27 juin 2024
Rosa Bonheur : l’audacieuse
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Marie Curie : elle a découvert l’énergie nucléaire
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Rester debout
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Louise Michel : je suis tout en orage
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Marie Curie, la femme de sciences
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Hypatia d'Alexandrie
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24 juin 2024
La cuisine des Ogres : Trois-fois-morte
Fondez pour ce bijou d'histoire et d'illustrations. Une petite merveille avant les vacances
ou pour les vacances. Fabuleux.
Un petit groupe d’enfants dont Blanchette dont les cheveux ont blanchi, devenus fantômes en une nuit sont regroupés et désespèrent de la maigre pitance qu’il vont devoir se partager. Alors que Blanchette est partie chercher de l’eau pour cuire la soupe, Grince-Matin attire les autres dans un piège mortel et les voilà enlevés par quelqu’un qui visiblement ne leur veut pas que du bien. Blanchette a tout vu mais trop tard, elle hurle tente de réveiller le voisinage et est rattrapée par le Chevalier de Sainte-Ombre qui fonce sur son fier destrier à la poursuite de la créature maléfique. Pourtant très vite les voici pris au piège aux aussi, ils en ont trop vu et notamment parce qu’en le suivant ils ont pris connaissance d’un des chemins magiques qui mène à la dent de chat.
Lorsqu’ils sortent tous du sac, ils sont arrivés sur le marché aux enfants là où les ogres viennent faire leurs courses. C’est Beauregret qui va emporter les enchères et embarquer dans sa cuisine les malheureux. Le chevalier est jeté direct au court-bouillon et Blanchette, l’un de ses camarades et la petite noble prétentieuse rencontrée dans le sac sont envoyés directs au hachoir dont seule Blanchette ressortira vivante par miracle sauvée par Brèche-Dent. Désormais elle n’aura qu’une obsession sauver les quatre autres des griffes de l’ogre qui les a mis à engraisser dans une cage magique.
C’est ainsi que l’histoire va s’emballer et que fantômes, créatures extraordinaires, Minotaure vont entrer dans la danse de laquelle, celle qu’on appelle désormais Trois-Fois-Morte va être un l’élément essentiel. Course poursuite, négociations, transactions pour sauver des vies, tout y passe.
C’est un univers cruel et fascinant que les auteurs nous proposent ici, tant par l’histoire qui emprunte à nos vieux contes et à nos peurs des ogres et des créatures aux doigts crochus et aux dents acérées, des fantômes. Les illustrations comme vous le découvrez dès la couverture sont absolument fantastiques, les créatures semblent plus vraies que nature, le sang coule, les ogres puissants sont parés de costumes de princes et de princesses, et les couleurs sont juste magiques. De page en page elles créent des effets étranges, nous embarquent d’un univers à l’autre, du plus petit au plus grand. Rien n’est anodin dans ce monde cruel et vibrant, tout bouge et se transforme, tout peut être mortel. Une histoire à couper le souffle, impossible à lâcher, une ambiance qui nous sort des sentiers battus font de cet album un petit bijou du genre entre conte classique et cruauté délicieuse. On aimerait tellement qu’il y ait une suite.
Jean-Luc
La cuisine des Ogres : Trois-fois-morte
Un conte écrit par Fabien Vehlmann
Mis en scène et dessiné par Jean-Baptiste Andreae
Editions Rue de Sèvres, 13 mars 2024, 20 €
Tous français d’ailleurs : douze histoires, cent ans d’immigration
Les romans de Valentine Goby rassemblés en un seul tome pour nous parler des autres autrement. Formidable collection. On aime
Ils s’appellent Reem, Antonio, Leila, Thiên An, Adama, Lyuba, Anouche ou Jacek. Ils viennent du quatre coin du monde et tous ont du fuir leurs pays pour des raisons souvent de vie ou de mort. Adultes ou enfants, ils sont venus ici parce que la France dans le monde représente pour eux, une terre d’accueil dans laquelle ils seraient à l’abri et leurs enfants pourraient grandir en paix. Tous ont fait des choix, des compromis pour s’intégrer, s’adapter à ce monde occidental. Tous sont des français d’ailleurs comme on dit parfois. Ce sont leurs histoires qui sont repliés dans ce recueil depuis quelques semaines que nous vous invitons à retrouver sous la plume fluide et belle de Valentine Goby. Des histoires de vie, de lutte, de rêves brisés parfois aussi. Merveilleuse collection regroupée aujourd’hui en un seul volume. A offrir et faire découvrir pour voir les autres, ceux d’ailleurs avec un autre regard, humaniste et vrai.
