tensions au sein de l'empire et laisse apparaître de nouvelles zones d'ombre.

Le personnage principal lui aussi évolue, se densifie, devient plus complexe : pris entre sa fidélité envers ses camarades, l'empire et son incompréhension, sa répulsion à devoir tuer systématiquement les monstres.


Ce deuxième tome est clairement une réussite. L'univers mis en place par D. M. Cornish est d'une richesse incroyable. Un monde totalement maîtrisé par son auteur qui vous laissera stupéfaits. Ce qui fait également sa réussite c'est l'originalité du monde créé très différent des autres univers de la littérature jeunesse actuelle : pas de baguettes magiques ici mais un monde unique à découvrir sans tarder : la Terre des Monstres.


Toujours aussi beau : superbement illustré par Benjamin Lacombe ;  avec des dessins crayonnés en noir et blanc qu'on retrouve de loin en loin dans le roman ; avec son impressionnant Explicarium et ses Appendices toujours réussis


Laissez-vous emporter par les sentiments contradictoires de Rosamonde et par le charme inquiétant de son monde à mi-chemin entre la terre des « touthommes » et celle des monstres. Le tome III sort en novembre 2009 chez Milan.

Jean-Luc Clerc

 

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06 novembre 2009

Nouvelles Histoires Extraordinaires

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Edgar Allan Poe
Traduit de l'anglais, Charles Baudelaire
Milan, Collection Vient (presque) de paraître, septembre 2009, 9,5 €

 

« Relativement à la très étrange et pourtant très familière histoire que je vais coucher par écrit, je n'attends ni ne sollicite la créance, vraiment, je serais fou de m'y attendre, dans un cas où mes sens eux-mêmes rejettent leur propre témoignage. Cependant, je ne suis pas fou, - et très certainement je ne rêve pas. Mais demain, je meurs et aujourd'hui je voudrais décharger mon âme. Mon dessein immédiat est de placer devant le monde, clairement, succinctement et sans commentaires une série de simples évènements domestiques. Dans leurs conséquences, ces évènements m'ont terrifié, - m'ont torturé, - cependant, je n'essayerai pas de les élucider. Pour moi, ils ne m'ont guère présenté que de l'honneur. ».

 

 

Les nouvelles histoires extraordinaires d'Edgar Allan Poe sont un recueil de nouvelles. Ainsi au fil d'histoire plus ou moins courtes, Poe, nous entraine dans son univers si particulier : le chat noir ; William Wilson ; l'hommes des foules ; le cœur révélateur ; Bérénice ; la chute de la maison Usher ; le puits et le pendule ; Hop-Frog ; la barrique d'amontillado ; le masque de la Mort Rouge ; le Roi Peste ; petite discussion avec une momie ; le portrait ovale.

Histoires sombres, de folie, de meurtre, d'évènements hallucinants, tout un univers à découvrir. Un style particulier , avec de nombreux détours, de nombreuses digressions avant d'en arriver aux faits. A chaque nouvelle, c'est le héros ou le témoin de l'histoire qui s'exprime et utilise le « je » ce qui renforce ce sentiment de proximité et de complicité dans lequel nous entraine l'auteur parfois bien malgré nous ; une utilisation qui donne parfois un côté froid et donne du recul à l'auteur qui semble un témoin distant rapportant son histoire et laissant, la peur, la gêne l'incompréhension à son lecteur.

Un sens du détail, de l'histoire, de la mise en scène plus qu'étonnant, et une maîtrise de la nouvelle : chez Poe, il ya une chute une vraie à chacune de ses histoires.

Des histoires extraordinaires qui trouvent leur inspiration dans la vie quotidienne, dans la cruauté des hommes et de leurs sociétés, dans l'histoire, dans les peurs ancestrales tout comme dans l'imaginaire débordant de leur auteur. Et puis vous le verrez, ce livre a bénéficié d'un traducteur particulier en la personne de Charles Baudelaire (même si les puristes ne sont pas tous d'accord sur ses choix !)

A vous de découvrir ces différentes histoires.

 

Et puis à la fin comme le veut cette nouvelle collection des éditions Milan au titre intéressant (Vient (presque) de paraître), une partie intitulée « & encore » qui donne des indications sur l'auteur et son temps, son influence dans tous les domaines littéraires... Vous y apprendrez ainsi, si votre lecture ne vous avait pas suffit, qu'Edgar Alan Poe est à l'origine de nombreux genres et courants littéraires actuels du gothique à la science-fiction.

Savourez ces nouvelles et découvrez cette nouvelle collection. Très bonne lecture.

 

Jean-Luc Clerc

 

Dans la même collection : R. Radiguet avec Le Diable au corps ; Choderlos de Laclos avec Les liaisons dangereuses (chef d'oeuvre du roman épistolaire du XVIIIème siècle) ; et d'autres titres à suivre. Une collection qui réédite les classiques dans leur version originale avec une publication soignée et originale : une vraie réussite.

 

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Oscar Pill Tome I

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Eli Anderson
La révélation des Médicus
Albin Michel, novembre 2009, 19€

 

« Je m'appelle Oscar Pill et je ne suis pas un garçon comme les autres. Je suis un Médicus : j'ai le pouvoir extraordinaire de voyager dans n'importe quel corps vivant. Comme mon père, qui fut autrefois un célèbre Médicus avant de disparaître.