Jean-Luc
Tous français d’ailleurs : douze histoires, cent ans d’immigration
Valentine Goby
Illustrations : Ronan Badel
Editions Casterman jeunesse, collection casterman POCHE, dès 9 ans, 17 janvier 2024, 8,95 €
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C’est quoi la différence entre genre et sexe ? 70 questions d’ados sur l’identité
Un super doc, avec des questions posées par des ados, auxquels on répond avec justesse et rigueur. Bravo.
Ce documentaire est particulièrement bien construit. Il dresse un état des lieux des questions que se posent aujourd’hui un certain nombre de jeunes ou moins jeunes et qui permettent de donner ou d’amorcer des réponses. Divisé en trois grand parties il va répondre à une multitude de sous questions posées par des adolescents et pour chaque partie fournir un lexique et une bibliographie.
Des exemples de questions au fil de l’ouvrage : pourquoi la maquillage serait seulement utilisé par les filles ; est-ce que je peux être un homme à 100% sans être viril ? ; pourquoi c’est pas interdit que les femmes soient moins payées que les hommes ? ; est-ce qu’un jour tous les métiers seront autant masculins que féminins ? ; pourquoi chez des amis des mes parents, la cuisine, le ménage, les enfants sont à la charge des femmes ? ; pourquoi au collège certains garçons parlent mal aux filles ? … mais aussi : est-ce qu’on nait forcément fille ou garçon ? ; filles et garçons ont-ils le même cerveau ? ; est-ce qu’on sait depuis tout petit qu’on est homo ? ; est-ce qu’on choisit son orientation sexuelle ? ; pourquoi l’homosexualité et la transidentité déclenchent-t-elles de la violence chez certains ? Est-ce que si on a été élevé par des parents homosexuels, on a plus de chance de l’être ? ; pourquoi certains parents ne prennent pas au sérieux les jeunes qui se disent bi ? ; je ne suis jamais encore sorti avec quelqu’un : suis-je anormal ? (Antonin 15 ans) ; je n’ai pas compris les débats autour du pronom « iel » … on pourrait en fait toutes les citer ces questions qui sont toutes pertinentes, parfois dérangeantes pour certains adultes (voir éducation…) … des questions qui montrent parfois le décalage entre une sociétés ses habitudes, ses stéréotypes qui peinent à évoluer aussi vite que la vie des individus et leurs modes de vie. Toujours les réponses sont construites, elles partent de faits scientifiques, de réflexions cohérentes prenant en compte différents avis et restent ouvertes mais fermes sur les évidences bien évidemment. UN documentaire vivant, à la mise en page construite et cohérente, avec des illustrations qui donnent la pêche et permettent parfois aussi d’apporter fantaisie et sourire face aux thèmes graves et aux vraies questions qui sont posés.
Un travail étonnant et impressionnant qui permettra aux adolescents mais aussi parfois à leurs parents perdus face à leurs enfants et à certains de leurs questionnements ou de celui des leurs amis.
A découvrir et faire circuler, parce que parfois le simple fait de pouvoir en parler ou ici lire des réponses qu’on n’ose pas ou qu’on ne peut pas poser . Excellent et impressionnant travail de réflexion mis à la portée des ados notamment.
Jean-Luc
C’est quoi la différence entre genre et sexe ?
70 questions d’ados sur l’identité
Odile Amblard et Serge Hefez
Illustrations : Lucymararoni
Editions Bayard jeunesse, 13 septembre 2023, 13,90 €
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La visite au Struthof, camp méconnu
Très gros coup de coeur. « Ceux qui admireront la beauté naturelle de ce sommet ne pourront croire que cette montage est maudite parce qu’elle a abrité l’enfer des hommes libres ». Léon Boutbien, matricule 4463, résistant-déporté français NN.
La BD s’ouvre sur l’image d’une petite fille qui se remémore ses souvenir d’il y a longtemps… avant la guerre. Puis on se retrouve dans les rues de Strasbourg avec un groupe de collégiens de troisième et leur professeur qui découvrent la Main Noire une organisation de résistance de jeunes alsaciens. En rentrant Simon, l’un des collégiens appelle sa mamie pour lui demander si elle ne veut pas les accompagner pour visiter le camp du Struthof. Surprise, celle-ci accepte mais avant elle va donner à son petit fils l’occasion de découvrir l’histoire de leur famille avec les cahiers et souvenirs de son arrière-grand-mère Mathilde.