Aujourd'hui, l'humanité entière est à nouveau menacée : Skarsdale, le sombre prince des Pathologus, s'est échappé de sa prison. Et moi, j'ai été choisi pour l'affronter. Il me faut braver tous les dangers et rapporter un Trophée d'un endroit où je ne suis jamais allé. Un univers mystérieux qui se trouve...dans le corps humain ».

 

Est-il utile de vous en raconter plus ? Je ne le crois pas. Ce livre annoncé avec force pub et annonces en tout genre avait tout pour nous séduire. Mais allait-il être à la hauteur ? La réponse est : OUI !!!!! Mille fois oui. C'est un roman passionnant et vous plongerez dans l'univers foisonnant d'Eli Anderson dès les premières pages avec une furieuse envie de ne plus le lâcher.

De multiples références, des idées, des inventions formidables, des surprises (notamment au moment où vous penserez tout savoir et avoir tout deviné !). Du suspens, de l'action, des personnages construits en profondeur avec de multiples facettes. Des aventures et du suspens... et puis cet Oscar Pill est terriblement attachant comme ses amis, sa famille, son univers.

Car c'est bien un véritable univers nouveau que nous offre ici Eli Anderson. Bien sûr parfois vous piafferez en vous disant qu'il n'y a pas assez de méchants... mais ne vous laissez pas troubler par votre impatience, car vous serez récompensé au fil des pages et votre curiosité sera satisfaite au combien. Et puis c'est un tome I et il faut bien construire et mettre en place ce monde nouveau.

Vous serez ravis des voyages d'Oscar qui de loin en loin vous rappelleront certainement l'excellent dessin animé : Il était une fois la vie.

Un livre qui donne le sourire, qui vous met de bonne humeur, qui vous tient en haleine, qui fait que peut-être vous n'avalerez plus jamais votre tablette de chocolat préféré de façon aussi innocente ! A dévorer et offrir sans hésiter aux petits et aux grands de votre entourage.

Une réussite je vous dis : Formidable.

  Bravo !

Jean-Luc

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31 octobre 2009

Batman, Meurtre au manoir des Wayne

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Duane Swierczynski
Illustré par David Lapham
Batman a été crée par Bob Kane
Traduit de l'anglais (Etats-Unis), Stan Barets.
Editions Tornade, septembre 2009, 23 €

 

 

" Aux yeux des habitants de Gotham City, le manoir des Wayne symbolise depuis toujours la réussite et la richesse des nantis.
Mais lorsqu'une équipe de terrassiers y découvre un cadavre enterré sous les pelouses, la vénérable demeure familiale se trouve plongée au coeur du scandale. Cherche-t-on à coller un crime odieux sur le dos de Bruce Wayne, le célèbre play-boy milliardaire ? Pas vraiment. Car l'autopsie révèle que le meurtre remonte à une trentaine d'années, aussi les soupçons se portent vite sur le père de Bruce, le docteur Thomas Wayne.
Déchiré entre le désir de protéger l'honneur de sa famille et son sens de la justice, Batman réussira-t-il à résoudre cette vieille affaire ? Pour cela, il dispose de neuf indices mystérieux (inclus dans ce livre sous forme de fac-similés). Parmi ceux-ci : une invitation souillée de sang, le plan du manoir des Wayne, le journal de Gotham City, le rapport d'autopsie, des extraits d'un journal intime, une lettre, une photographie.
Le docteur Wayne, ce père tant aimé que le jeune Bruce a toujours juré de venger, n'était-il donc qu'un meurtrier ? Il vous appartient désormais d'examiner tous ces indices pour découvrir l'étonnante vérité."

Bienvenue à Gotham, plongez avec Batman et découvrez les angoisses et les doutes de Bruce son jumeau du jour, lui qui vit la nuit. D'ailleurs, Batman, est-il un monstre ou un homme ? Bruce toujours aussi torturé par rapport à son passé et ce qui vient de se produire dans sa propriété ne vas pas arranger les choses.

Découverte d'un cadavre avec un masque d'argent, et une mystérieuse carte d'invitation à un bal avec la mention au dos : SI JE NE PEUX PAS T'AVOIR...

Ambiance sombre de la ville de Gotham, Batman retrouve l'inspecteur Gordon qui va lui donner ses premières impressions et doutes sur l'enquête.

Et les indices vont se multiplier, le doute s'installer, le mystère s'épaissir.

Un livre superbe qui raconte une histoire, une intrigue policière, teintée du mystère et de la noirceur des aventures de Batman et de l'univers de Gotham. Les indices tombent peu à peu sous forme de fac-similés superbement reproduits, d'extraits de lettres... Un ouvrage dont les pages sont vieillies aux tons sépias et illustrées à la manière des comics américains dont ils s'inspirent. L'illustrateur n'est autre que David Lapham illustrateurs de comics à qui on doit entre autres, Stay Ballets, Murder Me Dead et surtout Batman : City of Crim.

 

Une aventure passionnante avec pour les méritants, la clef du mystère présentée de façon originale sous cachet.

Une plongée originale dans le  mythe du super héros, qui doute plus que jamais, rongé comme toujours par ses angoisses, ses fantômes. Un livre superbe.