C’est ainsi que s’enclenche la mémoire. Au fil des pages les tons bleus qui font parler nos contemporains, succèdent aux pages noire et marron qui elles nous transportent dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, et notamment celle de l’Alsace, qui retourne dans le giron allemand après la catastrophe de 1940. C’est là que vont se jouer comme partout ailleurs, des luttes internes terribles et le souffle de la Seconde Guerre mondiale. Ce camps souvent moins connu tant les camps de mise à mort et de concentration de l’est de l’Europe dominent dans la mémoire collective, nous rappelle aujourd’hui par son existence et le Musée, le CERD inauguré en 2005 par Jacques Chirac sur les lieux, que les atrocités de la guerre n’ont pas de localisation toujours obligatoirement précises, qu’elles ont été perpétrées partout et même si près de nous.
La BD en croisant, la visite, la découverte par la jeune génération des évènements, en leur permettant de s’approprier les noms, les évènements , les personnages qui deviennent à nous nouveau des êtes de chair et de sang, et les évènements, les plongées dans le passé, est à elle seule un formidable témoignage des bouleversements, de l’idéologie nauséabonde et mortifère et des évènements de la Seconde Guerre mondiale. Visite émouvante et difficile pour Simon, ses camarades et sa grand-mère. Impressionnante avec des illustrations qui d’un coup nous propulsent dans la cours des lieux avec les prisonniers au prise du sadisme et de la violence des gardiens et de leurs chiens (superbes illustrations de la page 53).
Cette BD est à la fois un témoignage, un récit historique, un rappel des faits des lieux. Elle est aussi à elle seule le symbole de la mémoire qui se transmet de génération en génération, qui saute parfois une partie des descendants avant de ressurgir plus forte chez les plus jeunes qui par leur intérêt et leurs questions.
La couverture m’avait surpris et puis j’ai tourné la première page et j’ai été happé par les illustrations, les couleurs, le récit, les allez et retour dans le temps, les témoignages, la montée progressive dans l’horreur et sa description. On ne sort pas indemne de cette lecture et le fait que ce soit des collégiens concernés par leur histoire familiale pour certains, qui partent à la découverte et nous entraînent avec eux, renforce encore ce sentiment de puissance, des faits, des évènements si longtemps après. La fin avec son dossier spécial qui donne définitions et biographies des héros de l’ouvrage est très réussie, elle aussi.Un travail magnifique à offrir, qui doit absolument figurer dans toutes les bibliothèques, médiathèques et CDI des collèges et même des lycées de France. Bravo !
Jean-Luc
La visite au Struthof, camp méconnu
Yaël Hassan
Illustrations : Marc Lizano
Editions Nathan Bande dessinée, en coéditions avec l’Office National des combattants et des victimes de guerre, 2 mai 2024, dès 8 ans, 15,95 €
18 juin 2024
Verts
Eblouissante de beauté et d'intensité : une merveille ...
La terre vue du ciel, les satellites, les villes immenses, les tours, les autoroutes peuplées de voitures, les avions et puis un main qui surgit de la page suivante avec un insecte dans la main, la nature, un arbre, des racines qui débordent largement le spectre normal de diffusion et qui se mettent à courir partout sous les routes … des planches sans paroles … et puis les quatre saisons vont commencer à défiler.
D’abord l’automne : Un père avec son fils dans l’attente de nouvelles de l’hôpital où se trouve leur mère et épouse dans le comas ; des voisins étranges qui paniquent parce que le père de Clarence a vu leur bébé qui a une drôle de feuille qui pousse sur son nez comme pour d’autres bébés visiblement. La presse s’empare du phénomène, les rumeurs courent, la population s’inquiète, la peur et les réactions de rejets se multiplient.
Puis, vient l’hiver : et là encore certaines plantes n’arrêtent pas de pousser provoquant l’agacement, l’étonnement de beaucoup alors que d’autres trouvent qu’ils les protègent. Pourtant, les végétaux semblent tout envahir provoquant manifestations et groupes sur les réseaux pour en parler et organiser ce qu’ils appellent la résistance. Partout l’angoisse monte, les humains adultes se mettent à muter aussi avec des excroissances végétales. Et partout la vie change et les transformations sont absolument magnifiques, on en oublierait presque d’être inquiet avant l’arrivée du printemps …
Beaucoup d’humains ont muté, d’autres devient extrêmement violents et veulent tout détruire. Le père de Clarence n’y arrive plus, sa douleur de perdre sa femme dans le comas, peu à peu le rend fou, le font prendre des décisions absurdes, extrêmes… et partout dans ces pages en noir et blanc les plantes, les fleurs, les branches poussent, rendent les humains qui mutent, tellement beaux, tellement différents, tellement heureux.
Enfin l’été et au détour d’une page, la couleur envahit les pages, de nouveaux la fin des dialogues et dans cette foret luxuriante et pleine de vie, presque dérangeante à l’épreuve de la couleur, Clarence et la jeune fille du début volent d’arbres en arbres, beaux, ne faisant qu’un avec la nature …
Cet album est totalement bouleversant, par l’histoire qu’il nous conte, par la beauté éblouissante de chacune des pages, par les transformations, les compromissions, la nécessité de passer au-delà des peurs. La couverture surement avait attiré votre attention, sublime, l’intérieur est à l’unisson et monte en puissante et on en sort le coeur battant avec ce sentiment que nous ne sommes pas prêts d’oublier les images imprimés sur notre rétine et les émotions qui en sont nées. Une fable étonnante sur ce que nous sommes, ce que nous pourrions être et le rappel de nos liens essentiels avec la nature. Absolument indispensable et splendide.
Jean-Luc
Verts
Scénario : Patrick Lacan et Marion Besançon d’après un récit de Patrick Lacan
Dessin et couleur : Marion Besançon
Editions Rue de Sèvres, 15 mai 2024, 28 €
Retour à Lemberg
Brillante cette bande dessinée fleuve doit retenir toute votre attention et nous rappeler peut-être encore plus aujourd'hui les faits et la mémoire de l'Histoire. Magnifique travail de transformation en BD et d'édition : Bravo !
Du livre événement de Philippe Sands est né cette bande dessinée fleuve qui nous entraine dans l’Histoire et celle de la famille de l’avocat international.
Une invitation en 2010 pour donner une conférence sur les travaux concernant le génocide et les crimes contre l’humanité à Lviv et un retour aux sources sur les origines familiales de l’avocat qui vont entrer en lumière et ne plus le quitter pour une enquête pharaonique, dans les archives, la rencontre des derniers témoins, les mémoires assoupies et l’Histoire de cette catastrophe que furent la Shoah par balle et dans les camps de la mort.
L’album est divisé en grandes parties qui n’en finissent pas de se faire échos. La conférence à Lviv d’abord, puis une plongée dans le passé familial et de l’histoire mondiale : Léon son grand-père qui n’a jamais rien dit, n’as jamais voulu parler de quoi que ce soit et c’est l’occasion (en évoquant ses origines) de repartir du début du XXème siècle et de rappeler que la région de Lemberg devenue Lviv a été occupée, prise et reprise par de multiples acteurs (les adultes et les plus âgés des lecteurs pourront trouver profit de la lecture de l’excellent titre de l’historien Omer Bartov Anatomie d’un génocide). Ainsi avec l’auteur on remonte le temps et on découvre peu à peu des facettes de la vie de ses grands-parents et de sa famille disparue dans l’horreur.
On retrouve aussi les vies et les destins d’hommes et de femmes de la région comme Hersch Lauterpacht ou Raphaël Lemkin, formés au droits dans la même universités et qui sont à l’origine de la construction du droit international d’après-guerre au moment de Nuremberg notamment et pour Lemkin de la notion de génocide. Des hommes et des femmes qui renaissent au fur et à mesure des recherches de Philippe Sands, des gens biens, emportés par la tourmente de l’Histoire, les destins, les amours brisés, des familles évanouies dans les cendres de camps ou la boue des fosses à l’est de l’Europe. Patiemment l’auteur rencontre des descendants, des témoins des procès, le fils d’un des condamnés de Nuremberg qui a renié son père. Une large part est également faite au procès de Nuremberg, à ses enjeux et à Hans Franck ancien gouverneur général de Pologne. Pour chacun d’eux on remonte aux origines (quand l’auteur le peut) et on découvre la complexité des situations à l’est, l’étau qui s’est refermé sur les communautés juives et très vite l’impossibilité de fuir. Cette reconstruction minutieuse et passionnée fait rencontrer la vie de la famille de l’auteur avec la Seconde Guerre mondiale dont ils ont été les acteurs, souvent victimes. C’est un véritable puzzle passionnant, ardu que nous proposent les auteurs de la BD et nous permet aussi de comprendre un peu mieux les enjeux de la construction du droit international.