 

Joseph

22 octobre 2009

Charles Darwin, Récits de voyage

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A-J Wood et Clint Twist (comprenant des extraits des écrits de Charles Darwin)
Illustré par The Templar Company (éditeur de livres rares)
Milan, Collection Beaux livres, 24,5 €

 

Ce récit de voyages de Charles Darwin est dès le premier regard, un superbe ouvrage. Sa couverture cartonnée fermée habilement avec un fac-similé de serrure a tout pour attirer votre regard. Et puis le thème, le personnage central du livre ne peut qu'attirer vous esprit ouvert vers la curiosité et la raison.

Etudiant, le jeune Darwin rêve comme beaucoup de voyager sur les traces du géographe de langue allemande Alexander von Humboldt. Il sera le naturaliste recherché pour le voyage d'un navire de la Marine Royale vers l'Amérique latine.

Après quelques descriptifs des préparatifs et du bateau, plongez avec délice au Brésil et partagez l'indignation de Darwin pour l'esclavage. Découvrez faune et flore avec les extraits des planches zoologiques avec leur numéro de planche original et leur nom scientifique, extraites de la Zoologie du voyage du Beagle publié par Charles Darwin entre 1838 et 1843. A partir de là vont naître les premières réflexions de Darwin sur l'évolution des animaux au cours du temps, réflexions qu'il se garde bien d'exprimer à haute voix : à l'époque on pense que les animaux disparus dont on retrouve les fossiles ont été décimés par le déluge !

Inspiré par le géologue Charles Lyell, son arrivée au Chili juste après le séisme dans le port de Conception le 4 mars 1835, lui permet également de prendre conscience que la physionomie de la Terre n'est pas figée, mais qu'elle varie avec le temps. Commence alors à germer dans son esprit sa célèbre théorie de l'évolution. Il découvre des nombreuses nouvelles espèces avant de découvrir les îles Galapagos et leur faune. Rentré en Angleterre, il commence à écrire et se décide en 1859 à publier son ouvrage sur De l'origine des espèces, véritable pavé dans la mare des connaissances de l'époque.

Superbement illustré, avec tout le savoir faire des éditions Milan, ce livre rempli de rabats, pochettes, petits encarts pleins de lettres, de témoignages est une plongée dans le monde de l'époque avec les yeux de Darwin. Un ouvrage formidablement bien construit et cohérent, nécessaire pour faire découvrir aux jeunes et moins jeunes lecteurs les doutes de l'auteur, les réflexions qui l'ont amené à construire sa théorie de façon scientifique avec les connaissances et les possibilités de son époque.

Un livre nécessaire dans notre monde troublé en but à l'obscurantisme, qui conteste sa théorie confirmée par les meilleurs scientifiques.

Formidable ! Nécessaire !

 

Lecture à compléter avec le livre paru chez Milan également, pour les plus jeunes lecteurs, dans la collection De vie en vie : Darwin.

 

 

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Jean-Luc Clerc

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20 octobre 2009

Terre-Noire 2 Le bras de la vengeance

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Terre Noire Tome 2 : Le bras de la vengeance

M. Honaker

Flammarion

 

Un bandit nommé Terra-Nera sème le chaos en Toscane...

Nous retrouvons Stepan, chef à la tête d'inquiétants bandits, qui rançonne les riches et redistribue ses butins aux pauvres. Ce nouveau "Robin des bois" n'oublie ni sa rage, ni sa détermination à faire payer ceux qui l'ont anéanti en Russie. Sa patience froide paiera en temps voulu et personne ne pourra le détourner de son objectif.

 

Le deuxième opus de la saga Terre-Noire est à la hauteur du premier. On retrouve un personnage diabolique bien loin du jeune homme exalté du début. Plein de froide résolution, il s'organise pour contrer ses ennemis. La rencontre avec une jeune veuve anglaise lui montre qu'un autre avenir est possible mais il ne deviendra réalisable qu'une fois la justice rendue.

Le récit épistolaire crée une cadence de lecture que l'on a dû mal à réfréner. On se laisse emporter avec délice !!!

Voyagez de l'Egypte à la Russie en compagnie de Stepan, Natalia et de l'horrible Kusak.

A découvrir d'urgence avant la sortie du troisième épisode en mars 2010.

 

Delphine

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Les crimes du Docteur Watson

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Duane Swierczynski
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Stan Barets
Illustré par Clint Hansen
Editions Tornade, septembre 2009, 23€

 

" Après la destruction par les flammes du 221 B Baker Street et la découverte d'un cadavre dans les décombres, le docteur Watson est arrêté et incarcéré.
De sa cellule, il décrit les évènements mystérieux qui ont précédé le drame. Alors que son ami Sherlock Holmes a disparu, englouti dans les chutes de Reichenbach, et que l'empire criminel du sinistre professeur Moriarty s'étend sur l'Angleterre, le docteur Watson ne cesse de recevoir d'étranges missives. Dans une dernière tentative désespérée pour se justifier, le docteur Watson a rassemblé douze indices qui permettront peut-être de prouver son innocence.

Parmi celles-ci : - une gazette imprimée à Thousand Oaks en Californie ;

- un catalogue de colifichets érotiques, une pochette d'allumettes vides

contenant quelques mots mystérieux griffonnés à la hâte ;

- le texte intégral de L'Ultime problème, son célèbre récit de la mort de Sherlock Holmes."