Passionnant, bluffant par les illustrations en noir et blanc et leur minutie des décors, des costumes et des évènements de l’époque, ce très long récit est totalement réussi et nous donne à réfléchir et à comprendre notre monde contemporain, on oserait l’espérer d’éviter de commettre à nouveaux les mêmes erreurs. On retrouve avec une grande émotion la magnifique photographie de Léon et Rita le jour de leur mariage, essentiel pour bien comprendre qu’ils ont été des gens comme les autres, jusqu’au moment où d’autres en ont décidé autrement. Les photographies de la fin du dossier sont un vrai plus, une trace de plus dans cette mémoire qui ne doit jamais s’éteindre. Une bande dessinée essentielle et brillante à mettre entre toutes les mains en âge de comprendre.
Jean-Luc
Retour à Lemberg
D’après le livre de : Philippe Sands
Adaptation et scénario : jean-Christophe Camus
Dessin : Christophe Picaud
Editions Delcourt, 24 avril 2024, 34,95 €
Livres de Philippe Sands : Editions Albin Michel, Août 2017, 23 € ; le livre de poche, 18 septembre 2019, 10,40 €
Le chant des Asturies, tomes 1, 2, 3, 4
Un récit fleuve terminé en quatre tomes sur l'une des révolutions sociale des années 1930. MAGISTRAL
Tristan Valdivia est journaliste en 1933 à Madrid. Ayant tout raté ou presque, il décide de retourner dans le nord de l’Espagne là où l’attend son père le marquis de Montecorvo, propriétaire terrien et industriel. Son fils va peu à peu reprendre pied dans ce lieu, nouer des liens avec les ouvriers tomber amoureux…
Mais la révolte groupe, la Révolution sociale n’est pas loin et peu à peu cela va être l’escalade. De tomes en tomes l’escalade se fait, les incompréhensions se muent en hostilité et en haine farouche. Les hommes prennent les armes, les casernes sautent, les troupes doivent intervenir.
Le tome III devient noir par les illustrations dont les cadres sont drapés de noirs comme si l’obscurité, la violence, le deuil et la violence avaient pris le dessus sur le récit y compris. Les morts tombent à chaque page, la mort est masquée par des grisés foncés qui obscurcissent les visages et les corps touchés. Le tome IV lui apporte vous le verrez le temps des règlements de compte, les vautours tournent autour des affaires qui elles doivent reprendre et les réfugiés dans les montagnes vont connaître divers sorts et situation jusqu’au dénouement final pour Tristan l’un des héros fil rouge de l’histoire.
Alfonso Zapico dresse avec passion et brio, le récit de cette révolte des ouvriers des Asturies qui préfigurent les luttes sanglantes et dramatiques de la guerre civile espagnole qui amènera les fascistes de Franco au pouvoir. C’est brillant prenant et ces quatre tomes dont le récit est désormais achevé permettent un suivi en profondeur des villageois, des ouvriers, des luttes intestines, des évolutions des personnages, de leur vie et de leur lutte. Absolument passionnant, tout en noire et blanc ce qui renforce la puissance du récit et lui donne aussi de la profondeur avec un travail sur les blancs, noirs et tonalités de gris qui illuminent les pages et plongent le lecteur au plus près du récit. Absolument fantastique. A lire et faire découvrir surtout par les temps difficiles que vivent nos démocraties.
Jean-Luc
Le chant des Asturies, tomes 1, 2, 3, 4
Récit et dessin d’Alfonso Zapico
Traduit de l’espagnol : Charlotte Le Guen
Editions Futuropolis, 5 avril 2023 (tome1) 25 € ; 21 juin 2023 (tome 2) 27 € ; 7 février 2024 (tome 3), 26 € ; 1 mai 2024 (tome 4), 26 €
Geist Maschine, volume 1
Totalement surprenant, totalement addictif et prenant !
Un monde, notre monde ? Après le Multidark. Depuis il ne reste que quelques petits groupes d’humains isolés, en lutte pour leur survie, qu’ils soient normaux ou contaminés par le mystérieux Malmundo.
Une famille, un père, une mère et deux enfants Sol et Les. Ensemble ils cheminent et cherchent de la nourriture. Mais leur dernière tentative va mal tourner et les deux parents ne pourront pas échapper à une meute de loups déchaînés. Désormais seuls au monde, il suivent Aiden plus vieux qu’eux et tentent de se trouver une place et de se protéger dans ce monde où tant de pièges, de communautés repliées sur elle-même tentent de survivre, sans pitié pour les autres. Impossible à raconter juste vous dire que l’univers graphique, sombre, mouvant donne le sentiment de progresser en apnée d’où ressortent parfois les visages lumineux et les regards des enfants. Une course poursuite vers l’irréel et ce qui n’existe peut être plus haletante et totalement prenante. A découvrir.
Jean-Luc
Geist Maschine, volume 1
LRNZ
Traduit de l’italien : Marc Lesage
Scénario, dessin et couleurs : LRNZ
Modélisation 3D, rigging, shading : Lino Grandi
Aide aux aplats : Valentina Napolitano et Antonia Nappo
Néologiste : Marco Caizzi
Editions Rue de Sèvres, 20 septembre 2023, 22 €
Par la force des arbres
« Je me sentais fatigué du monde d’en bas et de moi même, je suis donc monté là-haut. » la nature comme refuge toujours ...
Longtemps que nous voulions vous parler de cette magnifique BD : un homme avec une famille, épuisé par les contraintes et la vie et ses soubresauts, un éleveur qui doit se séparer de son troupeau et la dépression, l’envie d’ailleurs si longtemps continue quand on y réfléchit bien.
Il nous entraîne alors dans une aventure étrange, celle de se construire une cabane, au coeur de la forêt, de vivre avec le quotidien ou presque, de suivre le rythme de la nature, de nous le faire découvrir, animaux à poils à plumes, insectes et toute une faune étonnante qui vit, se renforce, profite les uns des autres. Au fil des pages on se sent comme aspiré et c’est comme si, à l’instar du héros dont la vie défile le long des pages pour mieux nous le faire comprendre, nous profitions à notre tour de cette nature et de ces arbres de chêne magnifique qui nous donnent force et sérénité. Soutenu par les siens il reviendra peu à peu à la vie moderne, mais cela l’album ne nous dit rien ou presque pour savourer encore ce moment suspendu, qui lui a permis de se retrouver homme et vivant. Magnifique tant par l’histoire que les illustrations géniales.
Jean-Luc
Par la force des arbres
Scénario : Edouard Cortès et Dominique Mermoux, d’après le récit d’Édouard Cortès
Dessin et couleurs : Dominique Mermoux
Editions Rue de Sèvres, 15 mars 2023, 20 €
Les vrais sages disent NON ! 45 philosophes nous invitent à lutter contre les préjugés, les dogmes et les idées reçues
Pour utiliser son cerveau, réfléchir, se poser les bonnes questions et surtout savoir dire NON !
D'actualité en plus ...
L’autrice de cette formidable BD nos embarque aux quatre coins de la planète et dans le temps pour rappeler que dire non est fondamental. Cela commence dans l’Antiquité avec Diotime et Hipparchie les femmes philosophes de l’Antiquité avant de partir en Asie aux origines de la non-violence. Les Romains bien évidemment et ce diable de Nicolas Machiavel . Au fil des pages on en apprend plus sur les différents courants on parle démocratie avec Alexis de Tocqueville au XIXIème siècle mais aussi on rencontre les anarchistes. Mais plus surprenant peut être pour beaucoup on parle nature avec Rlph Waldo Emerson ou Hanry David Thoreau… On pourrait tous les citer tant c’est passionnant, surprenant et riche, en bref la philosophie ce n’est pas du blabla mais c’est la vie tout simplement qu’on parle science, nature, genre, solidarité. Toujours en recherche de la compréhension du monde, de la vie, on apprend beaucoup dans cette BD illuminée par les illustrations malicieuses et très modernes de Perceval Barrier. Chiara Pastorini, elle nous emporte dans le flot du temps et de la réflexion pour réfléchir et toujours se poser des questions. On aime.
Jean-Luc
Les vrais sages disent NON !
45 philosophes nous invitent à lutter contre les préjugés, les dogmes et les idées reçues
Chiara Pastorini
Illustrations : Perceval Barrier
Editions Nathan bande dessinée, 21 septembre 2023, 18,90 €
17 juin 2024
Les grands esprits se rencontrent : une histoire des sciences de l’Antiquité à nos jours
Une bande dessinée pour parler sciences et surtout partir à la découverte de leur évolution au travers de femmes et d'hommes exceptionnels. Bravo c'est fantastique !