 

Lorsqu'on ouvre le livre, on a la formidable impression d'ouvrir un manuscrit ancien au papier jauni par le temps. Et le temps peut parfois faire ressurgir d'étranges documents et affaires au gré des vicissitudes de la vie, comme celle d'un héritage longtemps préservé qui parvient à son terme. Une lettre étrange, et le doute se met à planer sur le Docteur Watson : à vous de lui venir en aide.

Le mystère et l'étrange rodent dans ce récit : qui est caché derrière tout cela, serez vous aussi fin détective qu'ont pu l'être Watson ou Holmes ? Trouverez vous la clef de l'énigme ou vous laisserez vous effrayer et réduire au silence par les évènements étranges et les créatures de l'ombre qui rôdent.

Un très bon et beau livre qui réserve bien des surprises. Laissez-vous tenter par Les crimes du Dr Watson.

 

Joseph

09 octobre 2009

Wariwulf Tome I

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Bryan Perro
Tome I : le premier des Râjâ
Mango, septembre 2009, 18 €

 

 

« « La Bête » est un jeune esclave doté d'une force surhumaine. Il est violent, mutique et se comporte comme un animal. Maltraité par son maître mésopotamien, il est bientôt enlevé par le chef d'une tribu nomade qui veut en faire le prochain champion des Olympiades. Récompensé pour ses prouesses physiques, il reçoit des pierres de lune qui lui révèlent son destin... La grande épopée du peuple des Loups-garous peut commencer... »

 

La plongée dans la nouvelle saga de Bryan Perro, Wariwulf, est immédiate, dès les premières lignes l'auteur va nous entrainer dans un univers d'une richesse rare : de la meute de loups au fond d'une forêt à l'Egypte antique au sud où un mage de la secte de Thot et son apprenti Sénosiris ont lu dans les étoiles les prémices d'un événement sans précédent, en passant par la Mésopotamie et Babylone ses jardins suspendus puis en remontant vers le nord avec Byzance la culture grecque, les jeux olympiques et enfin le pays des Thraces (au nord de la Grèce actuelle en bordure de la Mer Noire) et sa capitale Veliko Tarnovo, ville étrange sur laquelle règne Hitovo le Chien, étrange souverain adepte de l'orphisme.

Suivez la vie de « la Bête », Varka ou Avatah, cet esclave presque inquiétant et de son étrange destin, du pays des loups à l'Anatolie. Un monde où se mêlent légendes et mythologies grecque et mésopotamienne, monde de la magie avec les mages et les chamanes.

Un roman sans cesse en action, dont le suspens monte en puissance et dans lequel les secrets des différents personnages sont révélés peu à peu par des « flashback » réguliers qui permettent de construire l'histoire et d'en découvrir les origines.

Particulièrement bien documenté, Bryan Perro nous fait revivre par le moyen de petites histoires courtes racontés par ses personnages, ces héros et légendes d'un autre temps. Un monde cruel, violent, où la vie des hommes compte si peu parfois. Un monde où l'ambition des grands, les luttes intestines, les haines, les vengeances s'entremêlent de façon à construire un roman passionnant et rythmé. Les personnages sont nombreux, bien construits, attachants, sans mièvrerie ni compromission. Les descriptions détaillées et saisissantes.

Bryan Perro, maîtrise l'art du récit et nous dépayse totalement avec ce premier tome d'une série annoncée de huit par les éditions Mango. Découvrez bien vite ce qu'est la légende du premier des Râjâ : la légende prétend qu'il s'agit d'un humain moitié homme, moitié loup.

Ce premier tome est clairement une réussite et une excellente surprise de la rentrée en littérature jeunesse. Il devrait certainement être l'un des tous meilleurs romans dans sa catégorie avec une suite annoncée en 2010 qui on l'espère sera à la hauteur de ce premier opus : la barre est haute !

 

Rythmé, passionnant de bout en bout, un vrai dépaysement : une belle réussite !

 

Chronos

06 octobre 2009

Etranger à Berlin

couvberlin.jpgPaul Dowswell

Traduit de l'anglais par Nathalie Peronny

Naïve. septembre 2009. 18 E

 

En 1941, après la mort de ses parents Piotr Bruck est envoyé dans un orphelinat à Varsovie. En raison de son physique aryen et d'une ascendance allemande dans la famille de sa mère il est adopté par une famille allemande et nazie.

Il découvre alors la vie facile à Berlin dans l'Allemagne victorieuse, le fanatisme nazi dans sa famille adoptive, l'embrigadement dans les jeunesses hitlériennes puis il rencontre Lena Reiter dont la famille participe avec quelques autres à la résistance contre ce régime.

Ils survivront en fuyant en Suède.

 

C'est un roman qui revient sur plusieurs points importants du régime nazi :

  • Le retour forcé en Allemagne des ressortissants étrangers dont les familles avaient des ascendances allemandes

  • Les théories pseudo scientifiques raciales

  • Les programmes de purification de la race soit par extermination soit par expérimentation et dont les allemands furent aussi victimes

  • La difficile résistance à Hitler d'opposants allemands dans un pays majoritairement fanatisé.

L'expérience que Piotr a eu de la guerre en Pologne, le changement radical de sa vie quand il arrive en Allemagne expliquent nombre de ses interrogations , de ses hésitations. Il vit de l'intérieur le fanatisme hitlérien qui s'est emparé de la population et découvre par lui-même petit à petit les perversions extrêmes de ce régime.