Une BD qui parle science à porté des plus jeunes à partir de 8 ans cela ne court pas les rues. C’est le pari réussi de Muriel Guedj et de Clokta qui vont vous entraîner au fil des siècles à la rencontre de grands et grandes scientifiques avec l’aide de deux jeunes reporters et de leurs caméraman qui passent d’âge en âge (oui oui ils provoquent parfois un ou deux regards et remarques sur leurs tenus et leurs propos étranges, mais il faut bien trouver un moyen de rentrer dans le temps de manière vivante et intelligente).
Ainsi vous pourrez partir du monde grec et du miracle grec comme ont dit parfois, mais comme le fera remarquer Thalès de Milet aux jeunes enquêteurs, la science n’a rien avoir avec les miracles, la magie et les croyances. Et c’est parti pour une plongée dans les sciences dynamique et joyeuse. La philosophie de la nature comme les Grecs appelaient la science nous permet de passer de Thalès de Milet un brin farfelu à Aristote, Ptolémée où on parle déjà d’une terre ronde et de géocentrisme, de croiser au tournant d’une page à l’école d’Athènes une invitée spéciale et dérangeante pour ces Messieurs : Hypathie d’Alexandrie. L’école d’Athènes est déjà l’occasion de rappeler le lien fondamental entre les époques, fait avec le rappel du tableau l’école d’Athènes De Raphaël qui en 1508 rappelle en pleine Renaissance l’importance des sources antiques et de leurs découvertes.
Un petit tour par le rêve d’amasser toutes les connaissances dans un lieu et la bibliothèque d’Alexandrie.
La partie sur le Moyen Age est particulièrement intéressante, elle nous entraîne vers la Maison de la Sagesse à Bagdad sous le règne des Abbassides avec la rencontre des frères Banû Mûsa. Puis au Caire, Alhazen scientifique irakien, auteur d’un ouvrage en 7 volumes, Le Traité d’Optique. On fait un tour ensuite par l’Espagne d’Al Andalus avec Gérard de Crémone au XIIème siècle avec Tolède véritable plaque tournante de la traduction des ouvrages antiques et arabes vers le latin en direction de la renaissance des sciences en Occident. On aime les pages sur les grands inventeurs arabes hommes et femmes et on apprend beaucoup.
Avec la période suivante intitulée la Révolution scientifique, on va reparler géocentisme pour le contester avec Galilée et des pages passionnantes sur ses théories, les menaces de l’Eglise et son renoncement contraint et forcé. Puis bien évidemment Emilie du Châtelet et ses difficultés à s’imposer en tant que femme tout comme Marie-Anne Lavoisier ou dans la partie suivante les femmes chirurgiennes qui doivent supporter de certains de leurs collègues masculins, des grossièretés et âneries indignes de scientifiques.
On adore aussi les pages sur Darwin bien évidemment, notre chouchou ; sur Pasteur (notre local de l’étape) : Marie Curie bien évidemment avant le congrès de Solvay qui marque l’apogée du partage des connaissances entres scientifiques de tous pays avant la rupture de la Seconde Guerre mondiale ; répondre à la question les machines peuvent-elles penser avec Ada Lovelace…
En un mot : c’est absolument passionnant. L’autrice a forcément du faire des choix déchirants pour ne pas citer tous les scientifiques et toutes les femmes si souvent oubliées de nos livres et manuels d’histoire voir de notre mémoire collective.
C’est un pari plus que réussi. Le travail d’illustration, avec des personnages bien campés, un trait fin qui offre détails et précisions et le rythme donné par les deux enfants (une fille et un garçon) qui partent à la découverte des sciences, réfléchissent parlent avec les hommes et femmes rencontrées donnent à l’ensemble un rythme, une vie particulière et le sentiment de remonter le temps à toute vitesse certes, mais aussi d’en savoir et découvrir bien davantage. Un ouvrage de haute tenue qui permet à la fois une promenade dans le monde des sciences et une découverte de certaines théories et une envie certainement en grandissant d’aller plus loin à la découverte de ces femmes et de ces hommes et de leurs découvertes qui font notre quotidien aujourd’hui. Excellent !