Un roman historique bien documenté, pour des lecteurs déjà avertis, qui montre à quel point l'idéologie nazie a bouleversé les modes de pensée, les modes de vie dans ses aspects les plus intimes.

 

Mireille

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Bleu Cauchemar Tome I

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Laurie Faria Stolarz
Traduit de l'anglais (américain) par Valérie Le Plouhinec
Albin Michel, Collection WIZ, avril 2OO9, 13€

 

« Ce n'est pas la plus belle fille du lycée. Ni la plus populaire. Pourtant, elle est unique : elle a le don de prémonition ».

Bienvenue dans le monde de Laurie Faria Stolarz. Vous allez plongez dans le campus d'un petit lycée américain entouré de bois. Un lycée banal somme toute, avec sa cafétéria, sa bibliothèque, son équipe star de hockey, son internat, ses cours...

Vous y ferez la connaissance de Lucy Ann Brown et de ses condisciples Drea, Amber, Veronica pour les filles et PJ, Donavan et Chad pour les garçons.

Le livre et l'intrigue tournent autour de la petite bande et notamment de Lucy qui dès le début du livre a juste un problème : elle est en proie à des cauchemars plus qu'inquiétants qui provoquent chez elle de l'incontinence.

Plus inquiétant encore, ses cauchemars concernent sa meilleure amie Drea et un proche destin funeste.
A partir de là, le livre va évoluer principalement autour de cette intrigue : qui est le mystérieux admirateur de Drea, que veut-il ? Représente-t-il un réel danger ?

Ce livre peut être agaçant par un certain nombre d'aspects : ces campus américains peuvent lasser à la fin et si ce n'est définitivement pas votre passion : passez votre chemin. De même pour l'impression de plonger dans une de ces séries américaines à la mode avec médium à la clef de l'enquête. Par contre si vous êtes fan : foncez !

Pour le reste, il y a quelque chose dans ce roman qui fait qu'on le lit malgré tout jusqu'au bout. Et vous pourriez bien pour certains d'entre vous, vous laisser prendre au piège et le lire d'une traite en sursautant au moindre bruit.

L'histoire de Lucy Ann Brown, de son héritage familial, de son lien avec sa grand-mère sont intéressants (une influence locale ? Laurie Faria Stolarz est en effet originaire de la ville de Salem), tout comme son évolution en terme de confiance en soi, en ses capacités de « sorcière », en sa possibilité à séduire le plus beau garçon du lycée...

L'intrigue bien mince à priori tient cependant la route et vous tiendra en halène jusqu'au bout ou presque (vous risquez de découvrir même d'où vient le danger, mais à un moment où il n'est plus forcément nécessaire pour l'histoire de le garder caché) : rivalité, intrigues, le danger et la tension qui montent peu à peu. Drea survivra-t-elle ?

Suspens, amitié, amour !

Un tome I d'une série de quatre qui mérite tout de même le détour par bien des aspects positifs qui l'emportent au final. Une impression suffisamment agréable pour avoir envie de lire la suite : pas de panique pour les amateurs, elle arrive en octobre 2009 avec Blanc fantôme chez Wiz bien évidemment.

Jean-Luc Clerc

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20 septembre 2009

le diable au corps

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Raymond Radiguet
Milan Jeunesse, Collection Vient (presque) de paraître, 9€50

 

« Pour écrire, il faut avoir vécu, mais ce que je voudrais savoir, c'est à quel âge on a le droit de dire : « j'ai vécu ». (...) Je crois qu'à tout âge, et dès le plus tendre, on a à la fois vécu et on commence à vivre. »

Raymond Radiguet

 

La lave brûlante de la passion coule sous la plume de Raymond Radiguet dans son premier roman le Diable au corps. Sous chaque phrase on sent l'embrasement de l'adolescent, presque adulte, parfois, puis de nouveau cédant aux caprices de son âge. Mais c'est  certain, le héros du livre dont on ne connaît pas le prénom qui s'exprime à la première personne du singulier, (l'auteur qui a connu une passion similaire à l'âge de quatorze ans se défendra d'en avoir fait une autobiographie) veut grandir, tout connaître tout savoir de l'amour de ses plaisirs et de ses tourments. Une envie, insatiable qu'il justifie dans les premières lignes du roman par la guerre (1914-1918), le contexte particulier qu'elle permet.

Son amour sera Marthe jeune femme de quelques années plus âgée que lui, fiancée puis mariée dont il est d'abord persuadé d'être amoureux et dont il ne peut plus se passer ensuite. Roman d'initiation à l'amour, à ses contingences, ses obligations dans cette société du début du XXème siècle, le Diable au corps, montre bien la cruauté des sentiments, l'inconscience parfois, l'égoïsme de ce jeune homme qui veut aller au terme de son expérience, à la fois homme et enfant. L'impatience vibre sous ses mots, celle de grandir comme celle de ne rien changer pour rester fidèle à ses idéaux, celle de bousculer cette société hypocrite qui sait et qui lui pardonne un peu plus à lui parce qu'il est un homme.

Un court texte de quelques 150 pages au rythme effréné, à découvrir ou redécouvrir dans une nouvelle édition dont on peut remarquer la qualité : couverture soignée, magnifique, graphisme et typographie bien choisis à l'intérieur avec ce petit cœur qui revient à chaque page et qui s'effeuille comme les sentiments des héros.

Le petit plus à la fin : les quelques pages intitulées « & encore » qui nous donnent quelques clefs sur l'auteur, son époque avec des témoignages et avis d'autres grands auteurs sur l'œuvre, son contexte, son utilisation ensuite (cinéma...)

Une nouvelle collection qui graphiquement est superbe et qui choisit des textes à la hauteur : en sortie simultanée, les histoires extraordinaires d'Edgar Allan Poe, et pour octobre  2009 la merveille du XVIIIème siècle : les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos.

 

Jean-Luc Clerc

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17 septembre 2009

Récit d'une mort annoncée

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Anthony McGowan
Traduit de l'anglais par Cécile Chartres
Milan Jeunesse, Collection Macadam, juin 2009, 9€

« J'aimerais bouger. Partir d'ici ou vers autre chose. Agir. Mais je ne peux pas bouger, j'ai été brûlé et je suis comme l'un des corps recouverts de cendres de Pompéi, figé par la lave en fusion. Seuls mes yeux fonctionnent encore. Et cela suffit pour le voir venir. Le couteau qui va me tuer. Il est dans la main d'un garçon. Le garçon vient pour me tuer. Je dois m'enfuir. Je ne peux pas courir. J'ai trop peur pour courir.


Paul ne se souvient pas du moment précis de sa mort. Il se souvient d'avant. De l'atmosphère angoissante des cours au lycée. De la violence des gros durs de la classe. De services qu'il n'aurait pas dû rendre. Des sourires de Maddy... Et de ce couteau. Celui qu'il tenait au moment de sa mort... »


Ce court roman d'Anthony McGowan fait froid dans le dos. Il commence de façon très mystérieuse par la description de l'arme, du couteau, couvert de runes magiques, arme légendaire aux propriétaires aux noms immortels...Mais rien de tel dans la réalité. Ce récit nous plonge dans l'univers quotidien de Paul, un monde angoissant, où l'angoisse, la peur suintent des pages. Un roman fantastique pas au sens esprits frappeurs ou monstres en tous genres. Non rien de tel, juste une angoisse diffuse, liée au ton employé et à la façon de construire le récit. Son héros Paul raconte, se raconte nous entraine dans son lycée, sa chambre avec ses ennemis : le terrifiant Roth à l'aura maléfique et terrifiante, les « Zarbis » avec qui il pourrait devenir ami : Shane, Maddy, Billy... les parents, les profs. Tout se déroule comme si nous flottions au-dessus de l'histoire, comme si nous étions nous aussi déjà « morts », témoins impuissants de l'histoire, incapables d'interagir et d'empêcher la catastrophe.

Car on le sent rapidement quelque chose d'inéluctable est en train de se dérouler et rien ni personne ne pourra l'empêcher. L'auteur nous entraine dans le cauchemar de Paul et nous nous y enfonçons avec lui. Réflexion sur la dépendance, la solitude, la peur du regard de l'autre, des autres, des phénomènes de groupes, sur la lâcheté également, les décisions à prendre pour rester vivant. Car il y a plusieurs façons de mourir et la lame d'un couteau aussi dangereuse soit-elle n'est pas la seule arme ou la seule mort à craindre.

Incisif et très bien construit. Un très bon roman étrange qui pousse à la réflexion.

Jean-Luc Clerc

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16 septembre 2009

La conspiration Merlin

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Diana Wyne Jones
Traduit de l'anglais par Laurence Kiefé.
Editions BAAM, décembre 2007, 13 €

 

« A Blest, un royaume qui ressemble à l'Angleterre, la Cour du Roi est obligée de se déplacer sans cesse d'une frontière à l'autre, de l'Ecosse au pays de Galles, de Newcastle à Southampton, pour activer le flux magique qui seul garantit la paix. Mais à Blest s'est noué un complot contre le roi et le Merlin, une conspiration de mages capable de bouleverser l'équilibre magique qui fait tenir ensemble non seulement le royaume, mais tous les mondes de l'Univers ».

 

Vous trouvez votre vie terne et sans relief, vous avez envie de fantaisie et de magie : il faut lire La conspiration Merlin. Vous y découvrirez Nick Mallory (il vit dans notre monde) et Arianrhod Hyde  dite Roddy (elle vit à Blest) deux adolescents qui vont se retrouver propulsés dans une quête fantastique.

Avec eux, chacun de leur côté dans les deux premiers tiers du livre, vous découvrirez les différents mondes qui gravitent, se superposent au notre.

Vous emprunterez les chemins étranges et magiques entre les mondes. Vous y verrez des mondes étranges obsédés par la sécurité et l'organisation ; celui des exclus relégués trop près du ciel et de la lumière dangereuse du soleil ; vous y rencontrerez des gens généreux et de dangereux idéologues comme le Maître de prière.

Vous parlerez avec une panthère noire, mourrez de rire avec l'éléphante Pudmini dite Mini : un amour de bestiole qui vous le verrez peu se révéler problématique à gérer : « avez-vous jamais essayé de faire faire demi-tour dans le noire à un éléphant affolé... ?  »

Vous verrez la maison de Romanov évoluer avec son état de santé ; les mondes déstabilisés se modifier peu à peu.