Jean-Luc
Les grands esprits se rencontrent : une histoire des sciences de l’Antiquité à nos jours
Muriel Guedj
Illustrations : Clokta
Editions Nathan bande dessinée, 12 octobre 2023, 18,90 €
Au coeur des terres ensorcelées
Une histoire et des illustrations totalement bluffantes : gros coup de coeur
Cette bande-dessinée est somptueuse. Quand s’ouvre l’histoire deux frères et une belle jeune femme rentrent d’un mission pour retrouver leur père le roi qui les avait envoyé chercher un oiseau-chapardeur. Pourtant lorsqu’on prévient le roi il s’inquiète que seulement deux de ses fils ne soient de retour, mais personne n’a de nouvelles du plus jeune, Ethan. Pas réponses mais un retour dans le temps, un mois plus tôt quand tout a commencé. Et là tout va remballer. On aime l’histoire qui mêle magie ancestrale et défis scientifiques et industriels. Entre deux mondes les frères mais surtout le jeune Ethan va rencontrer un vieil homme possédant une magie puissante et impressionnante, devoir affronter un fauconnier, un empereur noir, retrouver la fille de la princesse de l’eau et ses mystères et vivre mille aventures extraordinaires. Au fil des rencontres les caractères se forgent et on en apprend un peu plus à chaque page sur leur histoire et leur vraie nature.
L’histoire est belle et nous entraine dans un univers étonnant et mouvant. Les illustrations et les couleurs sont justes bluffantes. Les formes des corps sont fluides, les transformations des corps sont tellement naturelles qu’on s’y perd et qu’on s’y prend au jeu. On glisse dans l’histoire toujours plus loin en ouvrant de grands yeux vers une fin étonnante et belle.
Maria Surducan est roumaine, elle est l’une des cheffes de file de la nouvelle générations d’artistes roumains et s’est emparée des contes roumains répertoriés par Peter Ispirescu. Tous les deux sont présentés dans un dossier passionnant à la fin de l’ouvrage.
Une bande-dessinée superbe qu’il faut découvrir de toute urgence.
Jean-Luc
Au coeur des terres ensorcelées
Scénario dessin et couleur : Maria Surducan
Inspiré des contes répertoriés par Peter Ispirescu
Editions Les Aventuriers d’Ailleurs, 2 mai 2024, 16,90 €
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10 juin 2024
On n'a rien vu venir - Roman à 7 voix
A lire ! D'une actualité étonnante pour ce roman paru en 2012
Et vous ? Quel citoyen êtes vous ? Quel citoyen allez vous devenir ?
Un roman étonnant, plus que réussi à découvrir et faire découvrir sans tarder !
Un court roman, sur la politique, l’importance du vote, de l’engagement et de la compréhension des programmes et de leur implication sur la vie quotidienne, le futur. Un roman dans l’air du temps, certes, préfacé par un homme droit qui lui aussi fait l’actualité. Un roman que j’ai bien failli ne jamais lire. J’avoue, quand j’ai vu sur la couverture roman à sept voix, je me suis dit aïe ! Pas facile les écritures multiples, soit on n’y comprend rien, soit d’un chapitre à l’autre on sent la différence et on ne peut s’empêcher de préférer le précédent, et au final cela donne souvent un truc illisible.
Rien de tout cela ici : de la préface par Stéphane Hessel, au roman qui se lit d’une traite, aux illustrations, tout est bien en place, efficace, très agréable à lire.
On passe en effet un excellent roman à la lecture de cette tranche de vie d’une société qui aurait pu déjà exister, qui pourrait être une société du futur, qui pourrait aujourd’hui être la notre.
Les élections, une société qui se crispe, retient sa respiration et déjà ceux qui partent sans attendre les résultats. Et puis les autres, tous les autres, vous, moi, les nôtres qui se retrouvent pris dans un engrenage qui peu à peu tourne au cauchemar.
Les chapitres rapides qui mettent en scène différents héros, différentes familles du quartier résonnent comme autant de vécu, de connaissances que nous pouvons avoir et on se dit que cela pourrait arriver à tel ou tel ou tout simplement on se sent concerné.
Ce roman qui ne se raconte pas est passionnant et à faire lire à tous des plus jeunes aux adultes pour comprendre et se remémorer qu’une élection est importante, que l’engagement l’est tout autant et que la démocratie est notre bien le plus précieux, mais que ce n’est pas parce que nous sommes tombés dedans quand nous étions petits qu’elle ne pourrait pas disparaître insidieusement au détour d’une loi, d’un vote. Aux urnes citoyens.
Jean-Luc
On n'a rien vu venir - Roman à 7 voix ; Anne-Gaëlle Balpe , Sandrine Beau , Clémentine Beauvais , Annelise Heurtier, Agnès Laroche, Fanny Robin, Séverine Vidal. ; Préface de Stéphane Hessel ; Editions Alice, collection Deuzio, 23 février 2012, 12 €
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