Vous y découvrirez également des histoires de famille avec Roddy notamment qui va découvrir les membres de sa famille comme cette partie où seules les filles et les femmes ont droit de cité. Vous suivrez finalement avec passion ces deux gamins attachants à la découverte de leurs racines, de leur identité.

 

Pourtant il faut faire vite car les mondes se dégradent et l'équilibre de l'univers bascule. Nick va devoir se résoudre à le réveiller....

 

Un livre à l'univers foisonnant avec des mondes différents, de la magie, du rêve et également des références (volontaires ou non ? ) à notre monde ses dérives et ses dangers.

Un vrai moment de magie et de plaisir par Diana Wyne Jones dont Neil Gaiman dit qu'elle est « ... tout simplement le meilleur auteur de magie, pour les lecteurs de tout âge ». Tout est dit !

 

Joseph C.

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08 septembre 2009

Ce que disent les nuages

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Lorris Murail
l'Archipel, Collection ARCHImaginaire, mai 2009, 15€95

 

Colin est un gamin ordinaire qui vit dans un monde terrifiant : il ne pleut plus depuis très longtemps et l'eau est de plus en plus rare. C'est en cherchant les dernières gouttes au fond du puits du jardin pour sauver les rosiers de sa maman que son destin va basculer.

« ... sur la margelle du puits, était assise une créature nimbée de lumière...attachées aux épaules et lui dissimulant à demi les bras, elle avait deux ailes d'or pâle... »

Colin a été choisi comme messager, mais dans un premier temps, la seule chose que semble avoir provoqué l'apparition c'est qu'il entend des voix des chants et qu'il apparaît désormais pour ses parents comme un gamin totalement détraqué et inquiétant. A un tel point que se mère Monia va choisir de l'emmener voir un prêtre le père Mandelier afin qu'il trouve une solution : vaguement troublé le père Mandelier finira par leur indiquer l'adresse d'un homme, un savant, ancien prêtre dénommé Kantor.

L'histoire bascule alors, Kantor va déceler chez Colin des similitudes avec d'autres personnes de l'histoire ayant aussi entendu des voix.

Le père Kantor a lui aussi un ancien condisciple Grégoire Murphy multimilliardaire qui contrôle une grande partie de la planète qui va s'intéresser de prêt au destin de Colin ou plus exactement à ce que ce jeune garçon peut apporter à son destin. Désormais Colin sera sous sa responsabilité accompagné de Béatrice une jeune femme au service du magnat tout puissant et du père Kantor.

Vont alors se dérouler toute une série d'aventures et de découvertes qui vont monter en tension avec des épisodes fantastiques (vous ne monterez peut être plus jamais dans un avion avec la même insouciance) jusqu'au final surprenant et plein d'optimisme.

 

Ce livre de Lorris Murail est une bonne surprise. Il ouvre la nouvelle collection ARCHImaginaire des éditions de l'Archipel. L'univers de Lorris Murail est étonnant, un mélange de roman d'anticipation (avec comme toile de fond la sécheresse et la guerre de l'eau qui a commencé sur terre avec une partie du globe sous des trombes d'eau et l'autre partie totalement asséchée n'ayant plus reçu une goutte d'eau depuis des mois) et de l'imaginaire et du merveilleux avec l'intervention des anges et des démons.

Sur fond de fin du monde, il tisse donc une histoire dans laquelle Colin va servir de courroie de transmission entre un monde qui court à sa perte et celui des puissances célestes en pleine guerre : les néphilim contre les galgallim

Un monde construit, plein d'histoires, de suspens, d'idées drôles bien construites qui font parfois froid dans le dos comme celle qui voudrait que les anges et démons contrôlent l'humanité depuis l'origine et nous manipulent totalement : voir le chapitre sur la préhistoire et l'atelier de falsification de Sheridan.

Une vision particulière du monde de l'au-delà : avec des démons, et la hiérarchie des anges particulière, êtres merveilleux mais dépourvus d'humour avec chacun un rôle particulier à tenir quoiqu'il arrive ou presque.

Un roman passionnant qui se lit d'une traite, et qui allie au plaisir de l'histoire bien écrite et bien construite celui d'une réflexion sur l'homme sa responsabilité sur la planète, sur notre société et sur les croyances et la destiné.

Une belle entrée en matière, à savourer cet été sur la plage ou ailleurs avec parfois un petit coup d'œil inquiet vers le ciel. Vous croyez aux anges et au merveilleux : Ce que disent les nuages est à dévorer sans retenue.

 

Jean-Luc Clerc

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28 août 2009

Les vampires de Manhattan (Tome 1)

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Melissa de la Cruz
Traduit de l'anglais (américain) par Valérie le Plouhinec
Editions Albin Michel, Collection Wiz, octobre 2007, 13€50

 

Lorsque vous entrerez dans l'univers de Melissa de la Cruz, vous aurez d'abord l'impression de rentrer dans un monde superficiel, clinquant et terriblement « hype ». Très américain (vous serrez à New York comme chez vous), très mode (les meilleurs créateurs du monde vont défiler) et rythmé, le récit de Melissa de la Cruz vous entraîne dans un des lycée les plus sélect de New York : le lycée Duchesne.

Le départ de l'intrigue semble bien mince et il vous faudra même attendre la page 167 pour trouver le mot vampire pour la première fois. Peut-être fallait-il tout cela pour mettre l'univers de Mimi et Jack Force, de Théodora Van Allen de son meilleur ami Oliver de Dylan ou de Bliss, en place avec de loin en loin les extraits mystérieux du journal d'une certaine Catherine Carver datant du XVIIème siècle et la sensation progressive que sous le strass quelque chose de plus grave se joue.

Encore une histoire de vampire me direz-vous ? Oui, ils sont à la mode et en passe de détrôner le règne des sorciers en tout genre. Mais il ne s'agit pas de n'importe quels vampires, moins speed, électrique  que le Twilight de Stéphanie Meyer ( publié par Hachette); moins angoissant et plus éloigné du mythe des vampires européens que le Dracula de Kate Cary (publié chez Milan) , ces vampires de la Haute font parfois penser par la trame de leur histoire à ces différents ouvrages (Edward brille au soleil, ceux de Manhattan le sont la nuit...) ou à l'excellente bande dessinée française, Rapaces (Dargaud) de Marini et Dufaux en plus soft bien évidemment. Car finalement cette histoire n'est pas si superficielle et Melissa de la Cruz a eu l'excellente idée de relire et de s'approprier l'histoire de ces anges déchus qui tentent de s'acheter une bonne conduite pour regagner le paradis perdu. L'histoire est pleine d'invention d'humour et de bonnes idées surprenantes. Mais la menace rôde pour ces vampires de la Haute société...

Inutile de déflorer l'histoire plus avant. Ne vous laissez cependant pas détourner par la couverture « girly » et plongez dans ce « Diable s'habille en Prada » miniature en écoutant pourquoi pas à fond Alain Souchon (« Putain, ça penche », tiré de l'album, « La vie Théodore », 2005, Virgin).

Léger comme les bulles d'un de nos meilleurs champagne, ce premier tome est à savourer sans modération. Vivement la suite !

 

Jean-Luc Clerc

 

 

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Les vampires de Manhattan (Tome 2) Sang-Bleu

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Melissa de la Cruz
Traduit de l'anglais (américain) par Valérie Le Plouhinec.
Editions Albin Michel, Collection WIZ, janvier 2009, 13€50

Alors qu'à New-York se prépare le bal annuel des 400, Théodora Van Alen et son intermédiaire Oliver Hazard-Perry sont à Venise à la recherche du grand-père de la jeune fille. Le trouveront-ils ? Si oui, acceptera-t-il de revenir et de les aider ? Détient-il les informations nécessaires ?

Plus dense, ce deuxième tome prend le temps de s'attarder sur les personnages, leur vie, leurs sentiments, des mœurs des vampires, leur code de lois strictes sont précisés, détaillés. 
Azraël (l'ange de la mort) et Abbadon (celui de la destruction) sont de la partie ainsi que de nouveaux personnages comme le mystérieux Kinglsey Martin. Alors, familiers, intermédiaires ou vampires tous semblent désormais sous la menace de cette vieille puissance en phase de réveil : les sang-d'argent. 
Melissa de la Cruz mèle habilement suspens, émotion, références culturelles, mélangeant les genres (du mondes des tops modèles à celui de l'immense bibliothèque du Sanctuaire) et les époques (le livre est émaillé de coupures de journaux du XIXème siècle relatant cette fois la disparition d'une célèbre et riche fiancée Maggie Stanford).

Sans vous en rendre compte vous vous laissez entraîner par un tourbillon de découvertes permettant la résolution d'énigmes posées précédemment ou épaississant le mystère pour d'autres. Plus dense donc mais tout aussi léger, pétillant et agréable que le tome précédent, de nouveau un vrai plaisir de lecture.


Jean-Luc Clerc

 

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Les vampires de Manhattan (Tome 3) Sang-d'Argent

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Melissa de la Cruz
Traduit de l'anglais (américain) par Valérie Le Plouhinec
Editions Albin Michel, Collection WIZ, juin 2009, 13€50

 

Ce troisième tome de la série permet de retrouver tous les protagonistes : Mimi et Jack Force les jumeaux ; Théodora, Oliver, Bliss, Jordan...

Les héros poursuivent leur évolution mais également certains vampires disparus font leur retour.

Cette troisième partie permet à Melissa de la Cruz d'approfondir encore ses personnages, la trame de son histoire s'est encore densifiée et le mystère de savoir qui est dans quel camp, celui des Sang bleus ou celui des traîtres des Sang-d'Argent, est particulièrement difficile à démêler.

Toujours aussi brillant, ce troisième opus ne vous décevra pas : il mêle avec brio les histoires passées et présentes. Amour, intrigues, pouvoirs qui se révèlent peu à peu.

Très bien construit, très bien écrit, mêlant légèreté apparente comme au début de la série et profondeur des sentiments de l'histoire, ce récit est une fois de plus une réussite.

L'accélération du récit dans les derniers chapitres est foudroyante, vous y perdrez tous vos repères, tout va basculer.

Inutile de vous le conter en détail, sachez simplement que vous y retrouverez tout le plaisir des tomes précédents.

Et puis l'histoire est-elle réellement terminée ?

 

Les lycéens et lycéennes se l'arrachent : ils ont bien raison.

 

 

Jean-Luc Clerc